#SECONDEPARTIE C’est un des visages de la France Insoumise à l’Assemblée nationale. Danièle Obono, proche de Jean-Luc Mélenchon, fait parler d’elle parfois à son corps défendant. Polémique, racisme institutionnel, convergence des luttes, entretien avec la députée de Paris.

Le Bondy Blog : Quel regard portez-vous sur la polémique née suite à votre passage dans l’émission Les Grandes Gueules sur RMC ?

Danièle Obono : Ça a révélé ce qui est souvent de l’inconscient, en tout cas à cette échelle-là, publique, dans les médias, sur la manière qu’ont certains de considérer des Français, comme ils disent, « de papier », à qui on va demander à chaque fois de rendre compte, de confirmer leur attachement à la France, à la nation. Un traitement et une attitude discriminatoires où on demande aux uns de montrer patte blanche. Ça a eu, au moins, cet effet politique de révéler cet inconscient médiatique. Après, c’est toujours particulier d’être soi-même l’objet de ce type de polémique. C’était un peu le baptême du feu. Jusqu’à présent, ça arrive à d’autres. Ça a été le cas de Christiane Taubira, quand elle était Garde des Sceaux. C’est le cas, souvent, des quelques figures racisées qui ont un peu de visibilité comme Rokhaya Diallo, journaliste et auteure, qui est régulièrement l’objet d’interpellations. Toutes les personnes noires, arabes, asiatiques qui sont dans les médias, dans des milieux de représentation, ont toujours une anecdote sur ce type de traitement ou cette perception. Mais là, ça s’est posé d’une manière assez caricaturale. Je trouve que la manière dont, collectivement, au sein de la France Insoumise, puis au sein des mouvements antiracistes, et même des citoyens, ont réagi spontanément en étant choqués puis par un soutien sous différentes formes. Puis des articles expliquant en quoi c’était absolument déplacé, raciste, remettant en cause ce type de fonctionnement. Ça a permis de faire comprendre à certains qui ne se rendaient pas compte de cette réalité car ça ne leur arrivait jamais à eux et ça ne leur arrivera certainement jamais qu’on leur demande de crier « vive la France » sur un plateau télé. Je pense que ça fait partie, dans la bataille antiraciste, d’un moment où ces débats-là ont surgi, avec un peu d’espace pour avoir des argumentations, pour expliquer, faire réagir et faire en sorte que celles et ceux qui sont victimes, et leurs alliés, puissent mener la bataille en disant « effectivement, c’est inacceptable ». Et réagir à ça. Soutenir ma personne, c’était une manière de mener la bataille. Il y a un caractère un peu anecdotique parce que, franchement, il y a des choses bien plus graves qui arrivent chaque jour en termes de discriminations, de violences racistes, etc. En même temps, dans ce moment-là, je pense que ça a montré qu’il y a encore besoin de se battre. Si on peut demander à une députée de devoir rendre compte de son affection pour la France parce qu’elle est noire, on s’imagine bien ce qui arrive à des gens qui n’ont pas le même pouvoir symbolique.

« Quand on est noir, arabe, perçu comme racisé, on est toujours susceptible de subir ce type de traitement que n’aurait pas subi une personne blanche, ou perçue comme blanche »

Le Bondy Blog : Peut-on dire qu’un certain racisme institutionnel s’est exprimé envers vous, à ce moment-là ?

Danièle Obono : J’étais sur un plateau télé, dans un cadre assez formel. Dans ce sens-là, on peut dire que la presse est une institution. Effectivement, dans ce cadre-là, on a vu comment on peut désigner ceux qui sont des « bons français » ou des « mauvais français », puisqu’être un « bon français », ce n’est pas écrire un texte qui dit « Nique la France » et dire « vive la France ». Surtout quand on est arabe, noir, comme Saïd Bouamama, Saïdou et Danièle Obono, etc. Donc, oui, d’une certaine manière. Ce n’était pas juste le chroniqueur qui me pose cette question, mais comment ce moment-là arrive et tout ce que ça entraîne derrière. Ça montre combien dans les institutions, dans des cadres légitimes, formels, on peut être pointé du doigt et mis sur la sellette. D’un point de vue sociologique et culturel, je pense que ça va faire partie des cas d’école où on voit, effectivement, un exemple du caractère institutionnel des formes de racisme. Ça arrive au quotidien : quand on cherche un emploi, quand on travaille déjà, quand on est dans des services publics, quand on veut aller en boîte de nuit, et puis, quand on est sur un plateau télé ou dans une émission radio. Quand on est noir, arabe, perçu comme racisé, on est toujours susceptible de subir ce type de traitement que n’aurait pas subi une personne blanche, ou perçue comme blanche.

