Je me rappelle de cette année où pour la première fois, je suis entrée dans un bureau de vote. C’était en 2007, pour les présidentielles. Dans ma famille, tout le monde vote, et lorsqu’il a fallu que j’y aille à mon tour, j’ai pris soin d’observer, dans la queue qui m’amenait à l’isoloir, comment les gens devant moi s’y prenaient. Aujourd’hui, je m’intéresse à ces nouveaux votants qui tout comme moi pour les présidentielles, vont glisser dans l’urne des municipales leur premier bulletin de vote.

C’est le cas d’Ebru, 18 ans. En 2007, trop jeune de quelques jours, elle n’avait pas eu la chance de pouvoir voter pour son candidat. En rigolant, elle me révèle que la seule fois où elle a glissé un bulletin dans une urne, « c’était à la fac, pour élire les représentants des étudiants. Au moins là, ma carte électorale servira pour la première fois ». Ebru avait reçu sa carte d’électrice juste après la présidentielle. « Pour les municipales, c’est sûr, je vote », dit-elle. Yaye, 19 ans, a participé, elle, scrutin présidentiel. Elle ne s’intéresse pas spécialement à la politique mais elle affirme qu’elle ira voter « parce que c’est [son] devoir ».

On dit beaucoup de choses sur la jeunesse de France, qu’elle est inconsciente, mais cette jeunesse se rend compte qu’elle a un rôle à jouer dans la vie politique. Voilà pourquoi, à l’approche de l’élection présidentielle, fin 2006, elle s’est réveillée et nombreux sont ceux qui sont partis s’inscrire sur les listes électorales. Espérons qu’elle ne se rendormira pas. Tout le monde ne souhaite pas militer dans un parti ou un syndicat, mais il n’est pas nécessaire d’être encarté pour être citoyen. La participation au vote suffit.

« C’est clair qu’il y en a qui pense que leur petite voix ne va rien changer mais ce n’est pas vrai », affirme Ebru. Yaye ne pense pas autrement : « Quand je suis partie voter aux présidentielles, j’ai ressenti quelque chose de bizarre puisque pour la première fois, ma voix pouvait changer quelque chose. » Ces deux jeunes filles iront voter dimanche pour faire bouger leur ville. Ebru aura une pensée pour ses parents, qui ne peuvent pas prendre part au scrutin. « Ils n’ont pas la nationalité française », m’avoue-t-elle.

Dimanche, ce sera au tour d’Ebru et Yaye d’observer, de scruter, tout comme je l’ai fait il y a un peu moins d’un an, chacun des gestes des électeurs les précédant dans la queue, pour ne pas faire tout de travers.

Axelle Adjanohoun

Axelle Adjanohoun

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