Les sites de parodie politique sur Internet, parfois repris par erreur comme sources d’informations, jonglent entre info et « infaux ». 

Le 3 février 2014, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault annonce le report sine die de son projet de loi sur la famille. Christine Boutin, invitée sur le plateau de BFMTV, souhaite réagir à cette actualité. La présidente d’honneur du Parti chrétien-démocrate affirme sa méfiance vis-à-vis de l’annonce en citant avec assurance : « On parle du côté du gouvernement de ‘stratégie provisoire d’avancement à potentialité différée’. C’est tellement complexe que j’ai voulu prendre exactement le titre. Donc ça ne nous endort pas ». Loin de mettre en valeur son argumentaire et la défense de sa cause, Christine Boutin sera rapidement raillée par les médias et les réseaux sociaux puisqu’en pensant rapporter les propos du gouvernement pour critiquer ses éléments de langage, l’ancienne ministre du Logement a cité Le Gorafi, site d’informations parodiques (dont le nom serait du à la dyslexie de son dirigeant) et qui propose des articles outranciers, souvent liés à l’actualité. Cette reprise inattendue du site anagramme du Figaro a d’ailleurs été saluée par sa rédaction puisque le lendemain, le rédacteur en chef fictif du Gorafi (Jean-François Buissière) enverra un Livre de l’année du Gorafi dédicacé à Christine Boutin en la remerciant pour sa « fidélité » de lectrice. Cette anecdote illustre le fait que Le Gorafi se situe dans la tradition satirique de l’actualité politique, dont l’un des précurseurs fut Le Canard Enchaîné en 1915. Ainsi, dans son premier éditorial, Le Canard promettait de « n’insérer, après minutieuse vérification, que des nouvelles rigoureusement inexactes », manière de rompre avec les « nouvelles implacablement vraies » publiées dans les colonnes des autres titres de presse. Plus récemment,  l’hebdomadaire parodique Infos du monde (lancé en 1994) annonçait régulièrement la présence d’extraterrestres dans le gouvernement d’Edouard Balladur. Cependant, la seule référence que l’on puisse trouver dans la rubrique « À propos » du Gorafi est celle figurant à la première ligne : The Onion. Si la rédaction du site français d’informations parodiques fut crée en 2012 lors des élections présidentielles (bien que la rubrique à propos situe sa naissance près de 200 ans plus tôt grâce à son slogan : « Depuis 1826, toute l’information des sources contradictoires »), elle se revendique de l’héritage de son homologue américain créé en 1988 par deux étudiants de l’université du Wisconsin (bien qu’une nouvelle fois, la rubrique « À propos » de The Onion situe son inauguration bien plus tôt : en 1765). Aujourd’hui, Le Gorafi et The Onion ne sont plus les seuls sites à surfer sur la vague de « l’infaux » numérique : en France, nous avons par exemple assisté à l’apparition de l’Agence France Presque sur Twitter et Sud ou Est en novembre 2013. En dehors de nos frontières nationales, des sites similaires attirent également un nombre croissant de lecteurs : The Daily Mash (Grande Bretagne), El Mundo Today (Espagne), Der Postillon (Allemagne) ou encore El Manchar (Algérie)… La plupart revendiquent explicitement leurs sources d’inspiration : Le Gorafi et The Onion. Ces quelques éléments tendent à illustrer le fait que la parodie, « imitation satirique d’un ouvrage sérieux dont on transpose comiquement le sujet ou les procédés d’expression », s’est emparée de l’actualité politique depuis bien longtemps. Grâce à la sphère numérique, nous pouvons constater une augmentation significative de la portée de ces messages satiriques. Mais peut-on considérer que la parodie politique sur Internet, grâce à ses publications à vocation humoristique, détourne les codes du journalisme afin d’émettre des messages intrinsèquement politiques ?