Le Bondy Blog : Jean-Luc Mélenchon vous a soutenue dans une vidéo sur sa chaîne Youtube mise en ligne le 23 juin, soit 48h après votre passage chez RMC. Certains pensent que ce soutien est tardif. Est-ce le cas à vos yeux ?

Danièle Obono : En sortant du plateau, il a fallu quand même un temps avant que tout ça devienne une polémique. On se disait, avec des copains, que ça s’était plus ou moins bien passé, à part cette question un peu relou. C’était le truc qui nous avait semblé le pire que j’aie pu faire. Après, c’est le fait du buzz médiatique, des réseaux sociaux, où les choses prennent parfois des proportions sans qu’on ne s’en rende compte de rien. Moi, c’est en recevant des messages de copains me demandant si ça va, me déclarant leur soutien, que je me suis rendue compte de ce qui se passe. En fait, c’est le moment où les médias dits légitimes reprennent des éléments, des vraies-fausses polémiques montées en sauce par la fachosphère, que ça devient un débat d’actu. Il y a aussi à voir et à étudier ces rapports de légitimation d’un discours d’extrême-droite par des médias dits dominants. En temps de Twitter, c’est vrai que 48h, c’est une éternité ! Mais dans la vraie vie, ce n’est pas grand-chose pour des gens qui bossent, qui militent. Cette polémique, c’était quelques jours après avoir été élue. On avait encore tous la campagne en tête. Maintenant, on passe du temps sur les réseaux sociaux parce que ça fait partie du boulot mais pas tout le temps. Puis, je pense que c’est aussi juste de dire qu’on ne réagit pas toutes les cinq minutes à la première provocation qui existe. Je trouve qu’il est sain de dire que dès qu’il se passe un truc, où on apprend quelque chose, on ne doit pas dire tout de suite un point de vue. D’abord, parce qu’on ne comprend pas toujours tout de suite ce qui se passe. C’est plutôt plus raisonnable de prendre le temps, d’avoir les infos, de se renseigner, d’arriver à se forger une opinion. Je ne suis pas partisane de cette injonction à ce qu’on ait un avis sur tout et qu’on réagisse à tout, et je trouve que ça fait partie plutôt à décrédibiliser, à saturer l’espace de débat public qu’autre chose. Il faut du temps pour intégrer les choses puis prendre du recul et réfléchir à comment réagir. Et c’est tout à fait normal.

« Il n’y a pas beaucoup de femmes noires, à l’heure actuelle, qui ont une responsabilité politique dirigeante, médiatique et institutionnelle, je suis l’arbre qui cache, non pas la forêt, mais le désert »

Le Bondy Blog : Ne craignez-vous pas d’être l’arbre qui cache la forêt du fraternalisme, néologisme inventé par Aimé Césaire, dénonçant le racisme larvé de la gauche en France dès 1956 ?

Danièle Obono : Oui et non. D’une certaine manière oui, parce que quand il n’y a pas beaucoup de femmes noires, à l’heure actuelle, qui ont une responsabilité politique dirigeante, médiatique et institutionnelle, je suis l’arbre qui cache, non pas la forêt, mais le désert. C’est un problème qui traduit le travail de déconstruction des privilèges qu’il faut mener et sur lequel on se bat aussi dans ces organisations majoritairement blanches de gauche traditionnelle. Après, la question c’est « qu’est-ce qu’on défend politiquement ? » Et la responsabilité des uns et des autres de mener et continuer ces batailles-là. Je ne fais pas de grief aux militants des mouvements sociaux qui sont très critiques, très suspicieux envers les intentions de la France Insoumise ou d’autres parce qu’ils y ont été, ils ont vu et ils sont repartis dégoûtés, avec raison. Et pour les mêmes raisons pour lesquelles en militant dans les différentes organisations où j’ai milité, j’ai pu être dégoûtée, me dire ce que je fous là. Mais j’ai choisi de continuer de militer dans des organisations majoritairement blanches, de vieux mecs blancs de 50 ans parce que je continue à croire à la nécessité de se battre. Je continue à être d’accord, en tout cas dans la France Insoumise, sur ce qu’on défend de manière large.

