La liste commune de gauche du Blanc-Mesnil rassemble le PCF, le PS, Les Verts et Lutte Ouvrière. Ensemble, les candidats des quatre partis veulent faire en sorte que la ville reste à gauche. Ce jour-là, il y a meeting. Le maire sortant, Daniel Feurtet, veut laisser sa place à son adjoint Didier Mignot, un rugbyman. Feurtet prône les qualités de son « candidat de cœur ». Il se dit « heureux de participer à cette levée d´un nouvel espoir ». Maire depuis 1989, il affirme qu´il est maintenant naturel de passer le relais. Quand il regagne sa place sous les applaudissements frénétiques de l’assistance, on le voit écraser une petite larme d’un revers de main.

La parole est ensuite donnée à la grande dame du PCF, Marie-George Buffet. Elle en profite pour fondre sur l´ennemi, la droite. « Nicolas Sarkozy s´attaque à la laïcité, à la liberté », vitupère-t-elle. Elle défend aussitôt les valeurs que son parti souhaite mettre en avant au Blanc-Mesnil. « C´est la diversité qui va faire notre force. Dans une ville solidaire, tout le monde doit avoir le droit à l´éducation, à un logement. On est une ville de toutes les réussites. »

Le discours de Didier Mignot est moins enflammé. Le candidat parle des rencontres qui l´ont frappées. « Je pense à cette femme qui me raconte qu´elle venait de trouver deux euros dans la rue et que cet argent lui permettait de prendre un deuxième repas, je pense aussi à ces deux pères sri-lankais sans papiers qu’on a réussi à libérer du centre de rétention. » A cette occasion, cet animateur de rugby ne manque pas non plus de distribuer quelques coups à droite. Pour lui, elle rime avec franchises médicales, cadeaux fiscaux, suppression de tribunaux et d´hôpitaux de proximité.

Pourtant, quelques mesures phares de son programme qui défilent sur un écran géant rappellent plutôt les thèmes habituels de ses adversaires politiques. Ils réclame des effectifs de police nationale au niveau de la commune (52 000 habitants). Quand on demande aux militants ce qu´ils en pensent, ils disent tous qu’il est normal que la gauche veuille une ville sûre et civilisée, que cela n’est pas contraire à ses valeurs. « Nous sommes obligés de lutter contre les incivilités, affirme une vieille dame. Ce n´est pas possible de laisser des malfaiteurs prendre le contrôle. »

En principe, la mairie du Blanc-Mesnil devrait rester entre les mains des communistes grâce au maintien d’une liste d’union de la gauche. Marc Soury du PS met l´accent sur cette grande réussite. « Certes, le chemin a été semé d´embûches, mais nous avons pu aboutir à cet accord historique. » Quant au grand dissident du PS, Alain Ramos, qui s´est rallié au Modem, Marc Soury est sans appel : « Ces diviseurs qui veulent mettre en péril le rassemblement sont désormais exclus du Parti socialiste. »

A quelques jours du premier tour, la tension commence à monter au Blanc-Mesnil. L’exemple de la ville voisine de Drancy qui a basculé du PC vers l’UDF en 2001 reste dans les esprits.

Iris Hartl (Extramuros)

Iris Hartl

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