Des lecteurs induits en erreur

Si Le Gorafi est parfois pris au sérieux par des lecteurs trop pressés, l’erreur d’interprétation au sujet des sites d’informations satiriques n’est pas le monopole de la leader du Parti chrétien-démocrate. Ainsi, en décembre 2015, la sénatrice EELV Esther Benbassa avait qualifié de « racisme primaire inadmissible » le Front National à la lecture du titre de l’article du Gorafi : « Marion Maréchal Le Pen : Je n’ai rien contre l’avortement s’il concerne les musulmans ». C’est la production de ce flou entre informations réelles et fictives qui stimule la rédaction du Gorafi ou de The Onion. Basile Sangène, rédacteur au Gorafi, expliquait à une journaliste de Télérama : « C’est la circulation de l’information. Aujourd’hui avec tous les médias qui existent, notre article va se diffuser rapidement dans le flux d’actualités, et un tweet du Gorafi va s’intercaler entre un tweet du Monde et un tweet du Figaro. C’est ça qui crée le décalage, c’est ça qui nous amuse (…) On est dans un esprit d’écriture extrêmement terre à terre. L’extraordinaire ne se voit pas du premier coup. Il ne s’agit pas de piéger les gens mais de réussir à les faire réagir ». Le but visé semble avoir été atteint puisque, toujours au sein du même article, le « PDG » du Gorafi raconte que de nombreux lecteurs d’un article intitulé : « Toulouse : il se fait abattre de 46 balles dans le corps pour avoir demandé un ‘pain au chocolat’ » ont exprimé leurs inquiétudes au sujet de l’explosion supposée de l’insécurité au sein de la Ville rose. De même, l’agence de presse italienne ANSA avait repris dans une dépêche le sondage du Gorafi selon lequel « 89% des Français pensent que le clitoris est un modèle de Toyota ». En Chine, Quotidien du peuple s’est laissé piégé par un article satirique de The Onion en 2012, papier qui présentait le dictateur Kim Jung-un comme étant « l’homme le plus sexy » de l’année.

Cette confusion entre la vérité et la fiction est produite par plusieurs facteurs. Tout d’abord, les sites du Gorafi et de The Onion arborent un style épuré et efficace, avec des photos ressemblant à celles des agences de presse et un rubricage détaillé imitant celui des journaux d’informations « réelles », ce qui, pour beaucoup de nouveaux lecteurs, donne l’image d’un certain professionnalisme. Ainsi, pour la plupart des sites d’infaux, il existe sur des rubriques : politique, sondage, santé, à propos, nous contacter, sport, société… De même, les auteurs des articles de ces sites d’informations satiriques reprennent et détournent la phraséologie journalistique, ce qui induit en erreur les lecteurs qui ne prennent pas le temps de vérifier leurs sources. Par ailleurs, qu’il s’agisse du Gorafi ou de The Onion, la seule phrase qui indique que les productions du site sont fausses se situe dans la rubrique « À propos ». Ainsi, afin de lutter contre cette confusion, en août 2014, Facebook avait entrepris d’apposer le terme « satire » devant le titre des articles provenant des sites d’informations parodiques, sur notre fil d’actualité. De même, selon Basile Sangène, le but de sa rédaction n’est pas d’induire les lecteurs en erreur mais de les pousser à réfléchir et à réagir : « Le jour où on nous prendra trop au sérieux, on promet d’arrêter. Et on perdrait foi en l’humanité aussi ».

Une fiction caricaturale susceptible de rejoindre la réalité

La frontière qui sépare la véracité des faits énoncés sur les sites d’informations et la fiction narrée sur les pages d’infaux est parfois bien ténue. The Onion a par exemple annoncé en avance une aide supplémentaire de la part du gouvernement américain pour Israël à la suite d’accords nucléaires conclus avec l’Iran à Vienne. L’anecdote démarre le 14 juillet 2015, lorsque le site d’informations satiriques publie une brève intitulée : « Pour apaiser un Netanyahou en colère après l’accord sur le nucléaire iranien, Obama lui fait parvenir des missiles balistiques ». L’article rapportait ainsi les propos d’un porte-parole du département d’État qui déclarait : « Bibi (surnom de Benjamin Netanyahu, NDLR) est toujours un peu chafouin quand il nous voit parler avec l’Iran, mais quelques dizaines de missiles de courte portée lui remontent généralement le moral ». Le lendemain, le quotidien israélien Haaretz révélait qu’après les accords de Vienne, Barack Obama avait appelé Benjamin Netanyahou afin de lui proposer d’améliorer les capacités militaires d’Israël pour préserver les relations entre les deux pays. Le fait que la réalité vienne s’aligner sur un article à visée satirique amenait le quotidien israélien à conclure son article de la manière suivante : « Quand The Onion est la source d’infos la plus fiable au sujet de votre pays, vous êtes dans le pétrin ».