Le Bondy Blog : Comment fédérer le peuple dans toute sa diversité ?

Danièle Obono : C’est une question cruciale, dans notre stratégie politique, à faire en sorte que la population se réapproprie la politique, se remette à faire des choses. C’est la révolution citoyenne. On s’adresse aux classes moyennes, mais en particulier aux classes populaires, à celles et ceux qui ne votent plus, qui sont dégoûtés de la politique, qui s’en prennent plein la tête ; c’est aussi des femmes, des hommes, des jeunes, des moins jeunes, Noirs, arabes, asiatiques, etc. Pour moi, c’est une question cruciale de s’adresser et de défendre celles et ceux qui sont les premières victimes du racisme, de l’oppression, de politiques néo-libérales, sont aussi celles et ceux qui se battent au sein de la France Insoumise. C’est pour ça que je me continue à me battre dans ce cadre-là, où je suis une minorité, mais pas une exception. Il y a quand même d’autres militants Noirs, arabes, asiatiques qui se battent dans l’organisation et qu’on ne voit pas beaucoup parce qu’ils ne sont pas tous et toutes porte-paroles. Ça commence aussi, un peu. Quand on regarde la campagne au niveau de la France Insoumise, en comparaison avec d’autres mouvements politiques où j’ai milité, ou dans d’autres organisations, on avait Leïla Chaibi, Liêm Hoang-Ngoc, Philippe Juraver et moi-même. Il y avait, de manière visible, des personnes non-blanches qui sont toujours des porte-paroles nationaux de la France Insoumise. Donc, je ne suis pas l’exception, mais une minorité. Il faut un mouvement qui soit représentatif, large et divers. J’espère qu’en tant que porte-parole, ça donne envie à des noirs, des arabes, d’être dans la France Insoumise et qu’ils ne vont pas être tous seuls. Mais je trouve aussi très bien que les mouvements sociaux, dans les quartiers populaires, autonomes et auto-organisés, où il y a beaucoup plus de militants racisés, soient aussi plus forts sans avoir besoin de rejoindre la France Insoumise.

Le Bondy Blog : Dans un entretien accordé au journal Regards, vous déclarez que la France Insoumise se doit d’être une force proposant une alternative. Quelle serait-elle au niveau des quartiers ?

Danièle Obono : Proposer une alternative, c’est plus en terme général de dire « on est une alternative de pouvoir ». C’est-à-dire qu’on est prêt à gouverner. On est dans les luttes. On résiste. Mais on ne veut pas juste résister. On veut être en capacité de faire fonctionner la société autrement. C’est dans ce sens-là de proposer un programme chiffré, qui dit voilà où on va prendre l’argent, combien ça va coûter. On a des économistes, puisque le débat se porte sur cette question-là : « Comment vous allez payer ? D’où vient l’argent ? » Et donc dire qu’on est en capacité de répondre à ces questions. Après, l’expérience qu’on tire de ce qui a pu se passer en Amérique latine, de ce qui a pu se passer en Tunisie, au Maghreb, etc. C’est l’idée que l’alternative va venir de la capacité des gens à se réapproprier, dans le quotidien. Du coup, le rôle politique que l’on veut jouer est de rendre possible le fait que dans les quartiers populaires, les citoyens et les citoyennes puissent décider de la manière dont les services publics doivent s’organiser, qu’ils aient, là où ils travaillent, plus de droits et qu’ils ne soient pas simplement sous le contrat de travail et sous le rapport de domination du contrat de travail. Qu’ils puissent avoir des droits politiques dans l’entreprise, etc.

