A l’heure où le nouveau Président de la République fraîchement investi s’engage à faire de la France « une démocratie exemplaire » selon ses propres mots prononcés ce jeudi à la Mairie de Paris devant un parterre d’élus municipaux, il est pourtant des dossiers fantômes que l’on tend, inconsciemment ou non, à mésestimer : affaire des HLM de Paris, emplois fictifs, mort du Juge Borel, et le pas très clair dossier Clearstream, pour les plus connus. Même le réchauffement planétaire devenu l’enjeu environnemental des décennies à venir serait un business…

Si les manuels d’Histoire tendent à flatter l’égo de la France dans sa grandeur républicaine et son attachement aux valeurs démocratiques, la corruption a toujours survécu et existe réellement. C’est pourquoi l’association Anticor a vu le jour en 2002, à la suite du cataclysme du 21 avril de la même année. Le Juge Eric Halphen, grand cauchemar de l’ancien Président Jacques Chirac, Christiane Taubira ou encore Corinne Lepage en font partie. Composé pour l’essentiel d’élus politiques de tous bords, Anticor se veut le porte voix d’une lutte intelligente contre la corruption au sens large. Mais comment des élus politiques en sont venus à vouloir enrayer la déchéance politique ? Séverine Tessier, assistante parlementaire du député PS de la Nièvre et présidente de l’association Anticor explique : « certains nous ont rejoints parce qu’ils sont ou ont été eux-mêmes témoins des pratiques clientélistes dans le milieu politique, notre combat rassemble des personnalités diverses et issues aussi bien de la droite, de la gauche ou de l’extrême gauche ». Dans cette révolution silencieuse qu’entend mener Anticor, il ne faut pas voir dans la lutte contre la corruption les simples malversations financières. Séverine Tessier donne les exemples parlant de la carrière et de la nomination des magistrats complètement opposées au principe de l’indépendance et de l’impartialité de la justice, le recyclage programmé des corrompus, et la non réglementation des pratiques de lobbying. Tant de vides juridiques qui permettent des détournements et instaurent des rapports clientélistes de tous genres.

Campagne législatives oblige, Anticor a récemment lancé sa propre campagne pour « immuniser l’Assemblée Nationale », en faisant appel aux candidats à la députation. Une trentaine de candidats ont déjà répondu à cet appel, et s’engagent à promouvoir et à appliquer les idées anticorruption. Si les membres de cette association croient dur comme fer aux valeurs éthiques qu’ils défendent, tous savent que leur bataille ne fait que commencer, qu’il s’agit là d’une entreprise longue et semée d’embûches, à mener à long terme. Concernant la corruption, la révolution doit se faire tant sur le plan institutionnel que sur le plan des mentalités.

Hanane Kaddour

Hanane Kaddour

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