A la fac de droit du Mans, les profs font la grève des notes. Un semestre que cela dure. L’objet du courroux ? Le projet de décret du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche portant sur une réforme du statut des enseignants chercheurs, on conduit plusieurs universités à ne pas dispenser de cours aux étudiants. Le 26 janvier, les facultés de droit du Mans, Paris II et Paris I ont suivi simultanément ce mouvement. Paris I annonce une grève illimitée à partir du 2 février. Au Mans, les professeurs ont organisé une réunion à destination de leurs étudiants afin d’expliquer les raisons de la rétention des notes du semestre écoulé.

Les voici : le projet de décret entend mettre en place une évaluation des enseignants par le président de l’université avec l’aide du conseil d’administration. Jusqu’à présent, l’évaluation était le fait d’une instance ad hoc. Pour Jean Matringe, professeur de droit public, c’est ouvrir la voie à l’« incompétence » ou au « clientélisme ». D’autre part, ledit projet entend moduler les services de l’enseignement. « Ceux qui sont bons dans la recherche pourront donner moins d’heures de cours, alors que les mauvais chercheurs en dispenseront plus. Donc, à terme, il n’y aura que les moins bon qui enseigneront », poursuit Jean Matringe. Pour les enseignants, la « grève » des notes vise à alerter les étudiants et à indiquer au ministère les risques de cette réforme en termes d’indépendance et de qualité de l’enseignement.

Les étudiants sont partagés sur la pertinence de cette action menée par les professeurs. Il y a ceux qui estiment que la rétention des notes s’apparente à du chantage et il y a ceux pour qui les enseignants ont raison d’agir ainsi. Les professeurs, de leur côté, affirment qu’« il ne faut pas négocier avec les étudiants, ne pas les impliquer dans ce mouvement qui regarde les enseignants au premier chef ». Jean Matringe : « Nous ne devons pas accréditer l’idée du ministère selon laquelle nous instrumentalisons les étudiants. Cela étant dit, rien n’empêche ces derniers d’exprimer leur mécontentement au ministère. C’est à eux de le faire. A eux de faire preuve d’imagination. »

Mimissa Barberis (Bondy-Le Mans)

Mimissa Barberis

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