Le Bondy Blog ouvre ses colonnes à un ensemble de collectifs et d’associations citoyennes d’Île-de-France et de province. Ces acteurs de terrain rappellent un constat : les habitants des quartiers populaires subissent depuis des décennies inégalités scolaires, chômage, discriminations, violences policières. Ils appellent le Premier ministre à prendre ses responsabilités.

Entendez, Monsieur le Premier ministre, ce cri qui monte de jour en jour des quartiers populaires, cette soif de justice et d’équité.

Nous, collectifs et associations citoyennes qui intervenons depuis des années dans les quartiers populaires pour combattre les inégalités, promouvoir la solidarité et garantir la cohésion nationale malgré toutes les difficultés qui touchent nos concitoyens, nous vous appelons en urgence à venir nous rencontrer sur nos territoires.

Cela fait des décennies que la violence policière frappe dans les quartiers populaires et fait des victimes trop nombreuses. Cela fait des décennies qu’un sentiment d’impunité des policiers qui commettent ces actes perdure. En 2005, c’était Zyed Benna (17 ans) et Bouna Traoré (15 ans), à Clichy-sous-bois, qui mouraient électrocutés alors qu’ils étaient poursuivis par la police. Le 19 juillet 2016, c’était Adama Traoré (24 ans), de Beaumont-sur-Oise, qui mourait à la suite d’un contrôle d’identité. Aujourd’hui, c’est Théo (22 ans), d’Aulnay-sous-Bois, qui a été violemment pris à partie, insulté, roué de coups et violé, avec au final un arrêt de travail de soixante jours et un traumatisme physique et psychologique à vie. Combien de drames, de vies brisées faudra-t-il compter pour avoir enfin une réponse politique et nous rappeler que nous vivons dans un pays d’égalité et de droits de l’Homme ?

Nous exigeons que toute la lumière soit faite, que la justice soit à la hauteur de nos attentes et que cessent ces agissements inhumains, violents qui sont régulièrement condamnés par la Cour européenne des droits de l’Homme, Amnesty International et bien d’autres. Il faut mettre un terme à ces pratiques qui nuisent à nos valeurs républicaines et démocratiques et qui entachent les missions parfois difficile des forces de l’ordre.

Nous aimons à rappeler les propos de Gandhi : « La démocratie devrait assurer au plus faible les mêmes opportunités qu’au plus fort ». Pourtant, depuis quarante ans, les habitants des quartiers populaires subissent des politiques publiques qui ne font qu’aggraver les inégalités.

Qui subit les premiers l’échec scolaire,  le chômage et les discriminations ? Les habitants des quartiers populaires ! Qui subit le non accès à la santé, à la culture, à des logements décents ? Les habitants des quartiers populaires !

Tout cela, vous le savez, Monsieur le Premier ministre, mais vous refusez d’entendre la colère des habitants des quartiers populaires qui ne font qu’exiger leurs droits face aux injustices et aux discriminations qu’ils vivent. La situation est très grave parce que les politiques ont brisé la confiance de toute une génération vis-à-vis de son pays et des valeurs qu’ils y ont apprises d’égalité et de droits de l’Homme.

Au-delà des constats, du passif et des tensions actuelles, nous, collectifs et associations citoyennes, sommes avant tout une force de propositions composée de talents et de compétences à l’image de cette France d’aujourd’hui qui innove et qui entreprend pour l’intérêt de tous.

Entendez-nous aujourd’hui. Demain, il sera trop tard.

Collectifs de quartiers et associations citoyennes d’Île-de-France et de province

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