Le 2 février dernier, Florian, 20 ans,  se rend tranquillement au domicile de sa petite amie, Mylène, quand il est violemment agressé. Neuf coups de couteau, pour ne pas avoir obéi directement à son agresseur, qui a tenté de lui dérober son sac. Mohamed revient avec Alain Joly, le père de la petite amie de Florian, sur ce drame, qui  a bouleversé toute la famille de par la violence des faits.

Pouvez-vous nous raconter dans quelles circonstances les faits ont eu lieu?

Florian se rendait à mon domicile, comme il a l’habitude de le faire une fois par semaine. La scène s’est  déroulée aux alentours de la station Train-Tram de la Remise-à-Jorelle. Il a emprunté un petit chemin isolé qui mène vers l’ensemble de copropriété où nous habitons, quand il a croisé son agresseur. Celui-ci a fait demi-tour et lui a demandé son sac. Florian a alors répondu qu’il allait d’abord récupérer ses affaires. L’agresseur a alors perdu patience et lui a porté neuf coups de couteau au thorax. Malgré cela, Florian a quand même fait l’effort de continuer d’avancer jusqu’à notre domicile. Il a été aidé par un voisin qui a entendu des cris depuis sa salle de bain. Je trouve ce geste malheureux et gratuit car il n’y avait pas grand-chose dans le sac. Un iPad vieux de trois ans, un téléphone dont l’écran est cassé et dix euros.

Dans quel état se trouvait Florian après l’agression?

 Une fois arrivé à mon domicile, il a dit : «on m’a agressé » et s’est écroulé. Même si les hémorragies étaient internes, c’était très impressionnant. Plus tard, nous avons appris que Florian a eu le foie abîmé, un bout de poumon enlevé et une pancréatite. Ce qui lui a valu deux opérations qui ont duré douze heures.

Comment avez-vous réagi sur le coup?

Une fois arrivé chez nous, ma femme a tout de suite pris en charge le jeune homme car elle a des connaissances médicales, du fait de son travail. Et quant à moi, j’ai pris tout de suite ma voiture et je suis parti à la recherche de l’agresseur. J’ai demandé au passant s’il avait vu l’agresseur et là, un homme m’a dit qu’il l’avait aperçu et me l’a décrit. Toutefois, celui-ci s’était trompé puisqu’il l’a confondu avec l’agresseur d’une dame qui venait de se faire dérober son téléphone. Puis le lendemain, étant toujours remonté contre cet acte gratuit, j’ai fais des appels à témoin.

Qu’est ce que votre famille ressent après cette agression qui a eu lieu à quelques centaines de mètres de votre domicile ? Se sent-elle en sécurité à Bondy ?

Ma femme est très perturbée. En effet, depuis ce drame, elle a du mal à dormir. En ce qui concerne ma fille, honnêtement je ne sais pas car c’est une personne de nature renfermée qui ne montre pas vraiment ses émotions. Nous ne nous sentons pas vraiment en danger mais c’est vrai qu’il faut être sur ses gardes. D’ailleurs Florian n’habite pas à Bondy mais à Garches (Hauts-de-Seine) donc cela aurait pu arriver à n’importe qui.

Et vous, que ressentez-vous personnellement après cette agression?

 J’ai le sentiment d’avoir agi en homme parce que, sans me poser de questions, je suis allé immédiatement à la recherche de l’agresseur. Par ailleurs, bien que je sois évidemment révolté par ce qui est arrivé à Florian, je ne ressens pas de haine car on a le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait. Aujourd’hui, je préfère laisser la justice faire son travail. Mais je vous avoue que si j’avais croisé l’agresseur le soir-même, il se serait passé quelque chose.

A ce propos, où en est l’enquête policière ? L’agresseur a-t-il été identifié ?

Pour l’instant, l’enquête est au point mort. La police a recueilli l’ADN de l’agresseur sur les vêtements de Florian. A mon avis, ils ne tarderont pas à le retrouver parce que je pense que ce gars-là n’est pas à son premier coup d’essai.

Vous avez organisé une marche silencieuse, le dimanche 17 février 2013, soit quinze jours après l’agression, quelle était le but de cette marche?

Tout d’abord, il faut préciser que ce n’est pas nous qui avons eu l’idée de cette marche. C’est une amie de ma fille qui emprunte le chemin isolé où a eu lieu l’agression de Florian. Elle a les chocottes car il y a des choses qui se passent aux alentours de ce chemin. La marche a été organisée d’une part pour Florian et d’autre part pour dénoncer l’insécurité. Pour cela, nous avons plaqué des affiches un peu partout : chez les commerçants, devant un salon de coiffure, dans un café, une pharmacie etc. Nous avons également informé les associations bondynoises. Et 250 personnes ont répondu présents le jour de la marche.

Lors de cette marche, Sylvie Thomassin, Maire Socialiste de Bondy, s’est jointe à vous. Que vous-a-t-elle dit ?

En fait, le soir du drame, Mme Thomassin était présente car elle habite à côté de mon domicile. Elle a reconnu le manque d’éclairage et de caméras. Mais à mon avis, cela n’est pas suffisant car ce qu’il faut, c’est une police de proximité aux abords de la gare, comme à Noisy-le-Sec. Cela serait rassurant pour les habitants et dissuasif pour les délinquants.

Pour finir, comment va Florian ? Dans quel état d’esprit se trouvent-ils, lui et votre fille ?

Florian va bien. Après deux semaines d’hospitalisation, il a bien récupéré. Ses plaies ont bien cicatrisés mais il doit encore se présenter une fois par semaine à l’hôpital pour des radiographies. Par ailleurs, il a repris ses études de magistrature. Sur le plan psychologique, il n’a pas encore réalisé ce qui lui est arrivé et il risque de tomber de haut. En ce qui concerne ma fille, elle collecte des fonds auprès des amis, de la famille et des camarades de classe  pour pouvoir payer un nouvel iPad et un nouveau téléphone à Florian puisque les anciens ont été bien évidemment volés.

Mohamed K

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