Il est 10 heures et la température est douce pour la saison sur le parvis de l’hôpital de Gonesse. Dans le cadre d’Octobre Rose, le GHT (Groupement Hospitalier de Territoires) Plaine de France a organisé, ce jeudi 20 octobre, une campagne de sensibilisation contre le cancer du sein nommée : « Voyage au cœur du sein ». Une action qui a également eu lieu à l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis.

« Voyage au cœur du sein » est présenté comme une démarche alliant l’art, la médecine et l’innovation. Il s’agit d’une installation représentant deux seins géants. Dans l’un, l’anatomie de l’intérieur d’un sein est illustrée de façon pédagogique. Dans l’autre, un film est projeté. On y suit le parcours de soin d’Alice. Une manière de parler sans tabou de l’épreuve de la maladie.

Thérèse Carlier, salariée à la ligue contre le cancer, au comité du Val d’Oise, à Argenteuil, présente l’opération : « L’objectif consiste à faire la promotion du dépistage du cancer du sein pour les femmes et ce dispositif est bien sûr gratuit ! ». 

Des stands de différentes associations (Maison rose, Ligue contre le cancer, etc.) ont pris place sur le parvis de l’hôpital de Gonesse. Progressivement, des patientes et patients ainsi que des badauds déambulent sur ce lieu.

Détecté tôt, le cancer du sein se soigne dans 9 cas sur 10

Le cancer du sein atteint 58 000 personnes par an et représente la première cause de décès par cancer chez les femmes. Pour le prévenir, le dépistage précoce représente un levier incontournable. Détecté tôt, le cancer du sein se soigne dans 9 cas sur 10.

Pour Thérèse Carlier, la prévention ne se limite pas qu’au seul dépistage : « Le but est aussi de rappeler aux personnes plus jeunes qu’elles doivent faire une palpation, tous les ans chez un médecin ou un gynécologue. Puis, de leur montrer avec le buste pédagogique, l’autopalpation pour qu’elles s’examinent elles-même ».

Ce procédé s’avère très performant pour détecter un cancer du sein. À partir de l’âge de 25 ans, il s’effectue une fois par mois, en positionnant ses mains sur la poitrine pour repérer d’éventuels nodules, en début de cycle (après la fin des règles).

« On nous prend en considération et c’est très bien ! »

Bintou Konté, femme d’une quarantaine d’années et habitante de Goussainville, vient se renseigner après avoir été informée de l’évènement par courrier.

« C’est une belle initiative, c’est important parce que je suis une femme, explique-t-elle. On nous prend en considération et c’est très bien ! »  Si Bintou repart satisfaite d’avoir découvert « des choses que je ne connaissais pas », ce n’est pas vraiment le cas de Florence.

Florence a 64 ans, elle est retraitée et effectue déjà les contrôles recommandés. « Je suis venue pour avoir des informations, être en contact avec un médecin. Là, c’est une vidéo, regrette-t-elle. C’est bien aussi, mais ca aurait été mieux qu’il y ait un médecin pour détailler tout ce qu’on doit faire ».   

Les freins au dépistage dans les quartiers populaires

Malgré ces actions de sensibilisation, le dépistage du cancer du sein reste inégal en France. Toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans sont invitées à réaliser, tous les 2 ans, une mammographie de dépistage dans des centres agréés.

Selon les chiffres de Santé publique France, 2,7 millions de femmes ont effectué une mammographie de dépistage, ce qui correspond à un taux national de participation de 50,6% (contre 42,6% en 2020). Loin des 70 % recommandé par les instances européennes.

Ces campagnes de dépistages connaissent des disparités selon les territoires. Le taux de participation passe ainsi de 21,4 % en Guyane à 53,6 % dans le Centre-Val de Loire ! En Île-de-France, on note une participation bien moindre qu’au national avec seulement 36,7 % de personnes dépistées pour la période 2020-2021.

Il y a une peur. La peur de savoir qu’éventuellement, on a un cancer

Atika Payet, responsable du pôle santé à Gonesse, énumère plusieurs raisons : « La plupart du temps, il y a une peur. La peur de savoir qu’éventuellement, on a un cancer. Il existe aussi une méconnaissance de l’existence du dépistage », explique-t-elle. 

Thérèse Carlier va dans le même sens : « Le mot cancer fait peur. Quand on fait les stands, certaines personnes détournent les yeux, note-t-elle. Car souvent, le cancer est associé à la mort ».

« Parfois les personnes ne savent pas lire et échappent à ces campagnes »

La référente du pôle santé de Gonesse explique que la barrière de la langue peut représenter un autre obstacle à la sensibilisation : « Des lettres sont envoyées à partir de 50 ans, mais parfois les personnes ne savent pas lire et échappent à ces campagnes ».

En effet, pour améliorer le taux de participation, une mammographie gratuite de dépistage est proposée tous les deux ans, aux femmes de 50 ans à 74 ans (catégorie la plus touchée par le cancer du sein). Pour cet examen médical non obligatoire, un rappel leur est adressé par la Sécurité Sociale.

Malgré cet encouragement au dépistage, Thérèse Carlier affirme que la mammographie reste aussi considérée comme un moment désagréable. La palpation est un geste médical pratiquée sur une zone intime et cela peut créer des appréhensions.

Confrontée à cette méfiance, Atika Payet tient à rappeler son objectif :  « On veut éviter que les gens développent un cancer donc on fait la promotion d’une alimentation saine, d’un sommeil équilibré et d’une activité physique. Ensuite, une prévention secondaire qui vise à favoriser les dépistages, en discutant avec les gens sur les ateliers ». Des actions indispensables.

Hervé Hinopay

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