Bertrand Delanöe a souhaité faire une escale à Bogota après le sommet des maires du Monde qui se tenait à Quito, en Equateur. Samedi matin, après une rencontre avec le président colombien, Alvaro Uribe, Bertrand Delanoë s’est rendu à l’ambassade de France pour rencontrer les Français de Colombie mais aussi les familles des otages.  Bertrand Delanoë s’est également rendu dans l’après- midi à Radio Caracol (Cadena Radial Colombiana) créée en 1948, principale radio de Colombie dans l’émission « La Voix des otages » (Voces del secuestro), animée depuis 1994 par Herbin HOYOS, un ancien otage de la guérilla pendant quelques semaines.

Il est bien rare aujourd’hui qu’un maire français, qui plus est militant socialiste se déplace en Amérique latine et surtout en Colombie… trop dangereux. Mais la sensibilité du Maire de Paris pour les pays du Sud est bien connue et il démontre bien pour le coup qu’il n’est pas venu parader pour les caméras. Nous étions seulement deux journalistes.

Alors que la quasi-totalité de nos hommes politiques appuient la politique américaine au Moyen Orient en se félicitant de soutenir l’Oncle Sam dans son combat contre le terrorisme, le maire de Paris revoit ses fondamentaux socialistes avec les dirigeants latino-américains. Le tout accompagné par des accords de coopération.

Quant à l’avenir politique d’Ingrid Bétancourt, Bertrand Delanoë ne s’est pas exprimé, il a seulement souligné que le rôle de Paris est de soutenir les droits de l’homme partout  dans le monde où ils seraient bafoués. Il a  aussi rappelé que s’il a maintenu sa visite en Colombie, c’est aussi parce qu’il faut continuer à soutenir les familles des otages.

Bertrand Delanoë n’a pas oublié qu’il est militant socialiste. Même si la comparaison n’est pas d’actualité, il est bon de se souvenir que lorsque François Mitterrand a pris la tête du Parti Socialiste au début des années 70, il s’est empressé d’aller au Chili rendre visite à Salvador Allende. A ce moment, l’Amérique latine vivait une expérience unique, l’Unité Populaire.

Aujourd’hui, le Maire de Paris rappelle discrètement à ses camarades socialistes qu’au Brésil l’expérience de Lula vaut la peine d’être regardée avec attention, surtout quand on est progressiste… de gauche.  Quoiqu’il en soit les ami(e)s du maire de Paris sont l’exemple même des évolutions démocratiques en Amérique latine. Il  a d’ailleurs insisté sur sa sensibilité en rappelant son attachement au président brésilien ou encore au bolivien Evo Morales.

Même si l’Amérique latine n’est pas l’épicentre de la géopolitique mondiale, le maire de Paris a semble-t-il compris que ce continent est un exemple en matière d’expériences politiques. Peut-être organisera-t-il un voyage d’étude pour ses camarades socialistes en mal de gauche ?

En tous les cas, après le voyage de Bertrand Delanoë, les dirigeants latino-américains se sentiront moins seuls face au géant américain.

Manuel Ardilès

Manuel Ardilès

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