MUNICIPALES 2014. Dans cette commune de Seine-Saint-Denis, trois candidats issus de la diversité s’opposaient au second tour. Azzédine Taïbi représentant l’Union de la gauche a remporté 50,33% des voix. Une victoire forte en symbole, même si le taux d’abstention, 56%, doit être mis dans la balance.

Il y avait longtemps que Stains n’avait pas connu de second tour. Celui du dimanche 23 mars a mené Azzédine Taïbi à la victoire avec 50,3% des voix, devant l’UMP Julien Mugerin (41,9%) et l’UDI Khader Abdellali (7,7%).

La soirée électorale à Stains est placée sous le signe du symbole, de la première fois et de l’inédit. C’est la première en France qu’un second tour d’une élection municipale oppose trois candidats issus de la diversité. C’est la première fois depuis l’après-guerre qu’il y a un second tour dans la commune de Stains  et que le candidat PCF ne gagne pas au premier tour.

Il est 21h10, c’est officiel Azzédine Taïbi est élu maire de Stains. Dans le gymnase de l’école Joliot Curie à deux pas de l’hôtel de ville, la foule est en furie. La salle explose et monte en décibel. Les youyous et les bruits des djembés retentissent, une mama en boubou danse au rythme des percussions et contamine la foule qui bondit et lui emboite le pas. Jupes, tailleurs, pantalons et jeans délavés sont également de la partie, la salle est en liesse.
Sarah 45 ans habite Stains depuis 30. Emue, elle pleure : « Je suis fière. C’est un truc de malade Stains est en avance un maire qui s’appelle Azzédine. On l’a vu grandir bordel ! » Un blond avec un sweat bariolé kaki et gris reprend : « Son histoire c’est comme Slumdog millionnaire ma parole ».

L’espoir est immense. Hadja 50 ans habitante du Clos Saint-Lazare dit : « Toute la France va venir nous regarder, Azzédine a la pression de tout le monde qui se bat pour que la France change ». Comme une rockstar Azzédine est littéralement porté par la foule, hors du sol, il bondit de main en main et se retrouve à l’extérieur du gymnase près de la mairie. Il revient sur la campagne, le symbole, le signal et l’espoir que fait naître sa nomination : « C’est une très belle victoire. Ce fut une campagne très agressive. Ma victoire est un symbole, un signe très fort envoyé aux Stannois et aux Français. J’espère que d’autres figures des quartiers populaires émergeront et symboliseront la victoire d’une France qui prend en compte tous ses enfants. »
Martin étudiant et Stannois de naissance résume la soirée : « J’aime ma ville, son cœur bat à gauche. Et je suis fier de Stains on est rentrés dans l’histoire ! »

Un cortège euphorique et bruyant dans le concert des klaxons, des casseroles, des percussions se dirige vers l’espace Paul Éluard afin d’écouter le nouveau maire qui suscite une grande attente. Un électeur tiens à évoquer le fantôme de ces élections : l’abstention. « Ça ne veut plus rien dire d’être maire, avec le taux d’abstention énorme, la majorité des habitants ne votent pas. Pour moi les maires ne sont plus légitimes ». Les chiffres parlent pour lui, sur  16 000 votants inscrits plus de 56% d’électeurs se sont abstenus et Azzédine Taïbi remporte la mairie de Stains avec plus de 3 000 voix c’est-à-dire moins d’1/5 des voix des inscrits dans une commune de 35 000 habitants.

Balla Fofana

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