D’habitude, c’est place de la République à Lille, qu’ils se réunissent, tous les mercredis après-midis. Mais depuis plusieurs semaines, le collectif des sans-papiers de Lille multiplie les opérations coups de poings. Cette fois-ci, c’est le siège lillois de l’UMP, situé en centre-ville, qu’ils ont investi.

Ils étaient environ une petite cinquantaine à occuper les locaux du parti majoritaire dès le début de l’après-midi. Près de quarante militants syndicalistes et politiques avaient investi le palier, à l’extérieur du siège. Parmi eux, le PCF, SUD et la CGT. Sur place, aucune discussion possible entre les sympathisants UMP et les sans-papiers. A 15 h 30, le directeur départemental de la Sécurité publique, Didier Perroudon, les menace : « Vous avez une demi-heure pour évacuer les lieux. Passé ce délai, je fais évacuer. Et, en plus, il y aura des contrôles d’identité. » Vers 16h, les forces de l’ordre sont intervenues délogeant les sans-papiers situés à l’intérieur : «  L’évacuation était brutale. Environ 150 CRS ont gazé et attaqué les sans-papiers à coups de matraque », affirme Rabah Moussouni, membre du collectif. Sept sans-papiers de nationalité algérienne sont interpellés. «  Des Algériens car ils représentent la majorité du collectif » , explique Rabah Moussani qui craint qu’ils soient expulsés du territoire pour intimider le reste du mouvement.

«Cette majorité gouvernementale mène une politique raciste et xénophobe mais occuper les locaux de l’UMP, c’est une manière d’entrer dans la campagne et d’interpeller le candidat Nicolas Sarkozy sur la question des sans-papiers ». Le collectif attend désespérément un entretien avec le préfet. Un rendez-vous demandé depuis plusieurs mois. En vain.

Car depuis début 2012, les sans-papiers lillois ont déjà organisé deux sorties médiatisées. A l’occasion des vœux prononcés par Nicolas Sarkozy à l’adresse des fonctionnaires lillois en janvier, ils avaient occupé le hall de la faculté de droit. Objectif : « interpeller le chef de l’Etat sur la question de la dignité et des droits des sans-papiers », déclarait à l’époque le collectif.

En février, c’est la direction du Travail qu’ils ont investie et en mars, les locaux d’Emmaüs dans le quartier wazemmois. A chaque fois, les militants fustigent l’attitude brutale des policiers. Des personnes sont blessées, certaines, victimes de malaise, hospitalisées.

Pour  Loic Cathelain, directeur de cabinet de Bernard Gerard,  député UMP du Nord « Ce  ne sont pas des méthodes républicaines dignes du débat démocratique. Quand on arrive à 100 dans des locaux et qu’on hurle, on n’est pas dans la même façon de discuter. Mais ils cherchent la médiatisation». Les militants sans-papiers, eux, décideront de leur action à venir. Ils n’écartent pas une éventuelle occupation des locaux de la préfecture et attendent toujours des nouvelles du préfet.

Nassira El Moaddem

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