Il ne se rase pas encore mais y pense tous les jours. A l’âge où il devrait passer ses journées à jouer aux jeux vidéos et à colmater devant les téléréalités, Giuseppe, 14 printemps, ne jure que par la politique.

Mon premier déclic remonte à l’âge de 10 ans. J’accompagnais un ami en vacances chez sa famille, dans le centre de la France. Les repas étaient organisés en deux groupes distincts : les enfants et les adultes. Moi, je rentrais dans la première catégorie. Mais lorsque les sujets politiques étaient abordés par les adultes, je ne pouvais m’empêcher d’y prendre part et de laisser mes occupations de côté. J’étais comme absorbé par le sujet… Par la suite, je fis des répliques de ces discussions chez moi. Comme ma famille est plutôt politisée, je pouvais leurs poser toutes sortes de questions sur la politique.

Et puis, lors d’une journée nuageuse de mars 2012, après leur avoir demandé de participé a ma première manifestation,  je me suis retrouvé dans un cortège chaleureux aux cotés de ma famille, place de la Bastille… Je manifestais avec énergie, quand un homme muni d’une cravate et d’une fleur rouge, à l’allure de tribun, prit la parole. Ce dernier entama un discours sur la VIe République, remplit de métaphores et d’espoir. Ses phrases sur sa volonté que le peuple redevienne souverain canalisa la foule. Depuis ce jour là, je sus que mon engagement politique serait à gauche et que le peuple devait regagner sa souveraineté sur la classe dirigeante.

Pour continuer sur ma lancée avec le Front de Gauche, je me suis rendu seul, aux assises citoyennes du 3 juin dernier, organisé par le Parti communiste français. Cette rencontre portait sur la thématique « Une autre politique à gauche, pour la France et l’Europe ». J’ai vécu cette rencontre comme un regroupement chaleureux de personnes qui ne font pas de distinctions négatives, selon que l’on soit pauvre ou jeune. Ils se rassemblent juste pour réclamer de quoi vivre et une façon plus humaine de traiter les difficultés des citoyens.

L’autre jour, sur le marché d’Aubervilliers, j’ai pris contact avec une militante de Lutte Ouvrière. Après de longues discussions, elle m’a appris la notion de lutte de classe et les préceptes de la révolution communiste. Par le biais de cette rencontre, j’ai commencé à bénéficier d’une éducation populaire (l’éducation populaire est un courant de pensée qui cherche principalement à promouvoir, en dehors des structures traditionnelles d’enseignement) en allant à leurs exposés, au théâtre de la Mutualité.

Mes amis de mon âge ne sont pas scandalisés par ma passion pour la politique, mais si j’en parle trop, j’ai parfois droit à des commentaires comme « la politique c’est pas de ton âge » ou « j’en ai marre, tu ne parles que de ça ». Je n’y prête pas attention.

Aujourd’hui j’ai 14 ans et  je suis engagé en politique. À cause des scandales récents, de Bettencourt à Cahuzac, en passant par DSK, les camarades de mon âge sont apolitisés. De leurs bouches, je n’entends que des « menteurs », « incapables », « tous pourris »… » Me concernant, depuis mon plus jeune âge, des séries de questions me tourmentent : qui gère notre système ? Comment ? Pourquoi certaines personnes sont délaissées par la société ? Notre devise nationale « liberté, égalité, fraternité » a-t-elle encore un sens quand un SDF demande de quoi manger à des passants qui détournent leurs regards d’un air coupable ?

Giuseppe Aviges

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