[PRIMAIRE DE LA GAUCHE] Dans son QG à la Maison de l’Amérique Latine, Manuel Valls a reconnu sa défaite et prononcé un discours devant une foule de journalistes et quelques sympathisants. Retour sur une soirée où l’ambiance n’était pas à la fête.

Décor feutré, sourires de circonstances, ambiance tristoune. À la Maison de l’Amérique Latine, fief de Manuel Valls, la morosité est de rigueur. Aux alentours de 19 heures, les journalistes sont déjà nombreux devant le pupitre à l’heure où l’équipe de France de handball remporte son sixième titre mondial. Pas de cohue ni de mouvement de foule.

Les minutes paraissent longues avant que le score ne soit annoncé. Mais ici sympathisants, organisateurs et équipe de campagne ne se font aucune illusion. Les mines des militants, peu nombreux, sont de plus en plus défaites. Parmi eux, Hugues accompagné de son fils de 15 ans. « Les gens passent et les idées restent, lâche-t-il. C’était une campagne pathétique, il n’y a pas eu de vrai débat mais des combats d’écurie très peu constructifs. Il y avait des logiques d’appareil ». Hugues milite au Parti socialiste depuis la campagne municipale de 1977 à Marseille, remportée par Gaston Deferre. La déception se fait sentir mais c’est surtout le doute qui habite l’électeur quand on lui demande s’il votera Benoît Hamon à l’élection présidentielle. « Malheureusement la réponse n’est pas évidente du tout, reconnaît-il. Il y a un débat de fond qui s’est posé de manière violente en peu de temps, je pense qu’il y a un vrai clivage et des cicatrices qui vont être difficiles à fermer ».

« Voter pour Hamon, c’est une chose. Militer pour Hamon, c’est autre chose »

Peu avant 21 heures, Manuel Valls arrive enfin. Il est accueilli par des « Merci Manuel, merci Manuel », scandés par ses supporters. L’ancien Premier ministre reconnaît que son adversaire « l’a  remporté nettement ». D’un coté, il y a des caméras qui filment le candidat et de l’autre, celles qui font des gros plans sur les mines déconfites des militant. Viennent les remerciements « à [son] équipe de campagne, à tous ceux qui ont voté » et une déclaration d’amour à la France. Les grands absents sont ses soutiens politiques qui l’ont accompagné jusqu’au dernier meeting d’Alforville. Ironie pour un ancien chef de gouvernement devenu en l’espace d’une soirée politique sans mandat.

Les militants semblent prendre la défaite avec philosophie. Comme Daniel, 18 ans, qui salue le discours de son candidat. Toutefois, la perspective Hamon n’est pas encore tout à fait envisagée. « Voter pour Hamon, c’est une chose. Militer pour Hamon, c’est autre chose », confie le jeune supporter. Pour Cyril, « Benoît Hamon n’a pas le choix, il sera obligé de fléchir son programme et de tendre la main vers l’électorat Vallsiste ».

Vers 21h45, l’armada de journalistes faiblit peu à peu. Cruelle fin de parcours pour Manuel Valls, qui quitte le QG pour rejoindre le siège du PS, rue de Solférino. C’est l’heure de la « photo de famille » pendant que toutes les pensées sont déjà tournées vers l’après.

Saïd HARBAOUI

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