Le soleil est au Zénith. L’été n’est plus très loin. Les enfants jouent, crient, rient. A la porte de la Villette, les badauds n’ont pas vraiment la tête à la politique. « Il faut dire que la semaine a été chargée en émotion, il faut bien décrocher un moment ». Et pourtant à quelque pas de là, au Zénith de Paris, le candidat François Bayrou se prépare pour un meeting que les commentateurs annoncent comme celui de la dernière chance.

Soleil, chaleur, sueur, impatience, orange, obstination, ni gauche, orange, ni droite, orange, soleil, calimucho… Calimucho ? « Oui c’est le nom de notre fanfare ». Et l’ambiance feria de commencer. Alors que les militants tentent de comprendre pourquoi les portes ne sont toujours pas ouvertes, une fanfare venue du sud-ouest reprend joyeusement les classiques des corridas.

L’ambiance est au beau fixe, les militants remontés à bloc, comme ce groupe de Normand venu « soutenir François et montrer aux journalistes que nous aussi nous sommes nombreux » : «On est des militants enthousiastes et modernes. On a fait les marchés, les gens nous reçoivent plutôt bien, surtout chez ceux fatigués par les divisions gauche/droite. Mais on milite beaucoup sur les réseaux sociaux. Vous cherchez les jeunes démocrates ? Bah attendez je vais twitter voir si il y en a dans le coin c’est quoi votre proifl, Hastag_Bondy Blog? ».

Les jeunes démocrates n’étaient pourtant pas loin. Cyril et ses deux amis sont venus pour différentes raison. Cyril est militant de longue date alors que ses camarades sont plutôt la en curieux. La politique, un héritage ? Absolument pas, « mon père est plutôt d’extrême droite, ma mère un peu de gauche, je suis un peu la synthèse politique de la famille ». Pour lui François Bayrou est la seule solution à l’incurie politique. En 2007 il avait fait la même conclusion et avait voté pour le candidat de l’ancienne UDF. Il pense se souvenir avoir voté blanc au second tour. Cette année, le sujet n’est pas trop abordé entre militants. « Pour nous l’objectif est d’être au second tour et de le remporter, on pense à l’autre possibilité mais on en parle peu entre nous ». Plus loin, un « extrême-centriste™ » me certifie qu’il votera Bayrou le 6 mai prochain, « quand bien même devrais-je imprimer moi-même le bulletin de vote ».

Au gré des conversations entre militants un nom revient à plusieurs reprises. La popularité de Jean-Luc Mélenchon n’est pas au Zénith, c’est le moins que l’on puisse dire. Certains s’emportent : « C’est un orateur, il vit de la surenchère et des coups d’éclat, Bayrou son crédo c’est la vérité ». D’autres tempèrent : «ce ne sont que les sondages… » Une infimité estime qu’il faut « s’inquiéter. Les sondages on les regardait en 2007 pourquoi on ne les regarderait plus maintenant qu’ils sont mauvais ? On est tous derrière lui, mais cela ne suit pas. Il faut qu’il se passe quelque chose, le temps presse ».

La salle est maintenant comble, la chaleur monte, au sens propre comme au figuré. Ma voisine regrette sa « fraiche Charente (rires) » mais pour rien au monde elle n’aurait raté cela. « J’étais à Bercy en 2OO7 et j’ai toujours voté au centre ». Agricultrice à la retraite, elle a profité des 40 cars mis en place par le mouvement démocrate pour monter sur Paris. Pour elle, « Bayrou doit gagner cette fois. C’est le seul à défendre les agriculteurs et les valeurs de la France. » Et l’énergique sexagénaire de conclure : « Ce n’est pas Hollande qui va nous permettre de sortir de cette crise je vous le dis ». Comme un aperçu d’une des deux parties de cet électorat qui risque encore une fois de se diluer dans la nature après le soir du 22 avril.

Remi Hattinguais

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