Face à la crise, le Président Sarkozy s’obstine à refuser d’engager un plan de relance en faveur d’une augmentation du pouvoir d’achat des revenus modestes. Son principal argument réside dans la crainte qu’une embellie du pouvoir d’achat bénéficiera principalement aux produits importés. C’est ce qu’il traduit par « verser de l’eau sur du sable ». Cet argument est infondé pour deux raisons : la première est que les produits importés représentent seulement 7% des dépenses de la consommation des ménages* en France. De facto pas réellement significatif économiquement mais c’est tellement simple d’exploiter encore une fois la peur de l’étranger qui s’enrichit sur notre dos…

La seconde raison s’appuie sur la réponse à cette question : pourquoi ce qui est valable pour les plus riches ne l’est pas pour les « misérables » ? En effet, le gouvernement nous a patiemment expliqué que le bouclier fiscal de 15 milliards d’euros (chaque année) permettrait de relancer la consommation. Alors pourquoi dans notre pays, en matière de justice fiscale, ce qui est vrai pour Rockefeller ne l’est plus pour Gavroche ?

Une autre politique est possible, comme le démontre en Angleterre le Premier ministre Gordon Brown qui n’a pas hésité à baisser récemment la TVA de 2,5 points afin de soulager le porte-monnaie des plus modestes, tout en augmentant en compensation les impôts des tranches supérieures.

Il faut savoir que pour les 10% les plus riches en France, la part dans leurs revenus de la TVA ne représente que 3% alors qu’elle est de 8% pour les 10% les plus pauvres. Il est donc grand temps de réformer cet impôt injuste qui collecte 51% de nos recettes fiscales.

Cette autre politique passe aussi par une revalorisation significative des salaires à commencer par le SMIC (17% des salariés dans notre pays), ce qui entrainera un effet domino sur les salaires supérieurs. Et pour cause ! En tant qu’entrepreneur du BTP, si j’augmente fortement mes ouvriers-manœuvres (qui touchent déjà plus que le SMIC), inévitablement mes ouvriers qualifiés précéderont mes chefs de chantiers, qui précéderont mon conducteur de travaux au seuil de mon bureau pour négocier leurs rémunérations, et c’est valable pour tout organigramme.

En définitive, le véritable enjeu de cette politique en faveur du pouvoir d’achat est d’inverser enfin l’inégale répartition des richesses de notre société.

Malgré tout, si notre Président ne veut pas en démordre et refuse de changer de politique – sans vouloir jouer les Cassandre – nous allons vivre prochainement une terrible crise sociale. Peut-être que M. Sarkozy ne se rend pas réellement compte des douleurs du pays. C’est pourquoi nous devons l’interpeller par tous les moyens afin qu’il réalise l’urgence sociale et par là même saisir intimement cette affirmation récente de Bill Gates : « Si les plus pauvres vivaient parmi nous, nous serions infiniment plus incités à les aider. »

Yacine Djaziri

*70 milliards sur 1000 milliards d’euros, chiffres de la Comptabilité nationale.

Yacine Djaziri

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