Le XIVe Congrès du Front national (FN) a ouvert ses portes ce matin dans la coquette ville de Tours. Pendant que la Tunisie semble s’acheminer vers la fin de 23 années d’un régime dirigé par la main de fer de Ben Ali, ici, c’est un autre règne qui va (peut-être) s’achever, celui de Jean-Marie Le Pen. Parler de « fin de règne » est un tantinet précipité. Pour deux responsables du DPS, le service d’ordre du FN, « quel que soit le candidat élu, on le suivra mais Jean-Marie reste notre chef ». Marque de l’empreinte indélébile laissée par l’infatigable leader frontiste : sa photo en couverture du fascicule présentant le congrès, placée au-dessus de celles de sa fille Marine, pour qui son cœur balance, et de Bruno Gollnisch, l’éternel dauphin.

Vendredi, des manifestants anti-FN se sont réunis aux alentours du Palais des Congrès-Vinci, « une soixantaine tout au plus », raconte une policière. « On ne les a pas trop vus », confirment les deux hôtesses de l’Office de tourisme situé en face du Centre international de congrès (est-ce un oubli ? Le rassemblement frontiste n’est nulle part mentionné sur le site du Palais des Congrès).

Et pour cause ! De nombreux CRS sont déployés aux abords du Palais. « On n’est pas trop fiers que ce congrès se déroule dans notre ville », grimace une habitante de la ville. « Vous savez, nous sommes en démocratie, il faut que chacun s’exprime », dit Francis, un vieil homme venu voir par curiosité ce qu’il se passait et qui a connu le FN à ses débuts. « Je ne pense pas qu’un jour le FN prendra le pouvoir. Avec leurs idées ils font trop peur aux gens », ajoute t-il.

Ces idées « qui font peur », Jean-Claude et sa femme, respectivement ancien CRS et agent de police à la retraite, en ont fait la raison de leur fidélité au parti depuis 1989. « La mondialisation, l’immigration, l’Europe, c’est pour ces raisons que nous soutenons ce parti. Il est important que nous gardions notre identité. » Ces deux électeurs ont voté pour Marine Le Pen car « elle est plus ouverte que Gollnisch, qui est plus à droite ». L’« ouverture » semble avoir fait des émules également du côté du FN, mais pas jusqu’à se laisser draguer par l’UMP, « qui a piqué les idées du FN ».

Le clan Le Pen accompagné de Gollnisch arrive enfin, la voiture passe à toute vitesse dans la rue piétonne longeant le bâtiment où se déroule le congrès du Front avec une nuée de journalistes et cameramen, qui s’empressent derrière les véhicules. « Je suis président jusqu’à dimanche », lâche Jean-Marie Le Pen. Gollnisch répond « J’attends les résultats » à l’allusion d’un journaliste aux résultats officieux dévoilés la veille par un cadre du parti, et qui accorderaient deux-tiers des voix à Marine Le Pen.

Aladine Zaïane

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