Jour ensoleillé de marché à Montreuil, candidats et sympathisants battent le pavé, distribuent tracts, poignées de mains et sourires. Sept listes à gauche, pour une à droite, les élections ont des airs de primaires. 

La température extérieure, 19°C à l’ombre pour ce dimanche 9 mars, n’est pas ressentie de la même manière par les candidats. Pour certains, les résultats du sondage TNS Sofres du 5 mars ont certainement eu l’effet d’une douche froide, puisque l’ancien édile est donné gagnant avec 29% des intentions de votes au premier tour. Il y a celui qui ne laisse pas indifférent, qu’on l’aime ou qu’on ne veuille plus en entendre parler : Jean-Pierre Brard, tenant du titre avec quatre mandats de maire, de 1984 à 2008. Benoit, ancien intermittent du spectacle, entretient aujourd’hui des liens professionnels directs et réguliers avec les élus et les services municipaux de l’événementiel.

Affiche_sondage_BrardAffiche_sondage_BrardIl ne jure que par lui : « Il a de bonnes idées. Il est humain et proche des gens. Le maire, ce n’est pas une question d’homme ou de femme, c’est une question d’humanité. » Même constat avec Ingrid, 36 ans, qui se promène avec ses deux enfants. « Je suis née à Montreuil et j’ai toujours connu Jean-Pierre Brard. » Qu’a-t-il de plus que les autres ? : « Il m’a aidée à trouver un appartement quand j’en ai eu besoin. En six mois c’était fait. C’est clair, avec Brard il n’y a aucun souci. »

Le doyen de la course à la mairie a aussi lassé certains citoyens, comme cette dame de 70 ans, qui habite depuis 40 ans à Montreuil et qui répond très clairement par la négative quand je l’interroge plus généralement sur les municipales : « Brard c’est non ! Il a été maire pendant 25 ans, il a été député. Et il n’a rien fait. Ce n’est pas maintenant qu’il va faire quelque chose. Les mûrs à pêches ont été abandonnés. Il ne s’en est jamais occupé ! Il faut laisser la place aux jeunes. »

Laporte_camionAutre figure locale : Mouna Viprey, qui recueille les voix de deux sympathisants, que je rencontre au gré de ma promenade dominicale. Jean-Luc, tout d’abord : « je ne suis pas pour Voynet, ni pour les autres vieux de la politique. » Pour lui aussi « il faut laisser la place aux jeunes. » Pourtant, Manon Laporte est passée chez lui. Mais, « c’était juste comme ça, pour cinq minutes. Pendant ce temps-là elle dit bien ce qu’elle veut » dit-il.

Ce qui l’a convaincu chez Mouney Viprey ? « La politique c’est pas son métier. Elle a un métier comme vous et moi. Et elle donne l’impression qu’elle nous écoute et qu’elle veut redonner de place aux gens. Bon, je dis bien qu’elle donne l’impression, hein ! » C’est un ami qui lui a proposé de l’accompagner à un meeting. Il y a fait son choix. Barbara aussi optera pour Viprey. Pour elle, il y a beaucoup de listes à gauche et son choix s’est fait tout simplement parce que : « je la connais personnellement et que je partage ses valeurs pour la jeunesse » explique-t-elle.

Dufriche_veloPour beaucoup : les politiques sont tous les mêmes. « C’est les mêmes vieilles canailles qui se représentent toujours, me lance un retraité, qui ne vote plus depuis longtemps. » Une autre dame croisée à la terrasse d’un café ne sait toujours pas à qui donner son vote : « il y a beaucoup de listes de gauche. Je n’ai pas choisi. J’irai voter, mais je n’aime pas la politique ». Elle habite Montreuil depuis 10 ans. Une autre jeune femme de 21 ans, trop pressée pour me donner son prénom, est catégorique : « la politique ça ne m’intéresse pas. Je n’irai pas voter », même si elle dit s’être inscrite sur les listes électorales.

Hammadi_kakemono2D’autres candidats ne sont même pas cités par les futurs électeurs. Pourtant, leur équipe de communication ne lésine pas sur les moyens : kakémono pour Razzy Hammadi, vélo triporteur pour Ibrahim Dufriche et camion floqué pour Manon Laporte.

Spécificité montreuilloise ? Un quart des personnes abordées n’iront pas voter parce qu’ils n’ont pas la nationalité française. Au fait, y-a-t-il un candidat qui se batte pour le vote des étrangers ?

Bouchra Zerouala

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