Isabelle Bruneau est venue doucement à la politique. Née dans l’Indre, elle est professeur de sciences économiques et sociales à Issoudun depuis 1998. Elle s’engage à ce moment-là dans le syndicalisme en tant que militante CGT. Elle s’implique dans sa commune et dix ans plus tard, elle devient maire adjointe aux associations et au tourisme avec l’étiquette PS. Ce sont ses premiers pas en politique locale.

Il y a deux semaines, elle a acquis le titre de première député femme de l’Indre. Bien sûr, l’effort lancé par François Hollande pour instaurer plus de parité dans son parti puis dans son gouvernement n’y est sans doute pas pour rien dans son élection. Néanmoins, il n’y a pas que cela. Isabelle Bruneau aime à se dire que « les gens ont peut-être envie de faire confiance à une femme. C’est peut-être ça aussi le changement. » Et puis, la nouvelle génération est sans doute moins conservatrice. Mais attention, pour elle, pas question d’être une député féministe. « J’apporterai ma vision de femme et certainement une sensibilité sur certains dossiers » tempère-t-elle.

« Revenir à une société de justice sociale »

« Le PS m’a demandé si je voulais y aller. J’ai accepté. » La nouvelle députée s’exprime sans exaltation. Elle prend les choses comme elles viennent. Mais avec engagement. « La politique en place ne correspondait plus à mes valeurs. Mes objectifs au sens très large, c’est revenir à une société de justice sociale, arrêter avec les privilèges car à ma connaissance on n’est plus dans une société féodale » explique-t-elle toujours sur le même ton calme et tranquille.

La prof d’éco, qui a posé une disponibilité pour cinq ans s’intéresse principalement aux questions d’éducation et à des thématiques bien rurales. Les déserts médicaux notamment, « il y a des zones rurales où l’on peine à trouver un médecin ». Il n’est pas rare d’attendre près d’un an pour obtenir un rendez-vous chez l’ophtalmologiste dans certains coins… C’est donc pour elle une question d’égalité d’accès aux soins qu’il faut établir. Un autre point important :  les transports. Il est essentiel de « désenclaver le département pour multiplier les opportunités économiques ». Un effort qui passera peut-être par l’arrivée du TGV dans le Berry. La prof d’économie n’est jamais bien loin… Il faut motiver « le cercle vertueux ».  « Je suis persuadée que c’est par la relance économique que la situation se redressera » explique Isabelle Bruneau. Sa version est aussi celle du gouvernement…

« La députée de la proximité »

Isabelle Bruneau a réalisé la performance de détrôner le candidat UMP sortant Nicolas Forissier. Il « régnait » sur sa circonscription depuis 1993. Elle a obtenu une victoire large avec 55,18% des voix. Elle explique ce score simplement. Elle concède que le contexte à sans doute favoriser son résultat mais elle souligne qu’elle a mené une campagne active : « Je suis allée faire du porte à porte, je suis allée dans les quartiers populaires, sur les marchés. » Cette femme quasi-inconnue avant ces élections a su se faire un nom. « J’ai fait campagne pour être la député de la proximité » rappelle-t-elle. Quand on lui demande si elle compte rester proche du Berry, son planning commence à se dessiner. La députée sera à Paris du mardi au jeudi et dans l’Indre le vendredi et le samedi à la disposition des Indriens. Une organisation qui chamboule un peu sa vie familiale. Heureusement, il y a l’été pour que la petite dernière s’habitue à revoir voir sa maman découcher. Isabelle Bruneau insiste sur le fait qu’elle n’est pas une carriériste. Son objectif : « je n’ai pas fait cette campagne pour prendre le pouvoir mais pour transmettre des convictions. »

A peine élue dimanche, le mardi elle était en visite à l’Assemblée nationale pour les formalités administratives. « C’est impressionnant », décrit-elle, « mais ça va, on est bien guidé ». Et puis, elle a reçu la fameuse mallette dont nous avons découvert le contenu : le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, l’insigne de député, l’autocollant pour la voiture et l’écharpe de député. Un début de carrière que nous suivrons de près.

Charlotte Cosset

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