Dans les quartiers populaires, on a élaboré un livret sur la question, où on parle des questions d’emploi, de logement, etc. Comment, collectivement, à travers différents échelons, on se donne les moyens politiques, on investit, on met dans le plan d’investissement. On met une partie des 100 milliards qu’on propose dans le plan d’investissement sur la question de la construction de logements, sur les services publics, redévelopper les services publics. Pour nous, c’est par exemple un élément fondamental dans les quartiers populaires qu’il y ait plus, et pas moins, de services publics et que dans les services publics, les usagers, les citoyens aient le droit de décider des choses. Ce n’est pas simplement des services publics qui débarquent et qui disent aux gens comment faire, etc. Il y a une participation active et décisionnelle des citoyens dans leurs propres services publics.

Le Bondy Blog : Les tensions entre la France insoumise et le Parti communiste ont conduit à des candidatures de part et d’autre dans la majorité des circonscriptions et une réduction du nombre de sièges gagnables pour ces deux forces de gauche radicale. Comment analysez-vous cet échec ?

Danièle Obono : Quand on regarde en 2012, au moment où on avait construit le Front de gauche, on avait fait une campagne présidentielle, qui n’a pas eu la même dynamique que celle de 2017, sans laquelle on n’aurait pas pu avoir la campagne actuelle, on avait fait un bon score à la présidentielle. Et aux législatives, on a eu une déconnexion entre ces élections et la dynamique qui avait construit l’élection présidentielle. Notamment parce qu’il y avait eu un accord de répartition entre les forces du Front de gauche, avec 80% des candidatures étaient au PCF. Si on a eu la stratégie qui a été celle de la France Insoumise cette fois-ci, c’est aussi parce qu’on a tiré le bilan de 2012. À savoir, le choix de déconnecter présidentielle et législatives en termes de dynamique et la construction de la campagne. C’est-à-dire que c’était des campagnes locales. Notamment parce que les candidats étaient, pour la plupart, des personnes déjà élues. Et nous, dans la stratégie qui était celle de la France Insoumise, dès le départ, dès l’annonce de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, c’était de dire que la présidentielle et les législatives vont dans le même sens. C’est la même stratégie, c’est le même programme et ça doit être donc la même dynamique. Après, c’est un choix politique qui n’est pas celui de tout le monde. Mais pour nous, c’était la clé. En gros, on a le programme, le candidat de la présidentielle parce que c’est celle-là qui peut ouvrir la brèche, et puis la stratégie qui est présidentielle-législatives. Ce sont ces éléments-là qui ont été présentés à toutes les forces à qui s’est adressé Jean-Luc Mélenchon, à qui ça a été proposé au Parti communiste également.

Il se trouve que le Parti communiste était dans une autre stratégie, celle de discuter avec le PS, et en particulier la gauche du PS, les frondeurs. Ce qui est tout à fait légitime de leur part et qui a été leur stratégie pendant plusieurs mois, jusqu’au conseil national où une majorité des militants a choisi de soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Pendant plusieurs mois, pendant que la France Insoumise avait fait sa proposition politique de départ, a mis en œuvre cette proposition en élaborant un programme en commençant à construire des groupes locaux pour la campagne qui mettaient en œuvre cette stratégie, le Parti communiste en a mis une autre. Le résultat, c’est qu’à chaque fois, il a été proposé au Parti communiste de faire un accord national. Parce que c’était ça l’enjeu des législatives. On ne fait pas, justement, d’accord à la carte où on va se retrouver dans des endroits où des gens ont soutenu Benoît Hamon, Mélenchon, peut-être même Macron à la présidentielle et vont ensuite se présenter sur aucune base politique car entre ces trois candidatures à la présidentielle, il y a trois programmes différents, pour ensuite dire « on est tous ensemble », pour se faire élire député. Pour nous, c’était complètement incohérent et ça contribuait à dégoûter les gens de la politique en disant, en gros, que ce sont des arrangements entre des gens qui se disent pas d’accord mais qui, au final, se mettent d’accord pour se faire élire. Ça participe plutôt à renforcer la défiance des citoyens et des citoyens que leur donner confiance. On a fait cette analyse-là et ce constat-là qui, à mon avis, s’est vérifié. Mais à chaque fois, on a proposé au Parti communiste de faire un accord national en disant : « Vous avez finalement soutenu la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. On vous propose aux législatives de faire un accord national ». On a défendu le même candidat, ils avaient leur propre programme. Au moins, on a au niveau national des candidatures qui sont dans la même ligne. Ce qu’a refusé le Parti communiste. Au final, il y a eu, dans la majorité des circonscriptions, des candidatures du Parti communiste et des candidatures de la France Insoumise. Ça fait partie de la démocratie.

