Tous les jours, sur le chemin du lycée, je passe par le pont de Bondy. Il y a par là un trafic très abondant, des feux rouges tous les 100 mètres, et le canal de l’Ourcq, plutôt pollué. Si on regarde encore de plus près au bord du canal, on aperçoit quelque chose d’intrigant. Mais qu’est ce que c’est ? Un petit bidonville à Bondy… ça alors ! Je décide de profiter de ces vacances pour aller à leur rencontre.

De bon matin je m’y rends, mais arrivée devant, je m’arrête brusquement dans mon élan ne sachant pas quoi faire, car pour toquer à la porte, impossible: il y a plus de 3 portes pour ce même abri ! Laquelle choisir ? Je toque fort, je crie : « Y’a quelqu’un ? » à plusieurs reprises, sans résultat. Voyant qu’il n’y a personne je repars, un peu déçue. Mais au feu rouge, je vois deux individus que je croise très souvent avec une pancarte, en train de mendier auprès d’un chauffeur. Je pars à leur rencontre – il est vrai que j’avais très peur de leur réaction.

Dès mon premier contact, ce qui m’a rassurée c’est qu’ils paraissaient très ouverts. Ils ont répondu à mes questions sans réticence, sauf qu’ils ne parlaient et ne comprenaient pas bien le français. Je suis donc restée sur des questions très simples. Tous deux sont des SDF qui ont quitté la Roumanie et laissé leur famille, pour venir en France à la recherche d’une meilleur qualité de vie. Ils essayaient de m’expliquer que la vie en Roumanie était très difficile, surtout pour l’un qui était amputé d’une jambe. Ils étaient des sans-papiers et par conséquent ne pouvaient pas bénéficier de revenus, c’est ce que le Samu Social leur a expliqué.

Alors pour survivre, ils mendient et cela leur rapporte entre 10 et 15 euros par jour. Après ma petite discussion, je suis partie à la recherche d’autres SDF. Je vous avoue que ce n’est pas une tâche si facile. Bondy, ce n’est pas comme Paris. Quand je me promène à Paris, des SDF on en trouve pratiquement à tous les coins de rues, tandis qu’à Bondy ils sont beaucoup plus cachés, j’ai eu énormément de mal à en trouver. Mais j’ai réussi tout de même. Il était caché sous un pont d’autoroute dans un coin très sombre. Il dormait sur plusieurs cartons et s’était encerclé de deux caddies. N’osant pas le réveiller, j’ai choisi de repasser plus tard.

Pendant ce temps, je me suis rendue à la mairie pour me renseigner, mais un fonctionnaire m’a répondu que la mairie ne s’occupait pas des problèmes des SDF. Il m’a conseillé de me rendre aux services sociaux. Arrivée là-bas, je me suis dirigée vers la réceptionniste, je lui ai expliqué les raisons de ma venue et lui ai demandé plus d’informations sur la situation des SDF à Bondy. Elle m’a répondu qu’il n’y a eu aucun recensement depuis des années sur le nombre de SDF à Bondy et que sur ce sujet personne ne pourrait me répondre. Comme je m’intéressais au nombre de SDF qui viennent voir les assistantes sociales, elle me répondit : « Je suis tenue au secret professionnel ».

Sur ces quelques échanges je suis repartie bredouille. Alors, toujours à la recherche de SDF, j’ai décidé d’aller au « resto du cœur » qui se trouve sur la RN3. S’ensuit une merveilleuse rencontre avec de nombreux bénévoles. Un responsable m’a expliqué qu’il pouvait accueillir des SDF pour leur donner au moins de quoi se nourrir. Mais il a aussi ajouté que depuis l’ouverture de la structure, il n’en a vu que très peu venir… D’où mon étonnement! Enfin, je suis repartie pour rejoindre le SDF qui dormait sous un pont d’autoroute, mais malheureusement il n’y avait plus personne…

Qu’est-ce qu’ils sont durs à trouver les SDF à Bondy !

Katy Huynh (Lycée Jean Renoir)

Katy Huynh

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