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Les élections municipales ont obligé François Hollande a changer de cap, à tribord. La nouvelle embarcation navigue en eaux troubles mais fait le pari d’arriver à bon port.

Tout s’est passé très vite : le 30 mars, les résultats du deuxième tour des élections municipales soulignent l’échec cuisant de la politique du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Moins de 24 heures après, François Hollande annonce un remaniement ministériel au cours d’un discours « solennel » adressé aux français. L’actuel président a reconnu dans un premier temps ses tords pour, ensuite, annoncer un changement radical. Il commence son allocution en mettant en avant le fait qu’il a « entendu personnellement le mécontentement des français ».

Après avoir remercié, en une trentaine de secondes, le gouvernement Ayrault, il annonce le nom du prochain Premier ministre afin « d’ouvrir une nouvelle étape » de son quinquennat : Manuel Valls qui aura pour mission de mener « un gouvernement de combat ». Afin de trancher avec l’image d’un président indécis, François Hollande « fixe un cap » en énonçant les trois principaux objectifs de l’action du prochain gouvernement.

« Redonner de la force à l’économie française ». Pour se faire, il compte sur le pacte de responsabilité. Afin d’apaiser la colère de l’électorat de gauche, il évoque une transition écologique sur le territoire afin de moins dépendre du nucléaire et du pétrole. Cependant, nombreux sont ceux qui attendent les prises de positions du nouveau chef du gouvernement sur des sujets tel que l’exploitation de gaz de schiste ou la fermeture des centrales nucléaires françaises.

« La justice sociale ». Plus le quinquennat de François Hollande avance, plus la colère gronde à gauche. C’est ce qu’ont mis en évidence les élections municipales. Pour tenter de renverser la vapeur, il annonce un contrepoids au pacte de responsabilité : « le pacte de solidarité ». Diminution des cotisations sociales pour les bas salaires et baisse des impôts pour les classes populaires, le tout d’ici 2017… Comme le hasard de l’agenda politique fait bien les choses !

« Convaincre nos partenaires européens ». Le président de la République a souhaité conclure son discours en s’inscrivant dans un cadre dépassant les frontières nationales. Les « preuves » que l’hexagone devra fournir à ses partenaires européens seront, selon François Hollande, un regain de compétitivité et une économie nationale qui se porte mieux.

Pour conclure, François Hollande condamne ces « vaines querelles » dans lesquelles les Français perdraient leur énergie, faisant les affaires des partis extrémistes. Mais ces disputes, n’auraient-elles pas fait moins de bruit si le président socialiste avait tenu ses promesses électorales ? Des mesures comme l’Accord National Interprofessionnel, la refonte du système des retraites, le pacte de responsabilité,… ne sont-elles pas autant de projets qui avaient été envisagés, sur le fond, par Nicolas Sarkozy lors du mandat précédent ?

Lors de ce discours, François Hollande tente un remodelage total de son image, en portant un regard critique vis-à-vis de sa propre politique. La nomination de Manuel Valls, l’homme à la poigne de fer, à Matignon s’inscrit dans cette rupture. Pour contrebalancer l’arrivée de l’ancien ministre de l’Intérieur à la tête du gouvernement, le président a annoncé l’ouverture d’un « volet social » qui, jusqu’ici, est passé quasiment-inaperçu.

La seconde partie du quinquennat sera-t-elle radicalement différente de la première ? Rien de moins sûr. Bien que voulant se montrer incisif, l’indécision de François Hollande ressurgit avec la nomination de M. Valls au poste de chef du gouvernement d’un côté, tout en évoquant l’envie d’entreprendre une série de mesures « sociales » de l’autre.

Tom Lanneau

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