Nous retrouvons les mêmes exemples en France où la blague est parfois difficile à discerner dans un flux d’informations toujours plus abondant. De Thomas Thévenoud qui se diagnostique une « phobie administrative », en passant par François Hollande qui déclare, après les attentats de Charlie Hebdo : « Je demande aux Français de ne pas aller dans les zones à risques parce que c’est dangereux » puis demande à Daech « arrêtez s’il vous plaît », il est difficile de reconnaître, sans avoir suivi l’actualité avec assiduité, que seule la dernière phrase fut tirée d’un article à vocation humoristique. Cette confusion des genres est déplorée par le chroniqueur de France Culture Nicolas Martin qui souligne les nombreuses similitudes qui relient l’article du Gorafi et celui du Figaro concernant l’éventuel rapprochement entre le Front National et Nadine Morano : « Quand les déclarations fracassantes de politiques en quête de notoriété tirent le débat public et les médias vers la caricature du débat public et des médias ». Il suffit par ailleurs de faire un tour sur le site du Prix de l’humour politique et ses nominations afin de constater que les déclarations, parfois involontaires, de nos représentants feraient paraître presque ternes les articles des journaux satiriques à l’humour le plus acide.

Des sites liés à la critique des médias

Le Gorafi et ses semblables peuvent être considérés comme des outils afin de lutter contre une actualité parfois trop mortifère, jouant ainsi le rôle d’une véritable soupape de décompression. Par exemple, au cours de l’opération policière bruxelloise visant à arrêter des proches du réseau terroriste ayant ôté la vie à 130 personnes dans Paris et sa proche banlieue le 13 novembre 2015, Nordpresse (« cousin belge et demeuré du Gorafi » selon les dires de son fondateur) publie l’article : « Abu Miaou revendique également l’assassinat de Diesel, la chienne flic ». De même, trois mois après les attentats qui ont frappé la capitale française, le groupe Eagles of Death Metal rejouait dans la salle du Bataclan, événement que la plupart des médias cadraient de façon dramatique, le concert étant présenté, au choix, comme « une thérapie de groupe », concert des « survivants » tandis que d’autres jugent utiles de rappeler que la salle de spectacle fut le lieu d’une « horrible tuerie ». Afin de rompre avec la sinistrose ambiante, le matin même, la rédaction du titre de presse de Jean-François Buissière publie un article qui suscitera hilarité et controverse sur la toile : « Concert des Eagles of Death Metal : l’Olympia protégera ses sièges avec du cellophane  ‘juste au cas où’ ». En plus de lutter contre la morosité du contexte informationnel, les sites d’informations parodiques imitent et tournent parfois en ridicule les codes et les pratiques liés à l’excellence journalistique. Nous pouvons par exemple interpréter la publication intitulée : « Attentats Bruxelles : le directeur de BFMTV verse une larme devant l’impressionnante courbe d’audience de la chaîne » comme une critique acerbe du monde médiatique, dont une partie serait obsédée par la course à l’audimat et la recherche du sensationnel afin de toucher le plus de téléspectateurs possible. L’’article relate, non sans humour, les propos d’un journaliste de BFMTV : « Nous faisons des réunions chaque semaine pour réfléchir à la manière d’exploser l’audimat lors des prochains attentats qui toucheront la France ou l’Europe. Ce qui se prépare actuellement c’est une réalisation façon multiplex de foot. Il se dit même que le groupe prépare une très grosse offre au ministère de l’Intérieur pour acheter l’exclusivité et l’intégralité des droits de ces prochains attentats ».

