Après l’annonce des derniers chiffres du chômage qui annonce une augmentation de prés de 90 000 chômeurs en un mois, Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l’emploi, prévient l’opinion publique : « On va avoir des chiffres comme ça sur plusieurs mois. » L’annonce angoisse, alors le chef de l’Etat tempère en affirmant que la France n’est pas le dernier de la classe occidentale. Mais le patronat et les syndicats sont unanimes pour dire qu’à la fin de l’année, il y aura de 454 400 chômeurs de plus.

Sur le terrain, Pôle Emploi est débordé, les syndicats réclament à cors et à cris des embauches afin de faire face à cette accrue sans précédent de chômeurs. Les agents sont mobilisés uniquement pour accueillir les demandeurs d’emploi et non plus pour établir des parcours professionnels ou démarcher d’éventuels recruteurs. A l’antenne du Pole Emploi de Sarcelles, on est à bout, on arrive à des situations complètement aberrantes.

Ali, 30 ans, ingénieur au chômage depuis deux mois, titulaire d’un doctorat en chimie, témoigne : « J’ai été licencié suite à un dépôt de bilan de ma boîte, c’est la première fois que je suis victime du chômage, pour moi, c’est dur moralement, mais je suis décidé à me battre. Hélas, j’ai vite déchanté lors de mon premier entretien avec mon conseiller pole emploi. »

Ali poursuit : « Je me pointe à 9 heures du matin, comme indiqué sur ma convocation, je ne suis reçu qu’à 9h30, par une jeune femme complètement en panique, qui munie d’une feuille, appelle plusieurs personnes, dont moi. Nous sommes une dizaine, on nous fait entrer dans une salle, il y a une grande table ronde avec plusieurs chaises, et au fond un Paper Board. La conseillère nous annonce que compte tenu du nombre de chômeurs, elle ne peut plus faire face, elle reçoit donc par groupe de dix, et que les entretiens individuels, c’était fini pour l’instant. »

Notre chômeur qui s’attendait à un entretien individuel afin de définir son parcours de recherche d’emploi, comprend qu’il ne pourra compter que sur lui-même pour trouver un emploi : « Chacun de nous s’est présenté à tour de rôle, j’étais le seul ingénieur, la plupart était sans diplômes et occupaient des postes type agent d’entretien. La conseillère annonce que se premier atelier consistera à apprendre à faire un CV. Je me lève et fais remarquer que je suis diplômé et cadre de surcroît, que je n’ai rien à faire dans cette réunion. Je demande qu’on m’inscrive à l’APEC (recherche d’emploi pour les cadres, ndlr). »

La réponse de la conseillère est cinglante, selon Ali : « Elle me dit que cette demande d’inscription à l’APEC aurait dû être faite au moment de la première inscription et que maintenant, c’est trop tard. Elle me dit de me rasseoir, et me fait comprendre que si je refuse d’assister à ces ateliers, je serai radié », avec le risque de ne plus percevoir d’indemnités ASSEDIC.

Nous avons cherché à en savoir plus. Nous avons contacté la conseillère Pôle Emploi de Sarcelles. Elle souhaite garder l’anonymat : « Vous savez, moi, à la base, je m’occupe des chômeurs du monde du spectacle, et là, ma hiérarchie me demande de suppléer au manque de personnel dans l’agence. Je m’occupe de tous les métiers maintenant, or je n’ai à la base aucune formation dans les autres métiers, je fais comme je peux, je suis obligée de recevoir les gens en réunion collective, on n’a plus le temps de faire des entretiens individuels, on a trop de demandeurs d’emploi, je n’ai jamais vu cela en dix ans carrière, ça va exploser c’est sur. »

Pour faire face au chômage de masse, il est semble urgent d’embaucher à Pôle Emploi, au risque que cette entité ne serve qu’à enregistrer des inscriptions, et non à aider les sans emplois à trouver du travail.

Chaker Nouri (Business Bondy Blog)

Chaker Nouri

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