Ce qui me surprend toujours dans les aéroports de Paris, c’est le ballet incessant de la foule grouillante : voyageurs en partance ou fraîchement arrivés, balayeurs attitrés au petit ramassage d’ordures, policiers et militaires – armes près du corps –, les cravatés et endimanchés, les hôtesses de l’air pressées… Les mendiants aussi. Mais quand il s’approche trop près du « Malongo café », il se fait rudement engueuler par le tenancier. 

Puis vient la réception des bagages, de toutes les tailles et de couleurs kaléidoscopiques, de toutes les bourses aussi. Après avoir enregistré les miennes, je me pose enfin pour manger un sandwich. Curieuse et égale à moi-même, je tends l’oreille et écoute ces deux femmes africaines qui attendent leur vol pour l’Afrique. La plus jeune soupire à l’idée de son voyage : « 6 heures c’est long… C’est comme le Mali – C’est l’Afrique », lui répond l’autre avec un air où je dénote un brin de fatalisme. « Tu sais que Sénégal ça signifie lion ? – Et toi, tu sais que Mali ça veut dire hippopotame ? Comme avant, il y avait beaucoup d’hippopotames… c’est pour ça. »

Elles s’inquiètent aussi de savoir si l’avion sera à l’heure, combien de temps va durer le vol et quand elles vont arriver. « On n’est pas prioritaires – Ben oui, c’est la classe économique. » Un homme remet à l’une des deux femmes de l’argent pour son fils qui est au pays. Ils ont l’air de se connaître vaguement et pourtant la confiance règne !

Les aérogares me font penser à notre cher département, les frontières y sont effacées, on se retrouve tous dans le même bateau ! Je vis ces dernières heures sur le sol français au rythme des annonces : aucune destination n’est épargnée de son lot de voyageurs absents ou retardataires (de Pointe-à-Pitre à Agadir en passant par Oran, il y a de la déperdition apparemment).

Ça y est ! C’est à moi. Je m’avance vers ma porte d’embarquement. Après 2 contrôles : un avant d’enregistrer mes bagages, effectué par une hôtesse au sol, puis bien sûr par la personne qui vérifie le poids des bagages. Et encore le contrôles des douaniers ! Cette attente crée des liens, car même si on ne prend pas tous le même vol, on est invités à la même porte d’embarquement qui du coup ne désengorge pas.

J’écoute 3 femmes qui commencent à faire connaissance : « Moi, je vais souvent là-bas, voir mes enfants et leurs conjoints qui en sont originaires – Je n’y étais pas allée depuis 3 ans, dit la deuxième, le sourire aux lèves – Mon mari m’a dit de venir en avance à l’aéroport, apparemment, c’est moins bien organisé. » Je confirme ! L’organisation, c’est pas ça. « Vous avez payé combien votre billet ? – J’ai remarqué que plus on reste longtemps, moins c’est cher. Environ 800 euros. »

Passée la douane, c’est encore l’attente pour l’analyse de nos bagages, histoire de savoir si un Ben Laden serait parmi nous. Bingo, je sonne en passant les portiques ! J’ai donc le droit à une palpation au corps, de face, de dos et re-de face… Tout ça à cause de mon bouton de jean… Un homme me fait remarquer que bientôt on devra se mettre à poil !

J’arrive enfin au long dédale de couloirs où je suis toujours aussi surprise par l’existence de ces magasins de luxe duty free qui s’adressent à une certaine clientèle en très grande minorité, à savoir les riches. Quelques Playstations et longues chaises sont à notre disposition en attendant la dernière ligne droite, avant d’entrer dans l’avion. Deux autres contrôles plus loin, ça y est, je suis enfin assise dans l’avion ! Tout en restant songeuse face à d’aussi nombreuses vérifications…

Stéphanie Varet

P.S : Stéphanie est bien arrivée, le voyage était rude, mais elle est en vie… .

Stéphanie Varet

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