Vendredi 13 avril, 17h30, quelques habitants des quartiers de Meaux se réunissent dans une salle de boxe, espérant assister à une joute verbale entre Karim Zeribi et Nicolas Sarkozy. Le président du parlement des quartiers a fait sienne la politesse des rois; il est à l’heure. Il attend le candidat à la présidentielle à côté des vestiaires. Nicolas Sarkozy, lui, se fait attendre.
Des rumeurs circulent dans la foule : viendra ? Viendra pas ? Peu importe, Jean-François Copé, ministre du budget, porte-parole du gouvernement et maire UMP de Meaux, commence son boulot de chef de village ; celui de faire en sorte que ses administrés, surtout les plus jeunes, ne lui foutent pas l’hchouma (la honte) devant le grand patron. Il rappelle donc tout le bien qu’il a fait dans cette ville depuis qu’il en est le chef. Honnêtement, mis à part certains points de divergences, tout le monde dans la salle semble reconnaitre que c’est un bon maire. Il appelle les gens par leur prénom, écoute les doléances, promet d’intervenir dans certains dossiers… « The proximity man show ».
Moi, du coup, j’ai pensé : « pas bête l’animal politique ! ». Avec cette union sacrée opérée entre les habitants et leur maire, qui va oser être impoli ou poser une question gênante au chef du chef ? Je me suis tout de suite mis à la place des Meldois : si Gilbert Roger écoute tous mes problèmes et promet de me recevoir pour arranger ma vie de bondynois; est-ce que j’aurai envie, juste après, de casser les pieds à Ségolène pour savoir si elle nommera des ministres issus de l’immigration, si elle est pour ou contre le vote des étrangers, si elle compte s’attaquer sérieusement aux discriminations ? Pas sûr. 18h30, Nicolas Sarkozy rentre dans la salle et ça démarre.
Idir Hocini