Il avait promis de mettre la jeunesse au coeur de son quinquennat. Cinq and plus tard, que pensent les jeunes de la décision de François Hollande de ne pas se présenter à sa propre réélection et de son bilan ? Le Bondy Blog a recueilli la parole d’étudiants des quartiers populaires. Ils nous répondent avec leurs mots, leurs impressions et parfois leurs doutes à cinq mois de l’élection présidentielle. Témoignages. 

« Ça n’est pas très courageux de sa part »

« Je ne m’attendais pas à ce que François Hollande ne se présente pas à la primaire. J’étais déçue. Ca n’est pas très courageux de sa part. Ce que je retiens de ces cinq années, c’est qu’il a été un très bon chef de guerre, il a su gérer la situation lors des attentats. Toutefois, je reconnais qu’il a mené une politique de droite de manière plus générale. Voter à la primaire de la gauche ? Je ne connais même pas les candidats qui se présentent ! A quoi bon ? Ils ont tous le même discours et ne font rien pour nous ».

Inès Fofana, étudiante en administration économique et sociale (AES) à Paris 1, Paris 19e :

« J’ai l’impression que le Premier ministre avait plus de poids que lui »

« François Hollande est arrivé au pouvoir à un très mauvais moment. La France était déjà surendettée. C’est difficile d’améliorer la situation en seulement cinq ans. Le bilan de son quinquennat est mitigé mais penche davantage vers le négatif. J’estime qu’il n’avait pas les épaules assez larges pour présider le pays. Je retiens l’image d’un président très peu apprécié des Français et l’impression que le Premier ministre avait plus de poids que lui ».

Sabrine Mimouni, 20 ans, étudiante en information-communication à Paris 8, Ivry-sur-Seine :

« La loi Travail a été le coup de grâce qui a fait fuir le peu de soutiens qui lui restaient »

« François Hollande a redonné à la présidence de la République son vrai rôle d’arbitre. Le contraste par rapport à l’hyperprésidence de Sarkozy ont poussé un certain nombre de Français à qualifier le chef de l’Etat de président « mou ». Au niveau des grandes lignes de son quinquennat, on peut parler d’une avancée sociale majeure avec le mariage pour tous. Sur le plan de la lutte contre le chômage, même si les derniers signaux étaient positifs récemment, on peut quand même dire que la politique globale est un échec. En revanche, je trouve que la question des attentats a été plutôt bien gérée. Le président a su trouver un juste milieu entre assurer la sécurité des Français et préserver leurs libertés individuelles. Même s’il s’est à nouveau mis à dos deux catégories de personnes : celles qui parlaient d’une remise en cause de l’Etat de droit par la mise en place de l’Etat d’urgence et sa prolongation et ceux qui réclamaient davantage de sécurité. La loi Travail a été le coup de grâce qui a fait fuir le peu de soutiens qui lui restaient ».

Simon Gonzalez,  21 ans, étudiant à Sciences Po, Pontault-Combault
« Le discours du Bourget n’est que le vestige d’une époque qui n’a même pas pris le temps de véritablement débuter« 
Je ne sais pas ce que je dois retenir de ce quinquennat de François Hollande : l’image d’un homme débordé par les événements ou celle d’un homme qui ne tient pas ses promesses électorales de campagne ? De ces cinq années au pouvoir, on ne peut pas oublier le passage en force de la loi Travail et les décès de Rémi Fraisse et Adama Traoré notamment. Ce sont des exemples parmi d’autres de la dérive de la gauche de gouvernement. Le discours du Bourget n’est que le vestige d’une époque qui n’a même pas pris le temps de véritablement débuter. L’étudiant que je suis constate une montée de l’islamophobie en France en l’espace de 5 ans, un système éducatif qui exclut des bacheliers de l’enseignement supérieur, le problème du chômage chez les jeunes. La démission de Taubira est le symbole de ce quinquennat, une femme pleinement de gauche qui emporta avec elle ce qui restait de respectable dans ce gouvernement. »
Lucas Alves Murillo, 20 ans, étudiant en Histoire à la Sorbonne, Paris 18e

« Je trouve que François Hollande a pris une décision lucide »

« Je trouve que François Hollande a pris une décision lucide. C’était la meilleure solution pour lui. Je retiens les efforts réalisés en faveur du mariage pour tous et son engagement dans la politique étrangère, notamment la décision d’intervenir militairement au Mali pour repousser les groupes armés islamistes. L’éducation n’a pas vraiment été sa priorité. Si je devais aller voter à la primaire de la gauche, je voterais pour Manuel Valls. Parce que Macron, avec son mouvement « En marche », n’est ni de droite ni de gauche. Il le dit lui-même. En 2002, quand Jean-Marie Le Pen est arrivé au second tour, tout le monde a fait barrage pour empêcher qu’il accède au pouvoir. Pas sûre que cela se reproduise en 2017 Marine Le Pen ».

Parfaite Kalala, étudiante en Gestion à Paris 1, Paris 13e

Propos recueillis par Sarah ICHOU, Sabrina ALVES, Fatma TORKHANI et Yousra GOUJA

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