Il y a des signes qui ne trompent pas. Pour la cérémonie d’investiture de François Hollande, il fallait descendre au métro « Bibliothèque François Mitterrand ». Il y’a des signes qui ne trompent pas. En sortant du métro, il y a avait cette affiche du Front de gauche, usée et déchirée. Sur le point de s’envoler bien loin de là. Samedi, les signes avaient des sens.

En face du Hall Freyssinet, où le Parti Socialiste avait décidé d’investir son candidat, la Bibliothèque François Mitterrand règne royalement. Le soleil transperce les baies vitrées. Un train désaffecté dépérit sur le chemin de fer qui accole le hall. A l’intérieur, Martine Aubry, perdante au torse bombé, s’est déjà élancée dans son discours. « Ca me semble difficile d’organiser un colloque sur le programme de l’UMP, parce qu’ils n’ont pas de programme » s’enrage-t-elle.

Il n’en fallait pas plus pour faire s’agiter les 4.000 militants. Les drapeaux s’excitent. La première secrétaire, enserrée d’un collier autour du cou, promet que le parti socialiste « sortira vainqueur ». Jean Michel Baylet monte au front. Il y a des signes qui ne trompent pas. Le radical, à l’accent qui titille, dit : « Bravo Ségolène, merci Manuel et que dire d’Arnaud ? ». L’heure semble à l’unité. Avant l’ultime combat.

Un journaliste politique traine dans les rangs. « Par rapport à 2006 et l’investiture de Royal, tout est bien huilé » remarque-t-il. Même les fausses notes sonnent vraies. A la boutique, les militants s’arrachent les t-shirts à l’effigie de François Hollande :  « H is for HOPE » (H est pour espoir). « Moi, j’y crois, j’ai voté Hollande depuis le début » se vante une dame, qui s’est offert la panoplie « pour quatre euros ».

Jean Michel Baylet clame « la dépénalisation du cannabis ». Les jeunes socialistes l’acclament. Ils sont aux anges. Un seul reste scotché à son siège, impassible : « C’est pas la priorité ». Et de poursuivre, quand même confiant : « Y’a une vraie dynamique ». Ségolène s’en va battre le pavé sur la scène. La candidate, battue en 2007 et abattue en 2011, lance son soutien à François. Elle aussi.

François, celui qui combattra pour le parti rose, s’en va enfin rejoindre le pupitre. Un petit film où l’on voit Mitterrand/Badinter/Jospin l’introduit. Il y’a des signes qui ne trompent pas. Il doit succéder à ces grandes figures. Il doit être le prochain à goûter au pouvoir. La salle, pas pleine, s’échauffe gravement. Un jeune militant, qui s’est battu pour Aubry depuis le début, cuve mollement : « Hollande, c’est pas la gauche qui cible les salariés. C’est pas la gauche de Martine ».

La voix d’Hollande prend le hall. Le discours dure. « Nous étions dans la pluralité, nous sommes maintenant dans l’unité ». S’éternise. « Je propose un pacte éducatif. La jeunesse est ma priorité. Pourquoi est-elle si mal traitée ? ». La sono crache une musique de meeting. Hollande serre la pince à ceux qui, pendant six mois, braveront vents et fraicheurs pour lui.

Valerie Trierweiler, l’épouse royale du candidat, glisse discrètement : « Bon… Bah c’était bien ». Jean Michel Ribes, dramaturge et bouffeur de culture, adhère à Hollande : « Même s’il n’en a pas beaucoup parlé, c’était un discours d’une grande culture ». François se noie dans le flot de journalistes. Harlem Désir, de loin, lui dit de rester dans la lumière des projecteurs. Il y a des signes qui ne trompent pas.

Mehdi Meklat et Badroudine Said Abdallah.

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