Nicolas Reitzaum

Allez parler de Christine Boutin, Eva Joly, François Lamy, Aurélie Fillipetti ou encore Michel Sapin à des jeunes de 14 ans. Ils vont éventuellement reconnaître le nom d’Eva Joly mais ne sauront pas forcément vous dire à quel parti politique elle appartient. Par contre, si je dis Zak Efron, Miley Cyrus, Justin Bieber, Robert Pattinson ou Blake Lively, tout d’un coup les esprits vont s’éveiller. Pour ceux qui ne sont pas sensibles aux Unes de Closer et Voici ou qui n’ont pas un enfant abonné à Disney Channel, précisons qu’il s’agit d’acteurs, de chanteurs, de stars. Ces stars, elles, font rêver les jeunes. Pourquoi ? Peut-être parce qu’ils se sentent proches d’eux, qu’ils veulent leur ressembler.

« Beyoncé elle vend du rêve, elle est belle, riche, elle est mariée à Jay-Z, le plus grand producteur américain, elle a un bébé, une maison de rêve, un métier qu’elle aime, comment veux-tu ne pas l’admirer et lui ressembler ? » questionne Manel, 13 ans.

Parler people avec des ados de l’âge de Manel, rien de plus naturel. Mais poser la simple question, « sinon t’as encore une idole ? » à une jeune fille qui approche de la majorité, c’est pire que tout. A 17 ou 18 ans, notre préoccupation ultime n’est plus de rencontrer Jenifer ou Lorie. Majorité rime avec droit de vote. Seulement, on entend souvent dire que les jeunes ne s’intéressent pas assez à la politique.

Retrouvailles entre copines, je lance le débat. Pour Camélia, « à notre âge on n’a plus vraiment d’idoles. On sait qu’on doit s’intéresser à la politique, mais je pense qu’on aurait besoin d’une sorte de sensibilisation, il faudrait qu’on ait une transition entre le monde des peoples et celui des politiques, qu’on puisse s’identifier à une femme politique ou même un homme politique pour davantage s’intéresser à ses idées et à ce qu’il nous propose. Soyons réalistes :  c’est par l’apparence qu’on se dirige vers quelqu’un. Idem pour la politique, il faut qu’on nous donne envie Et sans vouloir être méchante, c’est pas Christine Boutin ou Martine Aubry qui donnent envie… »

Réaction au quart de tour de Natalia : « Mais t’es folle, t’es en train de dire que tu regardes si la femme qui fait son discours est avant tout jolie pour écouter ses idées ? C’est dégradant ce que tu dis ! L’apparence compte mais ne doit pas être un critère de sélection. »

Kenza intervient dans la discussion, ne laissant pas Camélia répondre, « Non, faut avouer qu’encore à notre âge, l’image compte beaucoup. Mais normalement à 18 ans, on est assez mâture pour faire cette différence. Après, si certains ont besoin de cette « sensibilisation » ça peut valoir le coup si ensuite ils s’intéressent vraiment à la politique. »

Pour Camélia, « quand tu vois le taux d’abstention aux dernières élections, tu te dis qu’il faut peut-être trouver une solution et arrêter de penser perso, comme toi Natalia. »

Je finis par clore le débat pour passer à autre chose, ne laissant plus personne intervenir, de peur que ça ne se termine en tirage de cheveux et en bataille de sacs à main. Tout compte fait, peut-être qu’il est temps pour les politiques de s’intéresser davantage à cette jeunesse pour que celle-ci s’intéresse davantage à leurs idées ?

Sarah Ichou

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