« Il est où ? Je ne le vois pas! »Cela fait maintenant plusieurs heures que les jeunes blogueurs du Bondy Blog attendent de pied ferme l’invité de la semaine du Bondy Blog Café. Chez Kahina, Imane et Alexandre la tension est palpable. «Il est dans la meute de journalistes c’est impressionnant». Mais Edouard Zambeaux reprend les choses en main : « Allez concentrez vous, François Hollande est un invité comme un autre, vous êtes légitimes pour lui poser vos questions ça va bien se passer ». Mais voilà que le candidat socialiste s’est extirpé des griffes des journalistes. Le Bondy Blog café n°7 peut commencer.

Après avoir siroté son Perrier menthe au bar, François Hollande est confronté à la vidéo de la conférence de rédaction. Les blogueurs sont unanimes : le candidat socialiste ne soulève pas les foules. « Il veut faire candidat proche des quartiers populaires mais on voit bien que ce n’est pas le cas ». Kahina cherche à savoir si cela vient de la manière dont le candidat mène sa campagne : « Vous êtes un peu comme un équipe de football qui mènerait deux à zéro et qui jouerait la montre? » François Hollande ne file pas la métaphore et rappelle l’état déplorable des finances publiques et de la conjecture internationale. Mais il prévient : « Tous ceux qui m’ont sous estimé ont perdu ! »

Mais alors, d’où vient le désintérêt des habitants des quartiers populaires pour la politique ? Le candidat socialiste a sa petite idée. « Il n’y a pas eu de campagne du gouvernement pour les inscriptions sur les listes électorales. C’était un choix délibéré ». Lui était à Bondy en décembre 2011 pour parler banlieue et vote. Le PS n’a-t-il pas une part de responsabilité dans ce désintérêt ? Entre banlieue et socialistes la rupture est-elle consommée« Non je ne pense pas. Je tiens à souligner l’action exemplaire des élus de terrain. Mais il faut se rappeler que rien n’est acquis, on ne vote pas nécessairement à gauche lorsqu’on est pauvre ».

En témoigne le reportage de Latifa Zerouki sur le bilan de l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine)  où un jeune prend à parti le maire communiste. Dans ce quartier de Stains, la construction d’immeubles flambants neufs n’a pas été accompagnée d’ouvertures de commerces ou de rénovation d’équipements sportifs. Comme la majorité des candidats, François Hollande se dit favorable à un deuxième plan de rénovation urbaine, qu’il voudrait « plus axé sur l’humain » sans préciser d’avantage. Les exemples locaux menés par les maires socialistes nous donnent un aperçu de ce que serait une politique socialiste de la ville, comme ici avec l’exemple d’Aubervilliers. Le candidat PS prend cependant plusieurs engagements forts : monter à 25% le taux minimum de logements sociaux dans chaque commune, multiplier par 5 les amendes. Une innovation : le candidat fait sienne la proposition des maires de l’association Ville et Banlieue d’instaurer un SMIC communal. Chaque ville recevrait un budget minimum proportionnel à sa population : « C’est la question de la solidarité qui est posée. L’écart de revenus entre deux villes devrait être limité à un rapport de 1 à 10 », contre 1 à 45 aujourd’hui. Ainsi peut être que la banlieue cessera d’être la Grèce de la République.

Alexandre tente alors de coincer le candidat socialiste sur la sécurité : « Vous avez condamné les propos de Nicolas Sarkozy  qui voulait nettoyer les banlieues au Karcher, vous êtes en désaccord sur la forme mais sur le fond n’a-t-il pas raison ? » Sa réponse : « Au contraire la forme est très importante. C’est une question de respect.» Sur le fond, le candidat critique l’organisation actuelle de la police qui est extérieure aux quartiers et prône le retour d’une police de proximité qui pourra restaurer une relation « respectueuse » entre les habitants et les forces de l’ordre.

Dernier rituel. François Hollande signe sur la pancarte « Bondy Blog Café » et lit les signatures de ceux déjà passés. Il donne rendez-vous en mai prochain puis s’en va rejoindre la cohue médiatique qui l’attend dehors.

Rémi Hattinguais

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