Lorsque j’ai appris qu’un forum sur le thème de la démocratie participative était organisé le 9 décembre à la Plaine Saint-Denis, j’en ai vite été intriguée. Serait-ce une occasion d’éclaircir ce concept pléonastique, encore qu’innovant dans la politique française.
 

Si, en plus, l’événement est organisé par le Conseil régional d’Ile-de-France, il fallait s’attendre à une réception spectaculaire. Bingo ! Dès l’entrée sous le chapiteau du cirque Fratelini, les réceptionnistes équipent les participants d’un badge, d’un kit de documents, stylos, bloc-notes contenus dans une sacoche offerte. Dire que le tapis rouge s’est étalé n’a rien d’exagéré : buffet à volonté toute de la journée avec boissons en libre service, petit dèj’ le matin, spécialités variées le midi, apéritifs sans oublier le thé à la menthe. Les conditions propices, donc, pour apprécier les débats. Ceux-ci auront-ils des suites ? C’est une autre affaire. Même si la Région s’engage à « répondre aux besoins de tous les Franciliens, avec eux » et à organiser « des ateliers de concertation ». Avis aux indécis. 

 

Après un discours conventionnel du président de la Région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, place aux échanges d’expériences entre visiteurs, conseillers de quartiers, élus, membres d’associations franciliennes dont une quarantaine tenait des stands au décor exotique. A chacun de tirer son épingle du jeu. Selon Bénédicte Madelin, la directrice de l’association Profession banlieue, un espace de concertation entre des professionnels et des chercheurs sur les questions urbaines : « si la démocratie fonctionnait réellement en France, nous n’aurions pas besoin de renforcer le concept et de relancer le fondement des valeurs démocratiques ». Un tel forum serait amené à se renouveler d’autant plus que la région parisienne concentre plus de 19 % de la population et 22,5 % de la population active en France. 
 

Bien qu’en Ile-de-France beaucoup de structures existantes oeuvrent à prendre en considération l’opinion des citoyens, leur efficacité et leurs actions ne sont pas assez connues. C’est le cas, par exemple, des Conseils de quartier, des balades urbaines, et d’un Observatoire urbain testé dans l’Essonne où les citoyens suivent de près les engagements des élus. Et à l’issue d’une journée comme celle-ci, où la majorité d’entre elles était présente, on se demande toujours si leur pouvoir peut se démarquer de la tutelle du Conseil régional et si le plafond de verre s’est enfin brisé. Selon Bénédicte Madelin, l’idée des jurys citoyens proposée par la candidate socialiste aux élections présidentielles, Ségolène Royal, est quant à elle « utilisée de façon politicienne ». Pourquoi donc ajouter une couche à ce qui peine encore à être intégré ?
 

Dans la foulée des interrogations, Felicité Doualla Ebelle, la présidente de l’association Bito Ba Bonanjo, d’aide sociale et aux personnes, basée à Meudon (92), se demande aussi « si cette participation sur l’espace public sert à faire des choses utiles ? Cette mère de trois garçons – d’un commercial en activité mais aussi d’un musicien et d’un cameraman qui peinent à percer dans leur milieu – exprime également une préoccupation qui semble répandue : « participer pour… quoi ? Quand les jeunes voient leurs parents avoir « participé » en suivant des études, assimilant le système social français, mais qui ne trouvent pas de travail ! ». Elle parle là d’une expérience personnelle: son mari, diplômé en comptabilité nationale et parfaitement bilingue anglais est en recherche d’emploi depuis 7 ans, accumulant des stages pourtant toujours validés.

 

 

Nadia Boudaoud

Nadia Boudaoud

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