On les aurait presque oubliés. Mais à l’annonce des résultats, nombreux chez les partisans de la France Insoumise ont eu une pensée, pas des plus amicales, aux électeurs de Yannick Jadot. Principal accusé à gauche dans la défaite de Jean-Luc Mélenchon, à 400 000 voix des portes du second tour.

Le BB donne la parole à plusieurs d’entre eux, ayant soutenu le candidat écologiste qui a convaincu plus d’un 1 600 000 électeurs. Tous les trois partagent leur ressenti à la veille d’un second tour, où la gauche et l’écologie ont été aux abonnés absents.

Un choix assumé pour l’écologie, malgré la défaite certaine

« Je m’étais dit qu’en 2022 quitte à donner une voix à quelqu’un autant la donner à celui ou celle qui porte des valeurs écologiques. Après je n’ai pas d’idées vraiment partisanes et justement l’écologie devrait être une thématique trans-partisane donc j’ai donné ma voix à Jadot », explique Guillaume quand on l’interroge sur les raisons de son vote.

L’ingénieur de vingt-cinq ans s’est présenté aux urnes sans réels espoirs de voir Europe Écologie Les Verts (EELV) au second tour de la présidentielle, ni même en étant pleinement en phase avec le programme du candidat. « C’était le seul à être vraiment impliqué dans l’écologie. Il a été des années chez Greenpeace et ça fait des années qu’il est investi. Contrairement aux autres politiques, parce que Pécresse qui te parle d’écologie… merci quoi. C’est totalement un coup de com’ et pareil pour Macron. Enfin on voit que Jadot est vraiment dans le truc depuis des années, qu’il a de réelles convictions sur le sujet », détaille-t-il.

Les thématiques écologiques sont importantes pour moi et donc je voulais donner des points à celui qui les représentait.

À l’instar de Guillaume, Théo a voté pour Jadot sans grandes convictions cependant il y tenait en raison du grand intérêt qu’il nourrit pour les questions écologiques : « Les thématiques écologiques sont importantes pour moi et donc je voulais donner des points à celui qui les représentait. Mais j’ai aussi voté pour lui un peu par défaut parce que je n’aimais pas bien Mélenchon et pas bien Macron. J’ai décidé de ne pas voter utile car aucun des deux ne m’avaient convaincu », raconte le toulousain de 28 ans.

Mélenchon : une personnalité qui divise chez ces écologistes

Les deux jeunes hommes avaient une profonde aversion pour le candidat de la France Insoumise. Un choix personnel assumé. « Je ne l’aime pas en tant que personne ! Je le trouve autoritaire et trop ethno-centré, il n’avait pas voulu se rallier à la primaire populaire et moi je trouve que c’était quand même une bonne initiative, il a un peu craché dessus et ça m’a énervé », se souvent Théo. Avant d’ajouter : « Il est colérique aussi : je me rappelle de sa phrase ‘la République c’est moi’ pendant la perquisition de la France Insoumise en 2018 et ça ne m’avait pas plus. ».

Romane quant à elle, a été sensible à l’aspect social du programme de Jadot ce qui l’a convaincu de choisir ce dernier plutôt que le candidat insoumis : « sur le plan social, j’ai trouvé que Jadot proposait certaines choses et donc qu’il n’avait pas que l’écologie bien que ce soit central. Macron n’était pas le plus social des candidats. Jadot c’est pour moi le plus mesuré, il avait des idées et mettait l’écologie au centre du débat. Après le rapport de la GIEC qui est sorti juste avant les présidentielles, je ne comprends pas qu’il n’ait pas eu plus de votes, et je ne regrette absolument pas mon choix. J’aurais regretté de ne pas avoir voté celui qui me convenait le mieux au premier tour. »

Mélenchon c’est pas la gauche que je voulais au second tour.

Celle qui sera titulaire en septembre prochain d’un master d’économie sociale et solidaire, termine actuellement son alternance au bureau parisien des Restos du Cœur. Elle explique son choix d’avoir opté pour Jadot en raison de son expérience au sein de l’association mais également en raison de son vécu, fille de restaurateur, cette dernière a vu son père galérer à maintenir à flot son établissement qui a fortement subi les ravages de la crise sanitaire : « Mélenchon c’est l’extrémisme qui ne voit pas qu’il y a des chefs d’entreprise qui galèrent et qui font des choses bien pour les autres. Mélenchon c’est pas la gauche que je voulais au second tour. Macron c’est pas non plus ce que je voulais, mais c’est moins pire », tranche la jeune femme.

Macron sans souci au deuxième tour

À la veille du second tour, tous les trois ne regrettent pas leur choix d’avoir tourné le dos à la France Insoumise. Leur candidat, avait lui, dès le soir du premier tour, appelé à voter Emmanuel Macron. Pour Romane et Théo le choix est déjà fait pour le second tour comme l’explique ce dernier : « Au second tour je voterai pour Macron, il ne m’a pas trop convaincu sur le dernier quinquennat mais je ne le déteste pas comme une grande partie de la gauche. Il m’a fait chier quand il a dit qu’il voulait conditionner le RSA à des travaux d’intérêts généraux ou sur sa réforme des retraites qui ne prend pas en compte la pénibilité du travail. »

Guillaume en revanche n’est pas sur la même longueur d’onde des deux précités, bien qu’il ait donné procuration il a donné pour consigne de voter blanc ou s’abstenir : « Je donnerai comme consigne de faire ce qu’il veut ou de voter blanc. Mais si je vois que c’est hyper serré je dirai de voter Macron ».

Félix Mubenga 

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