La tente quechua de Stéphane Gatignon est toujours dressée au pied de l’Assemblée nationale. Et pour cause, sa grève de la faim n’a aucune raison de s’arrêter. Entamée depuis 5 jours, il a promis de ne pas se nourrir tant que la ville de Sevran qu’il administre n’aura pas reçu une dotation de 5 millions d’euros.  « La faim c’est rien, c’est dans la tête. Par contre le froid ça ce n’est pas une invention de l’esprit… », affirme l’élu emmitouflé dans une laine.

Pourtant sa grève aurait dû s’interrompre à en croire les déclarations du ministre de la Ville, qui affirmait, il y a trois jours, que le budget de Sevran serait bouclé : « Les 4,7 millions promis par le ministre de la Ville c’est une avance sur dette. Ça boucle le budget, mais  pas les comptes administratifs et surtout pas le problème de toutes des communes pauvres pour qui je me bats aujourd’hui », affirme le maire de Sevran.

Les représentants de Stéphane Gatignon ont rencontré plusieurs ministres. Leur demande : un fonds d’urgence pour les communes pauvres. Sans succès. L’élu Europe Ecologie-Les Verts est amer : « Les déclarations du Premier ministre, hier, représentent une fin de non recevoir. Le vote à l’Assemblée nationale l’a entérinée. C’est une humiliation pour les habitants de banlieue ».

Les déclarations de François Hollande qui a eu un mot lors d’une conférence de presse pour les villes les moins riches  et la péréquation est la seule note d’espoir de Stéphane Gatignon. Mais pour le reste… « Le président a dit qu’il fallait partager les richesses. Des maires, y compris à gauche, assis sur de véritables coffres forts, ne veulent pas partager. Ce que je demande c’est un fonds d’urgence pour les communes pauvres »

Autour du maire, quelques soutiens. Un entrepreneur en bâtiment lui offre un bouquet de fleurs, des habitants de Sevran lui donnent des nouvelles de son fief, et Karim Zéribi, député européen sous bannière écologique : « C’est une honte d’en arriver là. Ce que je vois là c’est le combat des quartiers populaires. Il y avait toutes les raisons de penser qu’un gouvernement de gauche prenne le problème à bras le corps. Mais là, rien ou si peu. »

Le maire de Sevran affirme vouloir continuer la lutte jusqu’au bout : « J’en ai mare d’être un maire mendiant. C’est un non respect par rapport aux populations. C’est insupportable. J’invite le Premier ministre à venir à Sevran pour expliquer aux ouvriers sur les chantiers pourquoi ils ne seront pas payer, et aux parents d’élèves pourquoi les écoles de leurs enfants vont devoir fermer. Quand on fait des choix on doit les assumer».

Kahina Mekdem et Idir Hocini

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