Comment l’expression des jeunes peut aider à détruire des murs d’incompréhension ? C’est sur cette question en forme de constat partagé que nous avons ouvert les colonnes du Marseille Bondy Blog à 12 jeunes volontaires. Vous découvrirez ainsi régulièrement leurs productions sur le blog. Qui sont-ils ?

L’emploi dans les quartiers nord de Marseille est une des priorités politiques depuis bien longtemps. Les centres sociaux, animateurs des temps de loisirs, ont décidé de participer à ce défi, devenu une véritable urgence sociale. Ainsi, l’Union départementale des centres sociaux des Bouches-du-Rhône s’est engagée dans cette démarche : peu de jeunes connaissent le monde de l’emploi, de l’entreprise et ils y portent souvent un regard très critique. Discrimination à l’embauche, précarité, autoritarisme, faible salaire…Tout ceci est une réalité souvent vécus, mais aussi fantasmés. Malheureusement, les a priori sont tenaces dans cette affaire !

C’est pour lutter contre cela que l’Union des centres sociaux, ayant l’agrément du ministère, a pu mettre à disposition 12 jeunes ayant le statut de volontaire civil. Deux objectifs ont été fixés : les mettre en situation de travail, afin qu’ils découvrent par eux-mêmes cette réalité mais aussi qu’ils puissent diffuser leur expérience et les informations obtenues au plus grand nombre par la réalisation d’articles ou de reportages vidéo.

Accueillis à la Maison des familles de Font-Vert depuis le 17decembre 2007, ces 12 jeunes des 13e et 14e arrondissements se retrouvent durant 26 heures par semaine et ce, pendant 9 mois. De 18 et 23 ans, avec souvent aucun diplôme en poche, ils sont accompagnés et formés par des professionnels dans diverses activités. Par exemple, ils apprennent les différentes possibilités de recherche d’emploi et le fonctionnement du système social (ANPE, Assedic, Mission locale, etc.). C’est un projet qui cherche avant tout à rendre les jeunes des quartiers plus autonomes dans leur vie professionnelle, notamment en les aidants à réaliser leurs propres projets.

De plus, ils participent à des activités comme le théâtre pour un travail sur soi et sur l’image qu’ils donnent. Ils produisent des réalisations médiatiques, écrivent des articles, interviewent des personnalités liées à l’emploi. Pour cela, ils sont aidés par une journaliste, Angélique Schaller, de l’association Reportages. Ils tournent même des reportages sur une webTV en coordination avec média2. Le but est de leur redonner confiance en eux et d’améliorer leur expression orale et écrite mais aussi de créer des outils leur permettant de sensibiliser d’autres jeunes à ses problèmes par la presse ou la vidéo. « La communication, dit Sofiane Majeri (photo), un des coordinateurs de ce projet, est essentielle au projet. Ce n’est pas de l’assistanat. Il ne suffit pas de dire à ces jeunes quoi faire pour qu’ils s’en sortent, on leur montre où chercher, à eux d’aller trouver et découvrir les réponses qu’ils veulent ! »

Et les jeunes, comment réagissent-ils au projet ? « Ça à l’air de bien marcher, poursuit Sofiane Majeri, le plus surprenant est que les 12 candidats, qui ne se connaissent que depuis quelques mois, montrent une vraie solidarité de groupe. Les recherches que chacun effectue sont ensuite diffusées aux autres. Chacun partage l’information avec son entourage. »

Des problèmes au sein du groupe ? Le coordinateur assure que non. « On essaie de travailler sur la valorisation, dit-il, sur la prise de conscience pour que chaque participant du projet puisse s’impliquer dans la vie civile en prenant conscience de ses capacités. Chacun a du potentiel, c’est pour cela que nous cherchons à briser les stéréotypes, notamment à travers des exercices de théâtre. »

Sofiane me propose ensuite de rencontrer le groupe avant de commencer une réunion. J’accepte avec plaisir et découvre des jeunes souriant et rigolant entre eux. Je parle avec Hocine, jeune homme du groupe avec de nombreux BEP et formations à son actif. Il me dit qu’il ne savait pas quoi faire avant d’intégrer le projet de service civil volontaire. « Maintenant, on sait où se trouve le travail, et comment s’y prendre pour y accéder. » Je lui demande ce qu’il pense du projet et comment il le considère. « C’est un lien entre nous, les jeunes, et les entreprises. On interviewe des recruteurs pour essayer de comprendre ce qu’ils cherchent quand ils embauchent. Ensuite, on profite et on fait profiter nos proches de cette information. » Je cherche à savoir ce que le projet lui a apporté pour le moment, à lui-même ainsi qu’aux autres membres du groupe. La réponse fait l’unanimité. « J’ai changé de perspective », affirme Hocine.

« On a tous plus d’assurance en nous grâce aux exercices de théâtre, on nous pousse à communiquer, à réfléchir sur la vie active. On découvre tous une sensation grandissante de civilité. On développe tous une vue personnelle du système et on partage nos découvertes… » La prise de conscience du groupe est flagrante. Malheureusement, ce projet risque de ne pas être renouvelé l’année prochaine car Bernard Laporte, secrétaire d’Etat aux sports, cherche à remplacer le Contrat de service civil volontaire par la Mission d’engagement civique sport, projet intéressant mais porté plus sur le sport.

Le projet semble donner des résultats positifs après seulement trois mois. Tous, coordinateurs et participants, semblent persuadés que, même si le projet ne dure pas, l’effet boule de neige qu’ils ont lancé continuera après leur départ. Désormais, il faut espérer que cette solidarité qui a été semée puisse produire de belles moissons d’engagements civiques.

Litho (Marseille Bondy Blog)

Crédits Photos : Serge Pagano

NDLR : le Marseille Bondy Blog va donc diffuser leurs articles afin qu’ils puissent être lus par un plus grand nombre de personnes. Nous sommes ainsi au cœur de nos objectifs : aider à valoriser la parole des jeunes et montrer au plus grand nombre que les quartiers de Marseille fourmillent d’initiatives et de richesses mais sans idéalisme avec le regard cru et réaliste de bloggeurs qui font partager leur quotidien, les bons et les mauvais côtés. Un remerciement spécial à Angélique Schaller qui nous a permis ce partenariat.

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Litho

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