Ce samedi matin, Mohammed Djeroudi me prend avec lui à la poste pour retirer la « light box » qui devrait enfin nous donner l’accès à l’ADSL dans l’appartement. Je me suis énervé. « Mais pourquoi, le facteur n’a pas laissé le paquet dans la boîte aux lettres comme en Suisse. Cela nous aurait évité de faire la queue! » Naïf! « Les jeunes auraient vite fait de la voler », me répond Mohammed.

Je suis toujours étonné du naturel avec lequel, il prend note des manifestations du mal-être de la cité. Un peu comme s’il constatait un phénomène d’une évidence aussi incontestable que la rondeur de la terre ou la lumière du soleil. Il ne se laisse pas impressionner, il se contente, infatigable, d’essayer d’y remédier.

Par exemple par le dialogue. Dans la file d’attente de la poste, (d’une lenteur incroyable ici), Mohammed réussit à faire discuter tout le monde de l’ex-parisienne du 16ème, au beur, au noir ou à l’helvète. Tout de suite, la cité se fait un peu moins grise.

Par Pierre Nebel

Pierre Nebel

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