Vous vous êtes peu exprimée après la diffusion sur Internet d’une vidéo dans laquelle vous affirmez, sur le ton de la plaisanterie, que vous deviendrez « ministre de la rénovation urbaine à coup de Karcher ». Avez-vous été choquée par l’ampleur de la polémique ? Pourquoi avez-vous été autant touchée ? Je me suis exprimée dans le quotidien Métro mardi dernier, je me suis exprimée sur une radio hier. Ce qui est choquant, c’est l’utilisation de quelques secondes sur un entretien qui a duré plus de deux heures avec Bruno Julliard qui est président de l’U.N.E.F. Pendant tout cet entretien, il a fallu que je me justifie sur les termes comme « racailles » ou « karcher ». A un moment j’ai fini par répondre au 4 ème degré, et tout le monde a ri, parce que tout le monde savait que c’était de l’humour. Je trouve que l’utilisation de ces propos et de ces quelques secondes est malhonnête. Bruno Julliard, qu’on ne peut pas suspecter d’être proche de Nicolas Sarkozy a d’ailleurs été très offensé par la diffusion de ces images. Il a fait une déclaration à l’A.F.P, qui n’a pas été reprise, dans laquelle il explique clairement que c’était de l’humour. Il est prêt à s’exprimer là-dessus : il dit lui-même qu’il a fait beaucoup de blagues avant la mienne. 

Regrettez-vous tout de même ces propos ?

Moi, ce que je regrette c’est la polémique qui en est faite, l’utilisation et les commentaires qui ont été suscités par cette vidéo. J’ai quarante ans, je suis magistrate, j’ai exercé des responsabilités, je suis très transparente et très lisible. Encore une fois, je le répète, c’était du quatrième degré. Ce que je regrette aussi, c’est qu’on ne fasse pas de commentaire sur ce débat que j’ai eu avec un ancien ministre de la Justice et Garde des Sceaux, et qui m’a dit, lors de ce débat, que je ne suis qu’un alibi. Je trouve regrettable qu’on ne reprenne pas des propos sortis de la bouche de quelqu’un qui a exercé de hautes fonctions et qui considère que je suis moins légitime qu’elle, alors que je viens peut-être beaucoup plus du terrain qu’elle, que je n’ai pas fait que des cabinets ministériels, et que je n’ai pas été parachutée dans une circonscription.

Si Nicolas Sarkozy est élu en mai, quel ministère pensez-vous occuper, celui de l’Immigration et de l’Identité Nationale, ce qui serait un symbole fort ?

Nicolas Sarkozy n’est pas encore élu. Il n’est pas Président, il n’y a pas de gouvernement. Ma qualité de porte-parole est ma plus belle expérience à ce niveau de l’Etat. Lorsque l’on est porte-parole, c’est une fonction importante, éminente, que je prends avec beaucoup de sérieux, de conviction et d’engagement. 

Et a contrario, s’il n’est pas élu, avez-vous des projets ? Quelles sont vos ambitions ?

Je suis avec Nicolas SARKOZY depuis 2002, j’ai découvert un homme d’engagement et de conviction qui par exemple propose d’abroger la double peine en allant contre son propre camp. C’est quelqu’un qui a une véritable humanité à laquelle je suis extrêmement sensible. Il m’a laissé une véritable latitude : j’ai rédigé de bout en bout un projet de loi sur la prévention de la délinquance, qui vient d’être validé par le Conseil constitutionnel. C’est une vraie marque de confiance, une vraie reconnaissance de mon travail et de ma compétence. Ma priorité aujourd’hui, c’est qu’il gagne, parce que je crois vraiment que son projet est à la hauteur de la grandeur de la France et de ses besoins. Le reste, ce sera pour après.

Justement, vous dites que c’est une pleine reconnaissance de votre travail, pensez-vous être remerciée en mai ?

Ce n’est pas un marchandage et des remerciements. J’ai toute confiance en lui comme il a toute confiance en moi. S’il est élu, je verrais ce qu’il me dira. Jusqu’à maintenant, je pense que vous ne pouvez pas démentir que les fonctions que j’ai exercées ont été en rapport avec mes compétences techniques.

Nous avons interviewé Azouz Begag. Trouvez-vous normal qu’un ministre issu de l’immigration se fasse insulter comme ça ?

J’ai beaucoup de respect pour Azouz Begag, pour son parcours, pour ce qu’il est : un homme intelligent, fin. Malheureusement, il s’est heurté à la politique, qui est un métier…un métier très dur. Azouz Begag est libre de ses commentaires dans son livre.

Depuis un certain temps, vous tentez de réaliser le retour de M. Sarkozy en banlieue. Le Bondy Blog était présent lors de la genèse de ce travail en décembre dernier place Beauvau. Est-ce que cette mission est devenue difficile ?

Il ne s’agit pas d’un retour en banlieue. Nous avons sillonné la France, nous sommes allés environ 300 fois dans les quartiers difficiles avec Nicolas Sarkozy depuis 2002, ceci sans difficultés, puisque nous n’avons jamais eu d’incident. Il est toujours allé à la rencontre des jeunes, conscient de leurs difficultés. Il est toujours venu avec des propositions, avec des actions, des dispositifs expérimentaux. Il ne fait pas dans l’incantation et la promesse, il prend des engagements et les respecte.

Les déplacements auxquels vous faites allusion étaient organisés pendant que M. Sarkozy était au Ministère de l’Intérieur. Mais aujourd’hui, en tant que candidat à l’élection présidentielle, le déplacement tant attendu en banlieue reste lettre morte, est-ce si difficile ?

Il ne se fera ni piéger, ni instrumentaliser par les médias ou par d’autres candidats, parce qu’il a beaucoup de respect pour les gens qui vivent dans ces quartiers difficiles. Ce ne sont pas des rings où l’on vient marquer des points, ce ne sont pas des lieux de défi. Ce sont des lieux où les gens veulent vivre en sécurité comme tout le monde. C’est ce que ces personnes demandent et Nicolas Sarkozy a beaucoup de respect pour leurs préoccupations. Il refusera toujours de les instrumentaliser.

N’est-ce pas difficile, quand on s’appelle Rachida Dati, que l’on est une femme, d’origine immigrée, issue d’un milieu populaire, d’être porte-parole du candidat UMP ?

C’est à la fois difficile et facile. C’est facile parce que Nicolas Sarkozy m’a toujours fait confiance et me soutient. Mais c’est difficile parce que je reçois des critiques très dures de la part de ceux que cela dérange de voir les plus hautes fonctions s’ouvrir à la diversité de la société française.

Hanane Kaddour

Hanane Kaddour

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