EUROPEENNES 2014. L’ancienne ministre de l’Ecologie et actuelle eurodéputée se lance dans une campagne qu’elle veut « citoyenne » dans l’objectif de faire élire, le 25 mai, une dizaine de personnalités issue de la société civile. Rencontre.

« Votez pour vous ». Voilà le nouveau slogan choisi par Corinne Lepage pour mener sa campagne des européennes. Elle s’est installée dans un local cossu du 3ème arrondissement de Paris, près de la station Saint-Sébastien Froissart pour tenter de créer la surprise dans un scrutin qu’elle dit déjà floué par le « mode de scrutin qui favorise l’UMPS ». Le rendez-vous est pris pour vendredi matin. L’équipe de campagne est en réunion et je suis accueilli par un sympathique « C’est le Bondy Blog ? Ah, enfin un média qui n’est pas à la solde des annonceurs », de la part d’un conseiller politique de Corinne Lepage. Le ton est donné. Le local est bien agencé et respire l’écologie. Deux énormes bouquets de fleurs couvrent la quasi-totalité de la table et des affiches rappellent l’attachement de la candidate pour la cause écolo. L’équipe est souriante, l’ambiance détendue.

Celle qui fut ministre de l’Environnement dans le gouvernement d’Alain Juppé de 1995 à 1997, se présente sous une nouvelle étiquette, Europe citoyenne. Le leitmotiv est de « construire l’Europe citoyenne » et les listes ont d’ailleurs été constituées selon ce credo, avec des citoyens et non des professionnels de la politique. Corinne Lepage se félicite également que toutes les listes d’Europe citoyenne soient menées par des femmes. En outre, elle précise que tous les candidats sont des « professionnels de l’écologie » et détaille leurs actions dans le domaine. « Je prône l’écologie d’action », aime-t-elle répéter.

Le refuge aux défaites électorales

L’ex-candidate aux élections présidentielles précise ce qui la sépare du grand parti écolo voisin, Europe Écologie les Verts : « Nous ne sommes rattachés à aucun grand parti et puis l’écologie n’appartient pas à un courant politique, elle est au-dessus de tout ça ». Corinne Lepage est attachée à l’Europe et c’est pour cela qu’elle se présente à ces élections : « Nous sommes contre l’idée d’élections européennes qui servent de refuges aux défaites électorales dans les pays respectifs ». La question de l’absentéisme de certains députés européens et de leur faible implication dans leur mandat est évoquée mais la présidente du parti Cap 21 préfère se concentrer sur ceux qui font bien leur boulot, distribuant quand même quelques bonnets d’âne.

Les Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou Harlem Désir sont visés. Le nouveau secrétaire d’État chargé des affaires européennes est légèrement taclé même si Corinne Lepage ne veut pas « tirer sur l’ambulance ». Par contre, elle « trouve scandaleux que les affaires européennes soient gérées par un secrétaire d’État » et son directeur de cabinet, François Damerval, abonde dans ce sens précisant qu’avec « 12 ministres différents en 11 ans sur la question, il est impossible d’avoir une politique globale et une continuité dans les actions entreprises ».

Corinne Lepage détaille ensuite le programme de ses listes pour les prochaines élections européennes. Elle revient sur le découpage électoral et juge qu’il faudrait « revenir à des listes nationales pour plus de clarté et d’égalité ». Pour sa part, elle sera tête de liste en Ile-de-France et promet des bilans de mandat réguliers pour « plus de transparence, comme je l’ai fait durant mon mandat actuel ». Sur les valeurs défendues par Europe citoyenne, Yannick Wezet-John, candidat en Ile-de-France parle de « retour à l’humain et à plus de proximité avec les habitants. Il faut aller chercher le vote des jeunes en arrêtant de leur raconter des bêtises et en leur présentant un message clair ».

Corinne Lepage reprend la main en évoquant les initiatives citoyennes européennes, mises en place en 2012. Si une pétition sur un sujet donné obtient plus d’un million de signatures dans au moins 7 pays différents de l’union, elle devra être prise en compte. Corinne Lepage souhaite qu’on réduise à 500 000, le nombre de ces signatures. Cependant, elle n’évoque pas l’inutilité de ces initiatives, car si elles obligent l’UE à les prendre en compte, elles peuvent tout à fait rester sans réponse. Avec ses listes, Corinne Lepage se place également en adversaire des lobbys, qui occupent une place trop importante dans les prises de décision européennes.

Jonathan Sollier

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