Les journaux l’ont annoncé : Hollande a conquis les terres seine-et-marnaises, faisant reculer dans les urnes le président sortant. C’est ce qui se répète pour que la victoire du président Hollande soit complète. Maintenant que le gouvernement est formé, que l’ivresse du changement est passée, on peut annoncer la vérité. C’est faux. Hollande n’a pas supplanté Sarkozy. Si on devait mesurer les résultats nationaux à l’aune de ceux obtenus en Seine-et-Marne, un seul constat : la droite s’impose pour l’instant, de justesse certes, mais elle passe. Dans la sixième  circonscription, dans laquelle se représente Jean-François Copé, soit les cantons Meaux (Nord et Sud), elle devance la gauche à quelques centaines de voix. Mais sur le terrain, les ressentis des gens sont plus contrastés.

Une nuit de liesse a suivi la victoire du PS, comme le raconte Monique, habitante du quartier Colbert à Beauval. « Les jeunes hurlaient de joie sur mon palier. » Et elle, comment elle a vécu cette élection ? «  Ça fait trente-sept ans que je vis ici. J’ai envie de faire confiance au nouveau président et à son gouvernement. » Même si elle admet que Jean-François Copé  a fait des choses pour la ville, elle est une grande déçue de sa politique, avec des arguments pour le moins insolites : « Il a mené la rénovation urbaine, mais seulement dans certains quartiers.  Chez moi, il a regroupé tous les étrangers et a créé un melting-pot. Il a fait des promesses qu’il n’a pas tenues ». Et de rappeler la visite effectuée par Nicolas Sarkozy, où l’on voit « le beau Meaux », mais pas son quartier à elle.

Linda, 25 ans, mère de deux enfants, vit dans un bâtiment jouxtant les quartiers rénovés, square Couperin. À Beauval, ce quartier a un  nouveau visage depuis qu’on a implosé les nombreuses tours fin des années 90, mais tout le monde n’apprécie pas. Antoine, maçon de profession, y a vécu longtemps aussi : « Copé n’est pour rien dans cette rénovation urbaine. Il n’avait pas d’autre choix que de détruire les immeubles. C’est la loi. » Agacé par l’idolâtrie dont est entouré Copé, pour lui, ce sera Front de Gauche. « Comme tous les mecs du quartier qui réfléchissent. »

Ils s’accordent tous sur une chose : ils iront voter. Ils voient les législatives comme la continuité des présidentielles. Même Jacky, 79 ans : « Je suis d’accord pour laisser sa chance au gouvernement actuel. Ayrault parle allemand, il va réchauffer les relations avec Berlin, Hollande sait l’anglais, c’est bon pour nos relations avec Obama. » Monique renchérit : « Il a donné le vote à tout le monde, même aux étrangers, on va peut-être pouvoir vivre ensemble, ça va apaiser les tensions, faire oublier le Kärcher et tous les propos tenus par Sarko. »

Si tout le monde sait qui se présente pour l’UMP, l’identité du candidat PS reste confuse. « C’est pas Bricq ? » Figure historique du PS en Seine-et-Marne, elle est désormais ministre de l’Écologie au sein du  gouvernement Ayrault. Seule Marie, 26  ans, a eu vent des programmes des candidats de gauche, dont elle est sympathisante. « Je n’ai eu pour l’instant que le nom du suppléant pour le PS, Saïd Rezeg, j’ai déjà rencontré Guillaume Quercy, qui se présente pour le Front de Gauche. J’attends les tracts avec impatience. » Candidats, hâtez l’heure de vos réunions publiques, les Meldois ont hâte de vous connaître.

Dolores Bakèla

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