Le choix du Parti communiste, qui a été jusqu’en 2017 et l’effondrement du PS, a été de faire des accords avec le Parti socialiste à toutes les élections, en-dehors de la présidentielle. Et ce choix-là, ça n’a pas été déjà le cas, dans une partie des forces du Front de gauche, et surtout pas de la France Insoumise. Il faut rompre définitivement avec le Parti socialiste ! Pas parce que les militants ne sont pas des gens bien, avec qui on peut faire des choses. Mais parce que la direction, la stratégie et le bilan menés font que ce n’est pas possible. On continue à considérer que le résultat qui a été le nôtre, sans se dire qu’on est les rois du monde, vu qu’on n’a pas gagné, on a réussi quand même, avec la campagne qu’on a mené, à montrer que c’était possible d’être au deuxième tour. Il y avait quatre candidats autour de 20%. On a fait partie de ces quatre-là. On a montré qu’un programme d’alternative de transformation sociale, d’égalité, est capable de rassembler sept millions de voix et prétendre à être au deuxième tour d’une élection majeure. Et ça n’était pas arrivé depuis très longtemps. Et du coup, ça valide, d’une certaine manière, la stratégie qu’on a menée d’être très clair, de faire une rupture. Pas rompre en disant qu’on sort de la cuisse de Jupiter, qu’on n’a jamais rien fait avant, qu’on n’est pas issu de cette histoire-là. Mais rompre en disant qu’on ne veut plus mener ces politiques-là, on ne veut plus s’allier avec des gens qui vont mener ces politiques-là.

Avec le travail qu’on a produit au niveau du groupe parlementaire, le fait d’avoir un groupe parlementaire, c’est assez inédit. On l’a eu en toute autonomie, sans faire d’alliance avec personne. Ça ne s’était pas vu depuis longtemps. Jusqu’à présent, tous les groupes qui existaient, c’est par des alliances. Les députés communistes sont dans le groupe parlementaire GDR, avec les ultramarins. On est le seul groupe qui ne dépend de personne, à gauche. Je pense que la conception du travail parlementaire, tout le travail qu’on a fait autour du programme, qui a aussi fait qu’on a été assez cohérents tout en étant balancés dans le bain. Une vraie cohésion qui a encore plus validé la stratégie de partir en campagne très tôt, d’élaborer un programme pour que les gens se l’approprient. Ce qui fait que quand on est arrivé, on était celles et ceux qui avaient la boussole la plus solide et cohérente. C’est pour ça qu’on a aussi fait la différence. Je pense que tous ces éléments ont validé notre stratégie. Ça n’a pas empêché, notamment à l’Assemblée nationale, de travailler avec les députés communistes. Le fait d’être dans deux groupes différents a davantage démultiplié nos capacités d’intervention que ça ne les a diminuées. Au départ, on avait proposé de faire un groupe commun. Les députés communistes ont décidé de ne pas le faire pour diverses raisons. Mais finalement, on a réussi à travailler ensemble. Ça nous convainc à l’idée de continuer à construire ce mouvement-là. Encore une fois, on veut construire un mouvement de masse qui mobilise dans les quartiers populaires. Mais on a conscience qu’on n’est pas les seuls. Et c’est très bien, heureusement. On est prêt à travailler avec tout le monde, avec celles et ceux qui veulent se battre. L’existence de la France Insoumise, je pense en toute humilité, a permis quand même de faire exister, dans ce moment politique-là, des idées, des propositions. Et ça a été plutôt positif que négatif. Et on veut continuer à ajouter à ce positif-là et à faire en sorte qu’à moyen terme, on puisse renverser la table parce qu’on pense que c’est l’objectif, qui est largement partagé aujourd’hui. Et si on peut y contribuer à le faire, on le fera.

Propos recueillis par Jonathan BAUDOIN

Crédit photo : Rouguyata SALL

Lire la première partie de l’interview : http://www.bondyblog.fr/201709181005/daniele-obono-se-dire-antiraciste-ce-nest-pas-theorique-ou-abstrait-pour-avoir-un-label/#.WqFyz2Zej4M

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