« La banlieue n’est pas un thème réservé à la gauche », estiment certains militants UMP. Créées par les Jeunes Populaires du parti majoritaire, les Pépites de la nation, commission composée de jeunes de différents bords politiques, ont auditionné des responsables politiques et associatifs, ainsi que des chefs d’établissements scolaires. Ils remettent aujourd’hui leurs doléances à Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP. Rencontre avec Camille Bedin, membre de cette commission, qui nous dévoile quelques-unes des propositions.

Pourquoi avoir lancé cette initiative ?

C’est grâce au président de la République, qui s’est engagé fortement sur cette question des banlieues et de la diversité. Nous, jeunes de l’UMP, avons voulu continué dans cette direction. Nous avons voulu nous en saisir pour faire des propositions sur ces sujets à nos aînés.

Que pense la direction de l’UMP de cette question de la diversité ?

Elle essaye autant que possible de diversifier ses cadres. Les instances dirigeantes ont été récemment renouvelées en prenant en compte le critère de la diversité. Par exemple, Coumba Dukané a été nommée secrétaire nationale chargé de l’enseignement supérieur. Mais c’est vrai qu’à la base du parti, il n’y a pas encore une réelle prise de conscience de ces sujets. Et c’est donc à nous, jeunes de l’UMP, de les porter. La gauche a perdu les quartiers populaires, or elle croit qu’elle les incarne toujours. Les acteurs de terrain disent tous la même chose : la gauche a déçu, elle n’a rien fait dans les quartiers.

Sur quels axes travaillez-vous ?

Notre axe principal, c’est la mobilité sociale. Il y a dans les quartiers des jeunes qui représentent une richesse, qui n’est pas exploitée. Car on a ghettoïsé ces quartiers. Il y a une barrière entre les jeunes des banlieues et ceux des beaux quartiers. C’est pour cela qu’on a travaillé sur trois axes : la mobilité à l’école, l’accès à l’enseignement supérieur et l’accès à l’emploi.

Quelles sont vos propositions pour l’école ?

Nous partons du principe qu’il faut aider ceux qui en ont le plus besoin. Il faut arrêter de saupoudrer les moyens. On propose la suppression des ZEP, avec la concentration des moyens sur les RAR (Réseaux ambition réussite). On pense que l’école forme mal, apprend mal. Elle est une prison au milieu des cités où les élèves se rendent presque par punition. Ce sont des écoles où on les conduit à l’échec. En plus, l’école est enclavée car elle n’a aucun lien avec l’extérieur : aucun lien avec les parents, avec les entreprises ou avec les associations. On propose donc de donner de l’autonomie aux chefs d’établissement ; il faut qu’ils puissent mettre en place des activités qu’ils désirent. Il faut qu’ils fassent entrer les entreprises et les associations dans les écoles. Aujourd’hui, élus locaux, entreprises, associations ne se parlent pas. L’idée est d’impliquer des chefs d’établissement dans ce lien social. Leur mission est d’intégrer les élèves dans la société. Nous proposons que, lors des réunions des parents d’élèves, la présence d’un traducteur pour ceux qui ne parlent pas français. Autre chose, tous les formulaires de l’éducation nationale doivent être proposés dans une autre langue. Il faut toucher le plus grand nombre de parents.

Concernant l’enseignement supérieur ?

On oublie souvent l’université. Il y a un problème de ségrégation et de ghettoïsation dans les universités : à Assas, on retrouve les « blancs bourgeois qui viennent de Paris ». Il y a donc une carte universitaire de fait. On propose la suppression de la carte universitaire. On propose que les grandes universités aient un quota de lycéens qui viennent des quartiers.

Et en matière d’emploi, quelles sont vos préconisations pour lutter contre les discriminations ?

On propose que les entreprises, qui ne respectent pas la diversité, soient interdites de toute possibilité d’accéder aux marchés publics. La HALDE (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) n’a pas de pouvoirs contraignants. On propose donc la création d’une sorte d’inspection générale de la diversité avec des enquêteurs qui contrôlent ce qu’il en est et infligent s’il le faut des sanctions.

Vous êtes optimiste sur les chances d’aboutir de vos propositions ?

Je suis jeune, j’ai toute une vie pour défendre ces propositions.

Propos recueillis par Latifa Zahi

Latifa Zahi

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