Rendez-vous ce dimanche matin avec Bahdja et Faten, l’épouse et la fille de Mohamed, l’animateur. Nous allons faire un tour au marché de Bobigny. « Tu verras, on se croirait au bled », m’a prévenu Mohamed. En effet. Des tissus pour confectionner des robes de mariée « comme là-bas », au stand de musique qui vend le dernier CD de « New Rai », on trouve de tout ici. Même des cabas à commission avec Dora l’exploratrice. C’est dire! A l’entrée du marché couvert, le stand de Djavad. Il est pakistanais et vend l’attirail du parfait musulman: eau de la Mecque (zam zam), Coran miniature à accrocher au rétroviseur de la voiture, parfum en poudre à brûler « al mecca », des boussoles que l’on pose sur le tapis de prière et qui indiquent la direction de la Mecque. Et qu’est-ce qui se vend le plus? « Le Coran et les livres pour apprendre à faire la prière ». Normal, ici, il n’est pas rare que des Français se convertissent à l’islam.

J’achète ce petit livre pour deux euros. O y voit en images des « modalités de l’ablution » avant la prière. On y apprend également ce qui les annule: « le fait d’aller uriner ou d’aller aux selles, le sommeil profond et l’évanouissement », dit la brochure. Pour Djavad, la période la plus faste pour faire des affaires est celle de Ramadan.

Nous continuons notre balade. Bahdja me parle de ces jeunes qui l’ont insulté récemment. Elle avait pris la défense d’une grand-maman au volant qui, alors qu’ils traversaient la route, avait failli les renverser. « L’un d’eux a dit: « Suce ma bite! » Courageuse, Bahdja les a interpellés. « C’est du beau! » Ils m’ont répondu: « Ta gueule casse-toi! ». Elle constate: « Ce sont les mêmes jeunes qui se plaignent de l’image déplorable des cités, mais ils ne font rien pour la changer. Je leur ai dit: « Pardon? » Ils m’ont répété leurs injures. Un a dit: « Fais gaffe, c’est la femme de Mohamed! » J’ai raconté cela à mon mari. Il est revenu à la maison avec celui qui m’avait insultée. Il s’est excusé, me disant qu’il ne savait pas qui j’étais. « Ce n’est pas le problème, lui ais-je dit, tu dois respecter tout le monde, moi ou une Française ».

Sabine Pirolt

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