Mercredi matin, on est montés au château du Grand Pressigny pour y faire un premier bilan de notre séjour. Mes deux enfants sont partis assister à un spectacle d’animaux avec Lisa la charmante épouse de Pierre. Ça m’a fait un peu de répit et ça m’a permis de me concentrer sur notre objectif. On avait prévu de parler des effets secondaires de la campagne sur nos esprits urbanisés.

Mais je dois vous préciser que depuis que nous sommes arrivés, mon téléphone portable Bouygues m’a lâché, il n’y a pas assez de réseau et je ne capte rien. C’est en arrivant au château qu’il se met à vibrer pour me signaler « seulement » cinq messages de la maman de Tarek, qui, inquiète de ne pas pouvoir nous joindre, n’avait pas cessé d’appeler.

J’appuie immédiatement sur le rappel automatique et lorsqu’elle décroche je commence par m’excuser avant d’ajouter que nous avions laissé un message à son domicile. Il s’avère qu’elle l’avait trouvé entre-temps, ce qui fait qu’elle était déjà rassurée. Cela étant fait, je lui passe son fils chéri qui s’empresse de lui raconter l’anecdote du restaurant concernant les lasagnes qui nous ont été servies la veille au soir. En effet entre le bœuf, la sauce rouge et les lasagnes, Idriss le prudent en fouillant à l’intérieur a trouvé une tranche de couleur rouge avec du gras autour.

Il m’a regardé de son œil de lynx et m’a dit : « Nadia, y a du porc caché dans les lasagnes ! » Incrédule, je check dans mon assiette sentant une colère sourde me monter au cerveau ainsi qu’un infâme goût de trahison. « Comment ça, ya du porc ? C’est pas possible, j’ai bien précisé « sans porc » ce matin ! Ils peuvent pas nous faire ça, ils savent bien qu’on est des musulmans. »

Le patron de la brasserie qui entend tout depuis son comptoir s’approche de nous et se met à examiner la viande suspecte et se voulant rassurant nous dit : « Mais non, ce n’est pas du porc, c’est du bacon. » Ayma l’aziza ! Il n’en fallait pas plus pour que les garçons repoussent leurs assiettes, dégoûtés mais affamés en lançant toutes sortes de noms d’oiseaux en verlan et en dialecte occidentoriental.

Nous tentons de téléphoner au cuisinier qui prépare les repas mais à 20h20, il semble déjà parti puisque personne ne décroche. Je commence à craindre l’incident diplomatique car comme je vous l’ai déjà dit dans l’épisode 2, tout ne tient qu’à un fil. Et c’est valable n’importe où, n’importe quand, quelle que soit la situation.

Je retire donc la viande suspecte de mon plat, Tarek et mes enfants font de même et nous continuons de manger. Je leur dis que quand même, on peut faire confiance à des gens qui nous reçoivent, sinon tout cela ne servirait à rien. Dans le doute, Idriss et Abdel repoussent leur assiette et se contentent de manger du pain au fromage.

Le lendemain matin, en saluant le maire, je lui raconte l’anecdote des lasagnes. C’est alors qu’il me confirme que ce n’était pas du porc mais du jambon de dinde. Voilà, tout ça pour vous dire que notre bilan a tourné à la polémique sur le halouf.

Nadia Méhouri

« C’était trop bon, pour y croire »


polémique du halouf au château du Grand Pressigny
envoyé par Bondy_Blog

Pierre Murcia

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L’été dernier, Idir Hocini a vécu une expérience similiare en Suisse.

Nadia Méhouri

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