[TRIBUNE] Le Bondy Blog ouvre ses colonnes au MRJC (Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne) qui souhaite en finir avec un discours de haine qui oppose d’un côté les jeunes des quartiers populaires et de l’autre ceux des régions rurales. Tribune. 

Le Rural avec un grand R et les Quartiers Populaires avec un grand Q rassemblent, à eux, une grande partie du territoire de la France. Cela réunit un grand nombre de populations qui n’ont rien à voir les unes avec les autres, que ce soit en termes d’accès aux droits, aux services, de moyens économiques… De plus, l’accès aux loisirs n’est pas non plus la chose la plus aisée à cause d’une mobilité rarement disponible et relativement coûteuse.

Mais ces deux mondes partagent le même sentiment de subir des préjugés, de ressentir stigmatisations, injustices et chômage de masse : un quart des jeunes ruraux comme urbains sont ainsi sans emploi, selon le dernier rapport du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Il est toujours facile de priver de dignité ceux qui doivent déjà subir le poids des crises et abus, qui, sous couvert d’un rêve d’égalité sociale, ne voient jamais le bout du tunnel. Ce fait n’est pas nouveau car même les trente glorieuses n’ont pas suffi à vraiment faire diminuer ces inégalités. Cela crée toujours plus la peur de son propre avenir.

« Personne ne se demande si le fait que nos territoires soient toujours plus remplis de haine, n’est pas la raison mais plutôt la conséquence ? »

Comme le dit l’adage : « la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine … mène à la souffrance ». Et nos territoires, malgré leurs différences évidentes au premier coup d’œil, sont remplis de souffrance. Ce qui a pour conséquence de créer « des porteurs de haine » qui répondent à la violence par la violence (Nos haines et colères ne sont pas toujours les mêmes, mais partagent les mêmes racines). Et c’est toujours ce qui inonde nos télés, radios, Facebook… Mais personne ne se demande si le fait que nos territoires en soient toujours plus remplis, n’est pas la raison mais plutôt la conséquence ? Et pourquoi ce sont ces mêmes souffrances qui nous divisent autant ? Et à qui depuis tant d’années cela rapporte ? Nous avons oublié que l’argent est toujours là et qu’il n’y en a jamais eu autant… Il n’est malheureusement pas utilisé pour construire la paix mais pour créer toujours plus de jalousie et de haine.

Pourtant nos territoires ruraux et nos quartiers populaires sont remplis de jeunes qui ont l’espérance d’avoir une vie épanouie et digne. Ils ont bien conscience que pour ça, ils devront travailler, et pour certains, encore plus que leurs parents.

« L’avenir est bien cette jeunesse populaire »

Toute cette énergie dépensée chaque jour un peu plus nous montre l’espérance qu’ils ont dans un avenir meilleur. On le voit avec leur investissement dans le monde associatif et le bénévolat, avec le nombre de petits boulots mal payés qu’ils acceptent, avec quel zèle ils remplissent leurs devoirs de citoyens (de plus en plus deviennent enseignant.e.s, infirmier.e.s ou s’engagent dans l’armée, etc.). Surtout on le voit avec le nombre d’initiatives et d’idées qui paraissent tous les jours et qui tendent à prouver que l’avenir est bien cette jeunesse populaire ! Ironiquement on pourrait se demander si c’est la pauvreté qui crée l’engagement et les bonnes idées ? Peut-être que l’histoire fera mentir les vrais « porteurs de haine », et que nous les remercierons un jour de nous avoir unis dans une vraie espérance pour un avenir équitable et en paix.

Bouseux ou racailles, « nous avons les gens, ils ont l’argent, et à la fin c’est nous qu’on va gagner… » (François Ruffin)

Jonathan MOUNAL, secrétaire général du MRJC

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