En l’espace d’une journée, le Verdragon, maison de l’écologie à Bagnolet, a pris les couleurs de l’univers One Piece. Le samedi 18 mars, a été organisé le festival “Et nous serons libres !” autour du célèbre manga d’Eiichiro Oda. Fan ou non de ce manga, l’événement a rassemblé beaucoup d’enfants et adolescents, accompagnés de leurs parents.

La décoration nous plonge directement dans l’imaginaire pirate du célèbre manga. Dès l’entrée, les familles sont accueillies par un pirate. Sur les murs, les célèbres avis de recherches de l’équipage de Luffy, personnage principal de One piece, trônent sur les murs. Une grande fresque est même affichée à l’effigie des trois amis d’enfance du manga: Ace, Luffy et Sabo. Un peu plus loin, la librairie de Bagnolet, De beaux lendemains, propose une sélection autour de l’univers de One Piece et des pirates. Un stand de maquillage et de mangaka est installé. Enfants et adolescents ont même pu s’essayer à l’exercice de l’interview pendant un atelier d’éducation aux médias.

Côté restauration, les mets du personnage de Sanji (connu pour être le cuisinier de l’équipe) n’ont pas été servis, mais plutôt des plats typiques du Japon cuisinés par les bénévoles du Verdragon. « On a préparé des menus qui se mangent sur le pouce. On leur a fait des Onigiri sauce soja, des Okuno Miyaki (une sorte de crêpes), du bouillon avec des choux et du  riz blanc », explique Rachida Zarou, bénévole au Verdragon et membre du Front de mères.

One Piece, plus qu’un simple manga

Durant le festival, des conférences autour de différentes thématiques de One Piece ont été organisées. Le célèbre manga ne parle pas seulement de pirates, mais explore des questions d’actualités importantes comme la politique, la ségrégation sociale ou encore l’écologie. One Piece est plus qu’un manga et permet d’aborder ces thématiques avec les plus jeunes. «  Prendre quelque chose de la pop culture, afin de l’utiliser pour une cause importante, c’est une très bonne initiative », souligne Ayoub Layoussifi. « Ça permet de toucher les plus jeunes et ils pourront y intéresser leurs parents », ajoute le père de famille et acteur, venu avec ses deux enfants au festival.

« Le fait que ce soit un projet à l’initiative de personnes de Bagnolet, c’est vraiment top ! C’est intéressant de rallier l’écologie et le manga », s’enthousiasme Pauline qui vient pour la première fois au Verdragon.

Lors de la conférence, autour de la question de la liberté dans One Piece, animé par Seumboy d’Histoire Crépus avec Youcef Brakni, Fatima Ouassak, Horya Makhlouf, Rayane Mcirdi, et Yasmeen (@bicologiste), la question de la ségrégation sociale dans le monde de One Piece a été mentionnée. Les trois personnages Ace, Luffy et Sabo vivent dans une décharge en périphérie du royaume de Goa, où se trouve une grande et belle citadelle dans laquelle vivent les nobles. Un grand mur sépare ces deux endroits. Cet exemple renvoie à la rupture entre les quartiers populaires et pavillonnaires.

« Pour moi, cette image illustre bien la séparation entre quartiers populaires et zones pavillonnaires. La décharge est une terre que l’on va maltraiter, mettre au travail pour supporter les déchets de la terre à côté, qui elle est respectée et protégée, car la population, qui y vit, a besoin d’un espace beau et agréable. Cela montre aussi le lien qui existe entre les deux. Le quartier populaire travaille pour le quartier pavillonnaire : on rend les services, on livre, on vient nettoyer », analyse Fatima Ouassak, cofondatrice du collectif Front de mères et de Verdragon.

Un festival sous le signe de la liberté

Si ce festival se déroule autour de One Piece, ce choix n’est pas anodin. En effet, dans le manga, l’histoire suit les aventures d’un équipage de pirates. Ces personnages représentent le symbole de la liberté: ils parcourent les mers sur leur navire, le Thousand Sunny et vont d’une île à l’autre.

Pour Fatima Ouassak, la question de la liberté n’est pas assez mise en valeur quand on parle de l’écologie des quartiers populaires. « Quand on parle d’écologie dans les quartiers populaires, on parle de la pollution des espaces verts, de l’alimentation, autant de questions importantes sur lesquelles nous, au Verdragon, travaillons. Mais la question de la liberté, qui est fondamentale, n’est jamais abordée. On ne survit pas si l’on n’est pas libre », estime Fatima Ouassak.

Une soif de liberté qui s’est exprimée sous différentes formes durant le festival. À commencer par une exposition  dans le “Studio One Piece” où des œuvres d’artistes ont été présentées. L’exposition a été assemblée par Saïda Essafiry et  Horya Makhlouf. « Avec cette exposition, on montre l’émancipation de l’art des quartiers populaires. L’art, c’est le nôtre et on se donne carte blanche », explique Saïda Essafiry, bénévole au Verdragon et artiste.

Aujourd’hui, Bagnolet était une ville d’enfants

Pendant toute la journée, une chasse au trésor a été organisée à Bagnolet par les centres sociaux de la ville et le Verdragon. Quatre équipages se sont affrontés pour remporter le coffre au trésor. Les enfants ont dû trouver les ponéglyphes, ces stèles cubiques présentes dans le manga One Piece. Comme des pirates, les enfants ont parcouru la ville de Bagnolet en passant de structure en structure: le Théâtre l’Échangeur, les centres sociaux, la libraire, la cinémathèque et le conservatoire de musique. À chaque passage des enfants, les routes étaient fermées temporairement grâce à l’aide des services de la voirie et des forces de l’ordre. « Cette chasse au trésor représente cette liberté de circuler. Ici les enfants sont chez eux. Ils sont libres de circuler d’un quartier à l’autre. Aujourd’hui, Bagnolet était une ville d’enfant » s’enthousiasme Fatima Ouassak.

Sans surprise, la chasse au trésor a fait fureur auprès des enfants !  « Les enfants ont joué le jeu, ils étaient très énergiques », témoigne Fernando, grand fan de One Piece, venu animer la chasse au trésor. « C’était particulier de faire cette chasse au trésor, je ne suis pas familière avec l’univers One Piece », assure Zhara, une jeune fille originaire de Bagnolet.

Résultat, c’est l’équipage de Pablo (centre social du quartier Pablo Neruda) qui remporte la chasse au trésor. Un énorme coffre au trésor, dans lequel se trouvait des friandises, les attendait. « On est un peu déçu d’avoir perdu. On a tout donné, mais on s’est bien amusé ! », reconnaît Meyssen accompagnée de son amie Soukeïna . Tous les enfants ont pu repartir avec des souvenirs de cette journée, des t-shirts à l’effigie de One Piece leur ont été offerts.

La journée s’est clôturée sur une note festive ! Le Verdragon a invité le conservatoire de musique de Bagnolet à jouer les musiques les plus connues de One Piece, dont le générique de l’anime et la chanson de Brook (personnage de One Piece), Binks no sake.

Émeline Odi

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