Cette critique des journaux se traduit également par l’imitation des procédés utilisés dans la sphère médiatique. Ainsi, au premier coup d’œil sur la page d’accueil du Gorafi, il est quasiment impossible de différencier leur rubricage des journaux de références tel que Le Monde ou le New York Times. En ce qui concerne ce dernier, nous trouvons des articles en Une, une rubrique livre, vidéo, diaporama, magazine, classement des articles les plus lus… Ce travestissement des codes est également explicite dans l’écriture des articles publiés par les journaux d’informations satiriques, dont les rédacteurs ont pour la plupart une connaissance approfondie du monde de l’information. D’ailleurs, l’un des rédacteurs du Gorafi tenait une chronique au Grand Journal de Canal + en 2015. Ainsi, les articles répondent à la règle journalistique des « 5W », à la structure de l’article en entonnoir (partir du plus précis pour élargir le sujet), mêler la narration aux propos rapportés, publier l’article en incrustant une photo proche de celle des agences de presse, adoption d’un style épuré… Cette imitation outrancière des routines d’écritures appartenant au « genre » médiatique peut être interprétée comme une façon de tourner en dérision les stéréotypes rédactionnels au sein des écoles de journalisme.

Des publications aux messages implicitement politiques

Comme brièvement évoqué précédemment, les sites tels que Le Gorafi ou The Onion n’ont rien inventé : ils s’inscrivent dans une vieille tradition de caricatures politiques et d’informations satiriques. C’est d’ailleurs la thèse que soutient Patrice Eveno, professeur des universités à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et spécialiste de l’histoire des médias : « Au XXe siècle avec l’apparition de la radio puis de la télévision, la presse humoristique ou sarcastique s’est déplacée sur ces nouveaux supports. Avec la démocratisation d’Internet au début des années 2000, on retrouve la même dynamique ». De cette manière, l’universitaire lie directement les informations satiriques publiées par Le Gorafi aux caricatures de Charles Philipon, dirigeant du journal satirique La Caricature (1830) dont les premières images parodiques… Datent des années 1820 ! Cette production artistique permettait à Charles Philipon de réaffirmer son engagement politique républicain et de diffuser ses messages dans la sphère publique. Patrick Eveno affirme : « Qu’ils fassent ça simplement par humour ou bien avec une forte volonté idéologique, le point commun de ces chroniques, sites ou journaux, c’est qu’ils utilisent l’actualité comme matière première », en soulignant que les premiers à avoir détourné l’information à des fins comiques étaient les dessinateurs au XIXe siècle. Patrick Eveno poursuit cette thèse en rappelant que les caricaturistes et les rédacteurs de satires peuvent appuyer, de manière plus ou moins implicite certaines positions économiques, politiques ou idéologiques grâce à leurs publications. C’est d’ailleurs cette histoire de l’engagement politique grâce à l’humour et à la parodie, plus particulièrement en ce qui concerne les caricatures, qui intéresse Patrick Charaudeau, professeur en Sciences du langage à l’Université de Paris 13, dans le livre dont il a dirigé la rédaction, ouvrage nommé : Humour et engagement politique. Cependant, cet engagement politique est nié par la rédaction du Gorafi : « Nous, on ne soutient aucune personnalité politique. On tape sur Hollande, Sarkozy, Le Pen (…) on ne met pas du tout en avant nos convictions ».

Toutefois, si l’on tente de lire entre les lignes, nous ne pouvons douter du fait que le contenu des articles satiriques titrés : « François Hollande promet que le prochain gouvernement mentira aux Français avec plus de conviction » ou encore « L’Assemblée nationale reconnaît que les stagiaires ont une âme » expriment une idée politique de ce qui devrait être, en dénonçant implicitement les travers de la société. Le dernier article cité relate par exemple le fait que l’adoption du projet de loi reconnaissant que les stagiaires « sont bien des personnes et ont une âme à part entière » a suscité de nombreux débats en « divisant la classe politique ». Les lignes du Gorafi évoquent également l’agacement éprouvé par le MEDEF après l’adoption de ce texte législatif. Voici d’ailleurs les propos attribués à Pierre Gattaz : « Le stagiaire fait ce qu’on lui dit de faire, il se contente de reproduire des gestes. On ne peut donc pas parler d’âme, relisez Pascal et Descartes ! ». La rédaction de cet article tend donc, à priori, à dénoncer implicitement l’exploitation des stagiaires et leur dévalorisation sociale au sein des entreprises. La prise de position est à peine dissimulée, en retranscrivant des prises de position caricaturales des acteurs politiques et économiques.

