[#LÉGISLATIVES2017] « À l’issue du premier tour des élections législatives, les partis de gauche pourraient se retrouver avec une cinquantaine de députés au maximum dans la future Assemblée nationale. Un échec patent, y compris dans une gauche radicale déchirée entre insoumis et communistes et responsable, elle aussi, du désastre.

L’heure est à la gueule de bois à gauche depuis dimanche soir. Les projections de la future législature donnent une gauche réduite à peau de chagrin, avec un Parti socialiste profondément sanctionné et discrédité. Ce n’est pas nouveau mais on assiste à une concrétisation profonde de ce rejet massif. Rappelez-vous le leitmotiv de Nuit Debout : « Nous ne voterons plus jamais PS ! » ou encore les « Pas de justice pas de voix » repris en nombre sur les réseaux sociaux dès 2015 pour s’opposer aux promesses non tenues du gouvernement socialiste en termes de lutte contre les discriminations. Les résultats de dimanche confirment la pasokisation de ce parti au sein d’une gauche, dominée par la France insoumise qui a devancé le Parti socialiste moribond de 800 000 voix lors de ce premier tour.

Mais comme le mouvement de Jean-Luc Mélenchon et le Parti communiste n’ont pas su s’étendre sur un accord national, la France insoumise n’a pas pu résister à la vague En Marche et n’a pu asseoir sa dynamique de l’élection présidentielle (19,58% des voix, dont des voix communistes). Les critiques envers les socialistes sont sévères depuis dimanche soir, et à raison. Cela ne doit pas empêcher les autres mouvements de gauche à faire aussi leur examen de conscience tant leurs attitudes ont été préjudiciables pour une représentation de la gauche dans la future assemblée.

France insoumise et communistes, une division préjudiciable

Insoumis et communistes se sont déchirés sur la majeure partie des circonscriptions, faisant ainsi fuir les électeurs et perdant des circonscriptions pourtant gagnables, vu le premier tour de la présidentielle. Au Bondy Blog, nous avions raconté ces désaccords et déchirements comme dans la cinquième circonscription du Val-d’Oise. Ainsi à Argenteuil et Bezons, ni Françoise Pacha-Stiegler de la France insoumise, ni le communiste Dominique Lesparre, maire de la seconde commune, ne se sont qualifiés pour le second tour alors qu’avec leur score cumulé en cas de candidature commune, cette gauche aurait pu se qualifier pour le second tour avec 21,69% . Et dans les deux villes de cette circonscription, Jean-Luc Mélenchon a enregistré seulement un tiers des voix du 23 avril dernier. Reste que toutes les formations politiques ont pâti de l’abstention : dans la cinquième circonscription du Val d’Oise, elle s’est élevée à 60,24%, alors qu’au premier tour de la présidentielle, elle était d’environ 25%.

Pourtant, à certains endroits, des accords locaux ont eu lieu pour une candidature commune de la gauche radicale. Cela a été plutôt efficace, tant pour Marie-George Buffet, arrivée en tête dans la 4ème circonscription de Seine-Saint-Denis (Blanc-Mesnil, La Courneuve, Stains, Dugny) avec 32, 8% des suffrages exprimés contre 25, 20% pour son adversaire de la République en Marche, Prisca Thevenot. Du côté de la 11e circonscription du département (Sevran, Tremblay-en-France, Villepinte), même si l’abstention est encore plus élevée, Clémentine Autain a réussi à se placer en tête avec 37, 21% des voix. Ceci ne serait jamais arrivé sans le soutien de la France insoumise.

Cela devrait inciter les états-majors de France insoumise et du Parti communiste à réfléchir en profondeur sur leur responsabilité conjointe de ce Waterloo électoral et mettre leurs égos de côté. Car si les socialistes ont pour le moins besoin d’une grande remise en question, cette gauche-là ne doit pas s’en détourner. Ce n’est pas demain la veille qu’on entendra chanter Le Temps des cerises.

Jonathan BAUDOIN

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