Deux cents bus, venus principalement du sud de la France, remplis de supporters de gauches ont pris Marseille. Garés à la queue-leu-leu le long de l’avenue du Prado, la « populace » a, malgré les interdictions, imposé une marche informelle. L’une des plus riches artères de Massilia, longée de sièges sociaux et de grandes villas, a vu déferler une vague de « prolos » bien contents de faire entendre leurs voix. En remontant tranquillement l’avenue pour atteindre le David, on sent tour à tour les oignons, les merguez et les kebabs. Une ambiance de franche camaraderie règne dans les rangs. Devant nous, un homme aux cheveux grisonnant et au ventre proéminent fait découvrir la ville à son collègue. « Mais au fait comment tu t’appelles ? »

« Un déclic » ?

C’est une marrée rouge qui déferle sur la plage du Prado. 120 000 personnes selon les organisateurs. Parmi eux, Sarah, 19 ans, piercing au nez  et déjà encartée, est venue soutenir le projet de son candidat et celui de la VIe République : « il est utopiste et il ne faut pas en avoir honte ». Selon elle, il n’y a que comme ça que les choses peuvent changer. Elle souhaiterait aussi que ce rassemblement provoque « un déclic » dans cette ville où l’on vote à droite.

Le vent tourne, peut-être. Le mistral s’est levé. Beaucoup d’ouvriers sont venus participer à l’événement. Les Fralibs et leur éléphant sont de la partie, comme d’habitude. Les marins ont mis pieds à terre pour rappeler qu’ils souhaitent de « l’humain d’abord ».

On est venu seul, entre amis, en famille. Frédérique et Françoise, deux copines quinquagénaires sont venues soutenir Mélenchon par leur présence. Ce qui les séduit parmi les thèmes-clés du candidat : la redistribution des richesses, la maîtrise de la dette, l’amélioration des conditions de vie en Europe. Ce qui n’est pas pour déplaire à Noémie, 6 ans et demi, venue avec son papa et sa maman. Si Jean-Luc Mélenchon était élu « il aiderait les plus pauvres ». Papa et maman qui travaillent dans le BTP et dans le social adhèrent à ces valeurs de solidarité. Et puis, ils pensent à la génération future, à la défense du service public, aux écoles, à la santé…  Tous ces participants, militants, curieux semblent préoccupés. Préoccupés par cette crise omniprésente, par les difficultés qu’ils ressentent au quotidien et par la précarité qui s’installe de manière insidieuse.

« Le vote utile nous casse les urnes »

Le candidat du Front de Gauche affirme être conscient de cette précarité, du  travail que l’on ramène le soir à la maison et qui ampute la qualité de vie. Après une longue ode à la Méditerranée, il est rentré dans le vif du sujet abordant ses thématiques-phares : la finance, le travail, l’éducation, la planification écologique, la sortie du traité de Lisbonne, le partage des richesses…

Pas très copain-copain avec la presse, il s’est aussi arrêté sur la condition des journalistes. Après avoir à plusieurs reprises, tapé sur les doigts de L’Express et de Christophe Barbier qui titre un de ses éditos « Comment se débarrasser de Mélenchon ? », le candidat s’est montré attentif à la situation des reporters. Ce sont « des travailleurs comme les autres, touchés par la précarité et les statuts bâtards », a-t-il affirmé à la tribune. L’heure de se réconcilier avec la profession ? Le moment de rappeler en tous cas la place que doivent occuper les travailleurs qui ne sont pas « des fainéants ! »

Charlotte Cosset

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