Cette forme d’expression d’une opinion politique en ayant recours à la caricature idéologique peut d’ailleurs être rapprochée du lancement de Madame Gorafi, le 1er février 2016. Ainsi, dans son post Facebook de lancement, le site d’information parodique annonce ses intentions : « Le site internet Madame.legorafi.fr est truffé des meilleures astuces pour vivre le sexisme de façon épanouie ainsi que de savants conseils pour pleurer avec style quand vous vous faites larguer ». Bien évidemment, ce message n’est pas à prendre au premier degré. En connaissant un peu l’esprit Gorafi, nous pouvons comprendre que le but de cette nouvelle plateforme est de lutter contre le sexisme et les stéréotypes relayés dans les magazines féminins. Le quotidien belge La Libre estime d’ailleurs que Madame Gorafi « dénonce le sexisme par le sexisme ». En tournant en dérision les codes de la presse féminine sur le web, Madame Gorafi est composée d’une rubrique « beauté/mode », « sexo », témoignages sur la vie de couple… Le site nous conseille par exemple : « Quel mascara mettre pour pleurer toute la nuit » ou propose « 6 débardeurs chics pour distribuer de la nourriture aux démunis ». La rédaction du Gorafi semble ainsi conspuer les stéréotypes et les canons de beauté superficiels véhiculés par les magazines faisant partie de la presse féminine.

Selon certains chercheurs, tel que le professeur en communication politique Claes de Vreese, la consommation de l’actualité affecte négativement la vie démocratique à cause des dérives du journalisme politique qui adopte une couverture sensationnaliste des évènements, qui révèle des scandales, les ficelles des stratégies de communication… Pour l’universitaire hollandais, ces éléments mèneraient à la « spirale du cynisme » : la couverture médiatique provoquerait un malaise démocratique, ce qui entraînerait un cynisme accru au sein de la population qui se démobilisera politiquement, et plus particulièrement en période électorale. Pour Fabrice d’Almeida, professeur d’Histoire à l’Université Panthéon-Assas (Paris 2), les journaux tels que Le Gorafi ou The Onion font partie de la catégorie de l’infotainment : « désormais, l’information ne se suffit plus. Elle a besoin du divertissement pour être lue, intégrée et même relativisée (…) une lassitude gagne le public toujours plus saturé de flashes, de titres, d’accroches et de données ‘sérieuses’. Finalement, la nature même des informations change pour conserver notre attention. Le Gorafi, tout comme The Onion ou Njuz ont ouvert une voie prometteuse en ligne ». Il semblerait donc que les citoyens seraient lassés par l’abondance d’informations médiatiques et marqués par une défiance accrue envers la sphère politique. Donc, pour Fabrice d’Almeida, les sites d’informations satiriques permettraient ainsi de présenter l’actualité politique sous la forme du divertissement afin de toucher un public plus large. C’est également l’analyse que partage Stéphane Rozès, professeur de communication à Science Po et président de la société de conseil CAP : « Les vieilles démocraties occidentales souffrent particulièrement d’une défiance partagée des citoyens à l’égard des politiques, ce qui explique en partie le succès de ces sites. La nouveauté de cette forme de satire réside dans le fait qu’elle joue sur l’ambiguïté entre le vrai et le faux ». Ainsi, la satire permet d’émettre des messages critiques à l’égard de la sphère politique et médiatique. Certains auteurs se demandent alors si l’information parodique, l’infotainment, les one man shows ou encore la caricature peuvent permettre de politiser davantage nos sociétés.

Tom Lanneau

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