Les forces vives sur le terrain ont déjà beaucoup couru après la balle et les remplaçants se sont enchaînés, depuis deux ans et demi. Le capitaine, meneur de troupes, a perdu en popularité mais il attend la seconde mi-temps pour se refaire.

C’est la mi-temps ! Les joueurs regagnent le vestiaire pour un débriefing des plus attendus… Revoir les placements, les objectifs, les promesses, les priorités qui ne font pas l’unanimité sur la pelouse. Ils font grise mine, le moral dans les chaussettes, les protèges tibias n’ont pas amortis la chute de ces sondages vertigineux. Certains prennent leur retraite anticipée, d’autres des cartons rouges pour jeux dangereux. Il y a des dissensions dans le groupe… Plusieurs font bande à part en essayant de tracer leur propre voie dans une autre équipe, en mettant à jour son journal intime ou tout simplement en repartant en centre de formation.

Les supporters se sentent désabusés par une campagne de séduction qui ne portent pas ses fruits. Pour picorer des voix, des sponsors, par contre on sait où tacler. Ils perdent espoir et le font savoir sans égard, ils avancent tête baissée sous la huée du public, chantant, sifflant à tout va : « Alors, le changement c’est quand ? ».

Va-t-on lâcher des roses rouges sur un terrain vague pour la mort subite du capitaine ou lui décerner le ballon d’or en 2017 ? Telle est la question en cet instant fatidique où tout le monde veut des garanties concernant leur investissement. La composition faite par le sélectionneur, le peuple français, n’est pas à la hauteur de ses attentes. Sur la feuille de match, l’équipe paraissait « sexy », on a réuni des galactiques (apparemment), mais leurs pieds gauches semblent défectueux. On ne dit pas à un enfant aux jambes arquées de mettre des coups francs en pleine lucarne. On tente tout pour combler le manque à gagner avec des changements tactiques, 4.4.2, 5.4.1, mais rien ne marche, c’est la valse au vestiaire. On vous apprend d’entrée de jeu à être multifonctions, un jour goal, le lendemain défenseur, pour finir milieu terrain.

L’équipe risque la relégation, donc on se tourne vers un remaniement avec un libéro, qui se la joue attaquant de pointe… Mais ici on n’est pas au Barça ! L’adversaire c’est la finance, le chômage, les paradis fiscaux, blabla. Que faire qu’on est entouré par des intermittents du spectacle… Des figurants à un film muet : « un ministre ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne. » La règle cristallise le débat, car le capitaine/arbitre sanctionne à la moindre incartade. Mais où sont passés les fameux gestes techniques promis, convoités, petit pont/inversion de la courbe du chômage, roulette/non-cumul des mandats, talonnade/droite de vote des étrangers…

Mais au lieu que s’organise du « joga bonito » politique, on assiste à une réalité scénarisée épisodique, sur la vie privée de l’athlète préféré des Français qui tourne autour de ses mœurs dissolues. La précarité des jeunes supporters et sélectionneurs (ou pas) ne cesse d’augmenter alors qu’ils n’ont même pas de quoi se payer un maillot de foot. À ce train-là, même si notre cher capitaine muscle son jeu, j’aurai le temps de finir sous un pont entrapercevant la déculottée de 2017 dans le froid et l’amertume.

Lansala Delcielo

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