L’encyclopédie des sports oubliés, est un panel non exhaustif des pratiques étranges, loufoques, farfelues, cruelles aussi qui ont marqué l’histoire des divertissements humains, traitées avec humour et finesse. 
En mai 2015 est paru aux éditions Denoël un formidable petit bouquin pour tous les amoureux de sport écrit par Edward Brooke Hitching et intitulé « L’encyclopédie des sports oubliés ». Dans cet ouvrage croustillant, l’auteur, un Britannique fils de marchand de livres anciens a farfouillé dans de nombreux grimoires et vieilles coupures de journaux pour tenter d’offrir à son lecteur un florilège des pratiques sportives, divertissantes ou compétitives qui sont passées entre les mailles du filet de l’histoire. Il emmène le lecteur dans un voyage à travers le temps et les arènes avec un humour « so british ».
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Des foires aux « profondeurs les plus obscures de la pègre » en passant par les villages médiévaux d’Europe, les pratiques sont toutes aussi étranges les unes que les autres. Parmi les plus saugrenues, la boxe à cheval, inventée par un poids welter quadragénaire, Bobby Dobbs, qui se pratiquait avec des gants de cent grammes ne facilitant pas le contrôle de l’équidé ou encore la course de tortues dans laquelle les participants chevauchaient fièrement les rapides reptiles. Mention spéciale aux concours d’insultes, sorte de « rap battle », très appréciés au XVIe siècle en Écosse, qui témoignent du vocabulaire fleuri des participants de l’époque.
Mais tous les sports décrits n’ont pas ce côté « bon enfant ». Si aujourd’hui, le MMA (Mixed Martial Arts) fait débat dans plusieurs pays d’Europe d’autres biens plus rudes ont amusé les foules. Certains sont dangereux, comme le lâcher de taureaux ou encore le football médiéval qui tenait plus de la guérilla urbaine que du « calcio » moderne, et où les décès n’étaient pas rares. D’autres ne font pas grand cas de la dignité humaine. En 1796, une partie de cricket opposant des unijambistes à des manchots attira tant de monde qu’elle provoqua une émeute. Et que dire du « jeu de la truie et des quatre aveugles » décrit dans un manuscrit français du XVe siècle où l’on armait les non-voyants de bâtons pour qu’ils tuent le pauvre animal, s’envoyant de solides coups involontairement entre eux pour le plus grand plaisir de la foule.
« Coup de tête sur le chat »
On le devine, nos amis les bêtes en ont pris pour leur grade. Les combats interespèces connaissent un fort succès, de tout temps et en tous lieux, chiens contre lions, ours, ou encore singes. Le livre laisse une belle part à diverses formes étonnantes de chasse, comme à la loutre et au porc-épic. Mais les animaux ont aussi été victimes de violence gratuite, Farid de la Morlette n’a rien inventé. La plus cruelle pratique reste certainement le « coup de tête sur le chat » qui avait lieu dans certaines foires italiennes du XVIIe siècle et consistait à frapper le félin de son crâne chauve et ainsi tenter de lui donner la mort.
Mais d’autres ont aussi permis des inventions farfelues, comme le « saut en ballon », où les adeptes s’accrochaient à une énorme balle remplie d’hélium permettant de réaliser des sauts lunaires ou encore le « trépied aquatique » qui avait pour but de rendre possible la chasse au canard sur l’eau, digne d’une machine toute droit sortie de l’esprit de Wallace, l’inventeur en pâte à modeler des studios Aardman.
Un petit ouvrage indispensable donc, pour tous ceux qui souhaitent briller dans les dîners mondains en surfant sur des pratiques aussi surprenantes que méconnues. Malgré le fait que l’auteur ne soit pas historien de formation, il a entrepris un travail qui semble viable sur le plan historique, enrichi d’une bibliographie sélective anglophone précise, et de dessins ou photos d’époque de toute beauté.
Mathieu Blard
L’encyclopédie des sports oubliés, par Edward Brooke-Hitching (Denoel, traduit de l’anglais par Laurent Barucq)

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