Sur deux jeunes Français invités à donner leur avis sur les émeutes, la moitié n’a rien à dire. Grégoire, 21 ans, habite chez sa mère à Livry-Gargan (93), la commune qui jouxte Clichy-sous-Bois. « Moi, je n’ai rien vu. J’ai juste pris le train, comme d’habitude. Les étrangers qui regardaient la TV devaient penser que la France était en guerre civile. Mais moi, je n’ai rien vu ».

Laure, 16 ans, originaire de Normandie, connaît bien la vie de banlieue. Elle a vécu six ans dans une cité de Poissy, à un jet de pierre des usines Peugeot. Pour Laure, « le problème de base, c’est l’éducation ou plutôt les lacunes dans l’éducation. »

Inquiète? « Je suis davantage inquiète après avoir vu les infos au 20h qu’en traversant ma cité. On passe de la grippe aviaire à la grève de la SNCF en passant par la crise des banlieues. C’est vraiment déprimant, et les médias portent une lourde responsabilité en se centrant sur le décompte de voitures brûlées. Alors, c’est à la cité qui en incendiera le plus. A Poissy, ceux de ma cité avaient la haine pour ceux de la cité d’en face. Ce matin, j’attendais le RER et des jeunes regardaient le ballast entourant les voies ferrées. L’un d’eux a dit « ouais, la prochaine fois, faudra ramasser ces cailloux, ils ont juste la taille idéale ». Je raconte l’anecdote à un contrôleur de la SNCF. Lui aussi, il est inquiet.

 

 

Par Roland Rossier

 

Roland Rossier

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