Quel est le rapport entre la dépollution de l’eau et la paix au Proche-Orient ? Dans son discours ouvrant le sommet de Paris pour la Méditerranée, hier au Grand Palais, le président Nicolas Sarkozy a zappé les « grands projets concrets » qui forment pourtant le cœur de l’Union pour la Méditerranée (UPM), suite du Processus de Barcelone. Il n’a eu de mots que pour la pacification entre Israël et la Palestine. Il a exhorté les Etats du pourtour méditerranéen à « écrire ensemble notre histoire commune », les appelant à agir dans le cadre d’une « solidarité imposée par la géographie, l’histoire et la culture ».

Un lyrisme de circonstance. En effet, ce n’est pas tous les jours, ni tous les ans, ni même tous les dix ans, que les ennemis du Proche-Orient, Syrie, Israël, Liban et Autorité palestinienne, s’assoient à la même table. Il faut remonter aux accords d’Oslo, en 1993, pour retrouver une telle force d’espérance. Sauf qu’hier, il n’y a pas eu signature d’accord de paix. Mais un tournant, comme on dit, a peut-être été pris.

Nicolas Sarkozy, en dédiant ce sommet à la paix au Levant, s’est un peu vengé des limites imposées par la chancelière allemande à l’Union méditerranéenne que le président français désirait fortement et qui aurait réduit la République fédérale à un rôle subalterne. Sans rien toucher à la lettre de l’UPM, il en a cependant changé l’esprit.

Du coup, les Etats maghrébins se demandent si c’est une UPM pour le Proche-Orient ou pour le développement de leurs capacités économiques, qu’on leur a servie hier. Le président français leur rétorquera sans doute que sans une paix globale israélo-arabe, aucune amélioration matérielle durable n’est possible, de Casablanca à Damas. Chacun semble toutefois s’être fait une raison : la priorité du moment, c’est la résolution de la crise proche-orientale.

La veille du sommet, les dirigeants des Etats arabes invités à Paris, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, se seraient réunis à la résidence de l’ambassadeur d’Egypte pour se mettre d’accord sur une position politique commune. Le ministre soudanais des affaires étrangères aurait été de la partie, avec pour souci d’éviter à son président, Omar Al Bachir, une comparution devant le Cour pénal internationale.

Le temps de la négociation globale serait ainsi venu. Et Israël, alors, cesserait d’être l’Etat à combattre. Signe, qui sait, de ce début de revirement, la déclaration, il y a quinze jours, du premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, selon laquelle « les Algériens ne seront pas plus palestiniens que les Palestiniens ». Si la paix advient au Proche-Orient, la concorde devra également être rétablie au Maghreb, où un conflit territorial assez artificiel pourrit la relation entre le Maroc et l’Algérie – le roi Mohammed VI était absent du sommet. Quant à l’arabe, il accédera peut-être un jour au rang de langue officielle de l’Europe, UPM oblige…

Antoine Menusier

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