Aujourd’hui, vendredi 25 novembre, la sortie de l’école, à 16h30, est plus bruyante que d’habitude. Les enfants crient de joie: il neige! Auguste Blanqui, le quartier black et beur de Bondy-Sud est tout blanc! Mais cela ne dure guère. A peine se dépose-t-elle sur l’asphalte qu’elle fond. Ici, le blanc a de la peine à tenir… Alors, les gosses du quartier se contentent de sauter pour essayer d’attraper des flocons qui virevoltent au-dessus de leurs têtes.
Les enfants aiment la neige. Les parents, moins. « Attention, tu vas glisser! » s’époumone une pauvre mère en essayant de rattraper son fils qui s’échappe. Et puis, s’il neige trop, faudra-t-il mettre des pneus d’hiver? Avec quel argent? Il a neigé une bonne partie de la nuit. Samedi matin, les rues de la cité sont recouvertes d’une fine pellicule blanche. Les gosses s’envoient des boules de neige. La place commerciale est vide. Une grosse Mercedes à plaques munichoises (des Turcs? Sûrement pas des Bavarois) trône au milieu de la place. La fleuriste la décore. « C’est pour un mariage », m’explique-t-elle avant de filer dans son magasin.
Au fond, peu importent ces questions. Ce qui compte, c’est que les yeux des gosses de Bondy ont, l’espace de quelques minutes, brillé plus intensément que d’habitude. Comme me l’a dit Radouane le philosophe, entraîneur du RC Blanqui: « travaille comme si tu allais vivre 300 ans, et vis comme si c’était ta dernière journée ».
Par Roland Rossier