Enoch EFFAH, quintuple champion de France, double champion d’Europe, et champion du monde de boxe française catégorie poids lourds. Son nom ne vous dit rien ?, mais avec un tel palmarès et son physique imposant (1 m 93 pour 100 kg), sur le ring, c’est lui le boss. Enoch EFFAH a remporté 41 combats dont 32 par KO.

Où as-tu grandi ?

 

 

 

 

J’ai fait 13 déménagements, je suis passé par Clichy sous Bois, Créteil, plusieurs arrondissements de Paris et d’autres villes encore.

Quel est ton cursus scolaire ?

J’ai eu un BTS d’assistance de gestion PME/PMI, et puis là je viens de terminer mon brevet d’état deuxième degrès qui me permet d’être entraîneur national et d’avoir des grands rôles dans le milieu du sport.

Comment es-tu arrivé à la boxe ?

Au début je m’intéressais plutôt au football. Je devais rentrer dans un centre de formation à Charleroi, mais suite à un drame familial, j’ai tout abandonné, j’étais complètement perdu. J’avais 16/17 ans à l’époque, un âge où l’on est à la recherche de soi-même, où on a envie de relever des défis. J’étais livré à moi-même. Un jour, un ami m’a emmené dans une salle de boxe. J’ai cru que tout allait bien se passer pour moi comme pour d’autres. J’ai eu une année qui m’a bien réveillé et montré que dans la vie il faut se battre. Lors de mon premier combat, je me suis retrouvé face à ce que j’appelais une tête à claque et je me suis ramassé une bonne correction. Je le remercie encore aujourd’hui car il m’a remis les idées en place.

Quand tu as commencé la boxe, tu t’es dis qu’un jour tu serais champion du monde ?

Au début je voyais des matches, je voyais des gros KO, et je me disais, plus tard, je ne veux pas boxer comme lui, j’aimerais boxer encore mieux que lui. Vous deux, vous voulez réussir dans ce métier, et bien vous allez être concurents, ça sera celui qui sera le plus créatif qui sera le meilleur.

Qu’est-ce que ça fait d’être aussi titré ?

En se surpassant, en essayant d’être le plus propre envers soi-même et envers les autres on peut remplir des challenges. La boxe c’était d’abord une passion, mais aujourd’hui c’est en plus un moyen de faire passer des messages à ceux qui sont là, qui se posent des questions et qui ont un potentiel très élevé pour faire de bonnes choses, de les motiver.

Ça te permet de vivre également…

Aujourd’hui je n’en vis pas encore, mais je compte bien en vivre. Il y a des conflits interne, on préfère voir quelqu’un de la famille réussir que quelqu’un qui vient de nulle part, et au niveau des médias, de la fédération, ça met plus de bâtons dans les roues, mais bon, je le prends comme un challenge en plus, et ça ne m’empêche pas de passer mes messages.

Comment vis-tu tes défaites ?

Victoires ou défaites, c’est la même chose, dans la victoire il y a des choses à apprendre, si tu bats quelqu’un, lui justement va travailler ses défauts pour te battre la prochaine fois. Une défaite j’ai presque envie de dire que c’est mieux car c’est une manière de travailler ses défauts. Une victoire, une défaite, ça ne change pas, le but c’est de progresser, de se donner à fond et de dépasser ses limites.

Comment expliques-tu qu’avec ton palmarès tu sois encore dans l’anonymat ?

D’abord je n’étais pas entouré, depuis peu, je travaille avec Afrobiz communication, et les choses commencent à avoir des retombées médiatiques. La boxe n’intéresse pas encore beaucoup de monde, mais ça va venir. On est quand même des guerriers des temps modernes !

Quand tu t’embrouilles dans la rue, ça se passe comment ?

Aujourd’hui, je n’ai aucun intérêt de me battre dans la rue. Avant, oui, j’ai déjà eu des altercations, mais jamais un contre un, j’étais une tête cramée, il y avait beau avoir dix personnes, je m’en foutais, j’y allais, je remercie d’ailleurs dieu d’être encore vivant ! Je me sens plus fort quand j’estime qu’une personne est énervée, j’ai plus de mérite à ne pas en venir aux mains. Je pense que mon but dans ce genre de situation est plutôt de l’apaiser, ça serait vraiment contre mon devoir de ne pas réagir comme ça.

Tu es aussi engagé dans des associations…

Je fais partie de l’association « MANAIKA » qui est née suite à l’incendie boulevard Auriol à Paris faisant 17 victimes dont 14 enfants. J’ai également mon association « collectif 13ème round », pourquoi ce nom, c’est pour dire qu’autour de la boxe on fait autre chose que cogner. Le but de l’association est de favoriser la mixité sociale en exposant une jeunesse investie dans la société française. Au lieu de parler de celui qui brûle une voiture, nous on va parler de celui qui part de sa zone et qui se dit qu’il va s’en sortir par tous les moyens, et là on prépare un grand événement qui sera médiatisé.

Tes projets après la boxe ?

Après ? Non, maintenant ! C’est maintenant que je suis champion, après on s’intéressera plus à moi, enfin si j’espère, car je n’ai pas n’importe quel message à passer. Là au niveau associatif, s’il faut que ça devienne un vrai métier, je souhaite favoriser tout ce qui est éducation par le sport. Actuellement on voit des centres de formation de football fleurir un peu partout, mais c’est plus un bizness qu’autre chose, on s’en fout de l’être humain, alors qu’il y a vraiment moyen de développer un pays ou des secteurs par le sport, à partir du moment où le sport peut servir à s’insérer, à apprendre, et à s’instruire, nous les athlètes on peut avoir un rôle dedans. En tout cas, mes projets tourneront autour de tout ça. J’ai découvert le Ghana, mon pays d’origine il y a 2 ans, j’ai vu que là-bas, c’était énorme. Les gars travaillent toute la journée, et après ils viennent et veulent pratiquer, ils veulent faire de la compétition, ils sont super motivés, ils veulent apprendre alors qu’ils n’ont pas mangé de la journée ! Et avec de bonnes structures, on pourrait faire de supers choses.

As-tu un message à faire passer aux jeunes ?

Il faut aller au bout de ses rêves. Le but, c’est qu’à 30 ou 40 ans, tu te dises que t’as pris tous les risques pour atteindre tes ambitions.

Essi Gnaglom

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