« On vit la violence au sein de notre lycée. On reçoit des pierres à travers les vitres, une élève a même été touchée à la tête. C’est inadmissible ! ». Le dernier épisode de violence en date au lycée Paul-Éluard de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) n’a pas fini de choquer Mathieu, 16 ans scolarisé dans l’établissement. « On doit réagir à ça. Personne ne nous entend ! Pourtant, nous sommes passés à la télévision, ça aurait pu changer les choses… » En ce jeudi 12 avril en fin d’après-midi, le jeune lycéen fait partie de la centaine de personnes qui avait décidé de marcher dans les rues de Saint-Denis pour dénoncer l’escalade des violences dans les établissements scolaires du département et réclamer des moyens supplémentaires pour l’enrayer. A l’appel de la FCPE, les associations de parents d’élèves de Saint-Denis, Stains, Pierrefitte-sur-Seine et Villetaneuse mais aussi enseignants, élèves et élus se sont donnés rendez-vous devant la mairie de Saint-Denis direction la sous-préfecture.

De l’argent, il y en a dans les caisses du patronat, on le prendra pour les élèves du 9-3 !

« De largent, il y en a dans les caisses du patronat, on le prendra pour les élèves du 9-3 » clament certains des marcheurs réclamant moyens humains et financiers. Dans le cortège, certains parents affirment avoir envoyé des courriers au ministère de l’Education nationale pour alerter sur les situations des établissements scolaires de leurs enfants, restées sans réponse assurent-ils. « L’école publique dans le 93, c’est notre commun ! C’est le seul endroit où nos enfants aujourd’hui peuvent encore avoir accès à l’éducation, et à la culture » rappelle le président de l’association des parents d’élève du collège Gustave Courbet de Pierrefitte-Sur-Seine. Mégaphones et banderoles ont été sorties pour l’occasion.

Ces violences ne sont pas cantonnés à quelques lycées et collèges

Amers, tour à tour chacun prend la parole, considérant que c’est toute l’Education Nationale, dans le secteur de la Seine-Saint-Denis qui est menacée. Chacun dénonce l’insécurité, les intrusions, les actes de vandalisme, les violences verbales et physiques qui se banalisent et les menaces dont sont l’objet élèves et enseignants et qui font désormais partie du quotidien. « Contrairement à ce qu’a pu dire le ministre de l’Education Nationale, ce phénomène de violences n’est pas cantonné à quelques lycées ou aux abords de ces établissements. Nos lycées et nos collèges de Seine-Saint-Denis sont abandonnés aujourd’hui et nous avons besoin de moyens supplémentaires » clame Agnès Renaut, enseignante au lycée Paul-Éluard.

Valérie Pécresse annonce des mesures de sécurité jugées insuffisantes

Parmi les élus présents, le député communiste de la circonscription, Stéphane Peu, député de la circonscription dénonce « le mépris à l’égard des enseignants et des parents d’élèves de la Seine-Saint-Denis, le même vis à vis du député que je suis. Depuis la rentrée scolaire, il y a eu une vingtaine d’incidents violents, dans ou aux abords des établissements scolaires du secteur, pour ne parler que de ma circonscription. J’ai écrit par courrier simple, et par la voie officielle et je n’ai toujours pas reçu de réponse. On a des propositions concrètes, mais faut-il encore avoir des interlocuteurs… » Sabine Rubin, député de la France Insoumise de Seine-Saint-Denis et Azzedine Taïbi, maire de Stains, étaient également présents.

Ce matin, c’est la Présidente de la région Ile-de-France, Madame Valérie Pécresse qui a rendu visite aux professeurs du lycée Maurice-Utrillo de Stains, où des scènes de violences extrêmes ont eu lieu ces dernières semaines. La dernière en date : mardi 3 avril, menace sur des élèves au moyen d’arme à feu, machette, hachoir et couteaux et agression de l’un d’eux frappé de plusieurs coups de bâtons par des individus cagoulés sur le parvis du lycée. Suite à ce nouvel épisode de violence, les enseignants et les élèves avaient décidé d’exercer leur droit de retrait. Pour y faire face, la présidente de la région Ile-de-France a annoncé plusieurs mesures : l’installation de trois nouvelles caméras de surveillance, les grilles seront rehaussées pour empêcher les intrusions. Des solutions loin de convaincre les manifestants interrogés comme cet enseignant. « Mme. Pécresse a simplement proposé qu’on installe des caméras et des grillages plus hauts. C’est bien insuffisant ». Plusieurs parents et professeurs dénoncent le tout-sécuritaire, une réponse inappropriée selon eux.

Prochaine manifestation le 3 mai

Malika Chemmah, 43 ans, représentante de la FCPE au lycée Paul-Éluard assure que cette marche, faisant suite au rassemblement de jeudi dernier devant le lycée, n’est que le début de la mobilisation. « Une partie de la jeunesse est dans un malaise abyssal, ne se reconnaît plus dans cette société et n’a donc plus rien à perdre, affirme cette mère de 3 enfants, travaillant dans l’insertion professionnelle. A 13 ou 14 ans, on est encore très jeune ; à cet âge-là, on ne peut pas être mauvais. Ce malaise ne veut ni être entendu, ni être traité. C’est pourtant ce que l’on demande. »

Arrivés devant la sous-préfecture, parents et enseignants souhaitaient pouvoir rencontrer la sous-préfère pour leur exposer leurs situations, en vain. Le prochain rendez-vous est fixé au jeudi 3 mai, à 12h, devant l’Hôtel de Ville pour un départ collectif vers la manifestation parisienne.

Sonia SALHI

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